ÉRIC FERRARI
RELEVER
TRAVERSER
seuil
cette fiction arrière
on se cherche cherchant
l’extinction à deux
inconnues
parade
des relevailles
et
rien
la plongée
du ciel
rien d’autre
affouillée
lente et morte
remontée intérieure
le poids
comme appât
hors du cercle hors de la giration
seulement son genou
fardeau
et déjà demi-monde
tu perds en moi gagne en vitesse
mon bassin plus lourd
que le ciel
vers les terres
à hauteur de tempes
l’un de nous un ou une
sans pourquoi
par défaut
néanmoins
cette épaisseur à mes côtés
poils
et cheveux
en boule
à la pelle
frôlant l’origine sous la plaie
d’avancer face
chant profond
claudiqué
des paumes et des talons
à deux doigts d’une brûlure d’éveil
dans la pesanteur de nulle trace
cul et chemise
prends le mort évide-toi
ta main ouverte la clarté
en vrille sur ma bouche
ne plus voir
saisir le regard
après l’aveuglement
ce qui bat
et s’écoule
au centre de la flamme
graisse
et murmures
tu me succèdes
comme on accouche
vers le pouce
une levée de terre
lassitude et dépassement
et les mains
ouvertes au vertige
le silence des mains
à perdre haleine
l’œil dénoué sous la langue
des rêves
de singes cobayes
rêvant
à l’unique brûlure inverse
aux transparences décalottées
au bas du mur
le vide s’absente
nous avons roulé nos ventres
dans la farine
l’un
avec son bonnet de chien
l’autre aboyant
le même
mur
où je suis mort
pour la seconde fois
c’est l’averse
d’un autre que soi
qui s’inverse
rechute en nous
mien
quel rivage de nudité
entre les dents
ni rive ni raison
couillu
de gué à trépas
et à petits coups tirés
de langue
et dansant autour de
je t’espère
là
animal
son plongeon-envol
une cache de souffle
en avant de soi
place vide
à la place du mort
comme un fou-rire
silence
qui ébrèche
comme une torche
traversant
la chute libre de l’horizon
comme
si par le blanc
passeur
voix et silence
sans jamais mettre
genou à terre
trapèze de la douleur
à m’ébouler
dans la soute
d’autrui
ivre-mort
de cette joie
d’animal
remonté
au point de chute
le corps
comme un travail de taupe
à son midi
un souvenir sous les gencives
— poils et vertige —
de venir à bout
je t’ai endossé
traversé
de toute ma lourdeur
de bête
fruitière
inscrivant
sur ton bras
je suis
ordinaire
du dernier fossé
ni nuages
ni racines
c’est là
tes infinis
infinitifs
recommencements
nos plus petits communs
cauchemars
d’ultra-infra vertiges
archéologiques
plus intime précaire
de perpétuelle défenestration
perpétué
rire
la gueule finissant
par dévorer la bouche
l’horizon
s’écroule
à sa source
comme une sucrerie
sous la langue
d’entre les morts
solitude
dans la solitude
de l’autre
peau
première leçon
de lumière
le corps
s’oublie
sur le visage
quelqu’un dit
personne dit
oui oui
poing
du prochain pesant
plus haut d’une veille
coup de grâce
au goût de nudité
à l’envol où tu t’encornes
consentant au sursaut
on creuse la paupière
le ciel en abîme
la frontière
brûle