JOSÉ GALDO

 

 

NOTES & RELIQUATS DU KA

 

 

 

 

 

 

entre la cendre des morts et le remuement des ombres

comme entre l’expiration des souffles du vide et la naissance du gouffre

il y a

l’état blanc de la nourriture de l’être dans la suffocation de la langue dressée dans sa cavité d’avant-monde

où le chaos des corps tourne sur la roue du supplice

comme sur le centre soulevé d’un trou

où se retourne la lumière première de ce théâtre disloqué de l’espace aux croix noires des signes

 

une poche d’ombre se convulse sous la surface de la conscience

cette révulsion qui poulpe la gorge devant le grand nombre du non-monde

de fer

de pierre et d’âges

et guerre du feu par la foudre tombée des nerfs avec cet écrasement jusqu’à la faille de l’enclume où le corps se sépare de sa lumière

 

sous la langue

les signes se déplacent vers la réinsectation de leur bruissement

 

& le né nié comme non-né dans l’étranglement de la vie

et poussé dans son extinction

comme un corps de signes tombé des nuées brûlées de l’espace

 

& des signes pour clouter la langue sur la captation de sa suffocation

 

au corps tau et trou de tête

se dresse poutre

et creuse la lumière dans sa croix noire de vide dévoré

 

& la langue noire des visages pâles comme des signes de mort

qui s’écoulent dans le goulet des matières où s’excavent les anneaux de l’anéantissement

 

dans la souche écrasée des nerfs

des forces remontent la spire des anneaux

comme un totem de feu tendu dans le spasme

comme une crémaillère soulevée par son trou

 

& des signes-insectes morcellent l’avant-monde et le mangent

 

& le fond premier du crâne tire une langue béante

 

& le corps en signe d’aurochs

par la trace dépecée de son trou où gémit sa doublure de silence

 

& l’esprit n’est qu’un corps étranglé dans le bruit des signes

 

le révélé écrase le cœur béant des corps pour les retourner dans le soulèvement de leur propre lumière noire

 

& la ventouse ouverte des membranes aspire les échos arrachés de l’état des cris brûlés de l’espace

 

& l’état reptilien sort du gond-bonde de sa langue

là où s’ouvre le fond béant de l’avant-monde

apocalypse de l’origine

où se déchire l’archaïque lumière de la naissance des mondes

et qui tire le cordon du corps

pour le rentrer dans la langue qui le coupe

et le soulève dans le jamais né qui se tord cri

 

& des croix de cruauté

aux entrechoquements des éclats de sang

où des radeaux de chairs déchirées dérivent sur l’écume

 

& l’internité envulve le sens dans ses profondeurs

 

le ka et la ka

s’englacent dans l’ombre des corps noués de la douleur

 

dans le cocon du crâne

des galeries d’écritures

des labyrinthes de signes

des brasillements hallucinatoires

des bruissements de vides

des noyaux de néant qui se retournent

des gémissements d’écume noire où ronge la sève des rêves qui crève sans trêve l’étau tendu de la nuit

 

quand un gouffre recrache son vide

il y un spasme d’encre au cri de sang des signes

comme un embrasement monté des nerfs dans le trou de clou où se boit la douleur innée de la langue

 

& la langue du dedans se déchire dans la langue du dehors

et tire le cordon de vie du miroir

 

& le noir aspire l’étoile dans la paroi de l’espace

 

& une étoile pétrifiée

pantelée dans les lumières tendues de la langue

où ventouse la matrice du vide qui vomit l’expulsion de l’être

dans le délarvement des chairs

 

& ce chemin de l’abattoir

où la bête lourde souffle et rumine l’écrasement du ciel

 

l’incarnation tombée

s’incarcère dans le spasme de sa valve

comme un corps chu dans l’aspiration de son abîme

 

& la mise en corps

comme la bête écrasée dans le gouffre de sa cage

 

plaie à plaie

de l’un l’autre

au baiser de l’aucun d’une même cendre aux pans de chairs de la matrice

 

& des anneaux de lumière remontent comme des signes excavés de l’éternité au feu monté d’une purification par le centre de la guérison des corps

 

& un totem de guerre

empoutre le corps dans l’enclave de sa langue

lourde

lente

cangue

à la mise en bouche du joug pour se vider de toute sa matière

 

sous une peau de plomb se gobe l’enfoncement d’une densité

 

là où le ka et la ka se séparent

il y a

bâton et trou par le placement des signes tombés dans l’avant-langue où poussent un corps et son ombre

 

dans le gouffre retourné du miroir où ventousent les cavernes de l’inné

il y a

cette succion de retroussement traînée dans la terre du désastre

sac

cage

et sablier de poudroiement et empierrement en écrasement de l’astre

et danse lente des ombres sur le tau inerte du corps

et l’acceptation de cette levée du vide

et l’avalement de la langue dans l’écrasement des morts où se referme la cage de la croix

ce totem de foudre du tau poutre dans sa proue de plomb

 

& l’être-ka et son non-corps remontent l’ombre

 

& des signes désespérés fusent à la source des spires sur le totem tendu d’un corps

 

& l’atterrement retourné de la naissance des cris dans la cage éternisée des signes

 

& des remuements rendus des corps

comme des morts tombés qui dansent sur la roue des ombres

 

dans le moule de la bouche

le langage dilate la langue et la noie

 

& sur un lit de douleurs

le double profite de l’épuisement de la conscience pour se séparer

 

& désarbrer la croix et déclouer la langue

 

& ce radeau du dedans sous sa peau de terre durcie par le vomissement d’une langue sans lumière

une langue sans matière dans les membranes du gorgement gavé de glace

loge de bulles

grappe de loques

comme un anneau de nuit dans le trou d’eau de ses larmes

 

& l’ombre abrase la carne plantée dans la niche des cris qui pousse des gémissements sous l’œil fixe des bruissements de cette fin de monde

 

& le ka sort de sa poche d’ombres un corps

 

& enlanguer les yeux d’être dans le brasier de la tête pour y ouvrir l’œil blanc

 

entre la respiration végétale et le souffle pétrifié de la pierre

entre la coagulation minérale aux remous aqueux des échos sourds de la matière et les écrasements de la nuit

il y a le déterrement des corps et de la matière

 

& l’angoisse crève l’atrocité vide où se ronge la souche des nerfs

 

& la crucifixion entre la lumière et son absence

là où un corps s’éventre à même son gâchis comme un coup d’ombre dans la suffocation des matières noires

cet écrasement solaire qui broie le grill désespéré de son retournement

 

dans l’état halluciné et traîné à la surface d’un bouillonnement de lumière qui se déverse en spires de feu et spores de forces

au couteau

planté dans les matières de la représentation

comme des giclées d’écrasements

comme de la terre secouée sur la rétine dilatée dans les craquelures du vide

là où les morts avalent la vie pour ne laisser que cette poussière de terre mangée

 

dans la réduction de l’angle

l’effacement des visages

des manchons d’avant-bras et des écrasements de substances

comme des matières plaquées derrière l’œil

 

& entrailler le crâne dans la carbonisation descendue des orages où s’empoutre la croix de foudre dans l’étau du tau à tau où l’être expulse les contractions de son origine

 

la larve tisse sa langue dans le bulbe béant de la lumière et déploie ses terminaisons noires

 

chaque signe chu se repose comme un mort

 

& parfois l’œil perfore la langue

 

& la langue pend au chapelet des anneaux de l’abîme

sous des échos assourdis

comme des ombres qui cherchent la surface de la vie où tourne le trou noir de la matière

 

dans la cage du langage

un rat dans sa roue

tourne

retourne et touille l’état béant jusqu’à ce que ça crève

pour n’en être

jamais

sorti

 

arbre de cristal

fibres de glace

éclats solaires

et des myriades de signes dans les trouées de la nuit

et un déchiquetage de la langue aux anneaux des matières

où la substance aveugle écrase l’œil

 

comme un arbre tombé

un corps se glisse dans les fibres de l’ombre

 

à l’extraction de la croix

se lézarde le crâne

 

après le corps

le ka vaque au vide

 

au cœur d’un bruit de terre

comme un arbre de pierre

il y a le vide pétrifié de la prière

 

& des anneaux glaireux éclatent dans le recrachement des entrailles

ce magma des matrices où la douleur gonfle comme un corps

 

& les remuements tendus de l’espace où se vide la convulsion des orages

cet emportement des corps au dénouement des ombres

comme des nerfs qui se rétractent dans le clou de la douleur

 

& l’écartelé s’engonce au point de croix

 

& l’éclipse fixe comme une fracture de lumière se glisse dans la glace définitive

 

au baiser inné des abîmes

le ka

colle

poche

niche et perce la tête dans le gouffre de la croix jusqu’à coudre le corps-poche dans sa bouche

 

sur le bord

le ka gouffre

comme un espace retourné qui se pétrifie dans l’état glaireux de la langue

 

& ce tronc carbonisé des nerfs qui retombe au centre du brasier

 

& l’être s’écrase dans la fente qui le mange

sur le tau croix tau des trois morts doublés des trois kas de la suffocation des corps

 

dans le monde blanc

il y a le miracle économique de la multiplication des morpions de la langue

ce vivier de larves où remuent les morbacs de la matière

 

l’œil cave dévore

et fuse comme un retour de flamme qui gobe la fente à l’ouverture de la bouche du double au miroir crevé de la croix

 

il y a la révolte du tau ka tau qui décloute la langue du manchon de sa fente

là où s’envérise la base

cette cale du ka

cette matrem d’en-bas

où se matrice la croix des lumières à même le sac des entrailles

sous sa queue leu leu de morts qui dansent lourdement sur la terre noire

 

& dans l’écrou inné du néant

l’ombre aspire la nacre noire du crâne

 

 

 

 

 

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