MARC QUESTIN
LA LUMIÈRE DU DÉSIR
Pour Guy Benoit, hors toute saison...
«Puis le Dodo prit le dé à coudre et le rendit à Alice en disant : « Nous vous prions d’accepter cet élégant dé à coudre ! » Et alors toutes les autres créatures applaudirent. » (Lewis Carroll)
Comme le thé dans les ruelles suspendues du présent. À l’heure magique des atmosphères. Dans une clarté d’obédience diurne. Sur les chemins monotones d’un guerrier des passions. Nous retrouverons son manuscrit. Dans la ruelle des amours, d’existences tumultueuses. Péniblement, nous déchiffrons : La langue d’Ishtar & de Xzorglüb, le 7° sens du monde à venir.
Le thé dans les ruelles suspendues d’un présent séculaire aux facettes diamantines affinées de l’abeille, au point solaire d’un ventre de feu dans la présence miroir à soi. Le prêtre sosie de Pierre Fresnay au visage angélique, à l’expression béatifique, se souvient-il des heures passées sur les chemins monotones d’une passion collégienne ? On reconnaît l’intérêt de tel auteur pour les choses de l’occulte mais il est préférable de savoir oublier, effacer la conscience transitoire du mental. Ou bien projeter comme Raoul Ruiz le jeu baroque des privilèges orchestrés par l’humour et la radiance du Serpent Vert. On décide d’acquérir l’impossible liberté aux tractations ahurissantes dans les bars mal famés d’une ville indienne aux tours d’ivresse. Tout cela pour vivre et pour savoir au sens palpable et biologique le déroulement du film muet dans la caverne de cristal bleu. Une ivresse érogène s’infiltrait dans ton corps. Les langues de feu saluaient le ciel. À seule fin d’exister; la prescience du moment. De l’instant liturgique. Du sacré cœur des apparences.
Le Dodo prit le dé à coudre. L’univers un enfant dans un jeu de tric-trac. La vision d’Héraclite sur le sable du destin. Dans l’univers d’une tasse de thé. Le liquide du miroir. Le voile de brume sur ses épaules. Disparaît Tour de Londres au Musée des horreurs. Péniblement sa main émerge. La fée Morgane Paradisio. La langue d’Ishtar & de Xzorglüb. Le 7° Ciel des apparences. De l’autre côté des saintes montagnes. Odeur d’éthyl et de mythène. Propaganda provotskaïa. Des films tournés en contrebande. Le poignard dans ses mains à l’appel de Goëring. Assassinant le chef des mages. Dévoré par les loups dans un bal de Dublin. Dénoncé par les putes du film noir carbone 14. Ils entrèrent dans le bar au matin des orgies. Mitraillettes calcinées du ghetto de Varsovie. La musique fluide, répétitive. Un fou hurle dans la nuit. Se cogne la tête contre ses livres. Un fou déchire les pages du Livre. Que le Procès soit reporté ! Et que les Putes aillent se faire foutre ! Les putes du monde ! Prostitution !
Aux magies blanches du monde des arbres. La course dans l’œuf de camomille. Par les tisanes du sacrifice. Il rêve d’un texte répétitif. Définitif et décisif. Pour mettre un point à cette histoire. Et partir en Dordogne. Et devenir enfin MOINE. Devenir Le Moine. Le Moine du Ciel. Déposer la souffrance des orgies d’connaissance. De conne-essence. L’essence du C.O.N.
La lumière du désir explosait dans l’impasse. Signifier la conscience d’une douceur personnelle. À seule fin d’évacuer les impuissances d’un corps teXtuel. Comme le thé dans les ruelles magnifiques du destin. Le Chinois jouait aux dés sur la jonque du plaisir. S’échappait par la fenêtre. Comme Beckett au Maquis. Le réseau d’résistance. La nuit le parc le château-fort. La gestapo babylonienne. Promène la chienne à Ville d’Avray. Un voile de brume entoure son ombre. Les grands loups hurlent à la lumière. À la lune de ses noces, d’une clarté d’étape rouge. Sa mère mannequin aux longs cheveux. Règle un œdipe coopérant. Assure les films du plan d’ivresse. Dans le jeu des dauphins. Hippocampes télépathes. Des coccinelles de porcelaine. Peter Pan, les lutins, la reine des elfes, le roi des gnomes. S’échappait par la fenêtre. Le ghetto de Varsovie. Se firent sauter avec les livres. Saragosse, disparu. L’enfant pleure dans la nuit. Dans le ventre de sa mère. Ils ont traqué Pasolini.
Tu rêves parfois d’être Lapon. Ne mens pas, je le sais. Ton émotion quand tu regardes le visage de ce peintre dont la logique de l’authentique le mena vivre avec les rennes, dans la neige et le froid près des fjords solitaires. Si tu es de cette trempe, tu comprends mon audace. Les rennes parlent aux montagnes, incinèrent la pensée. Les fleurs poussent rapidement à la lumière d’un soleil noir. Met sa main en visière, tournant les yeux de gauche à droite, à scruter l’horizon il revit sa jeunesse, et ses vies antérieures, la vigie du corsaire. Débarque un soir chez les Lapons. Dans la neige blonde, incognito. Manière de zen, d’un nô de neige. D’effacer l’impromptu à la pointe de l’éclair. Tu incarnes l’écriture de cette fin volontaire. Une poussière d’or coule de tes lèvres. La momie se soulève dans la crypte incendiaire. Tu repars dans la neige; La vitesse du traîneau.
La Magnifique Vision Intérieure de la Lumière, de la Clarté et de la Splendeur... L’image du prêtre près du bambou incarne l’idée de délivrance, la stature immobile, impassible, de sagesse. Par la vision du détachement des phénomènes de l’existence. Les entrelacs du labyrinthe d’un livre obscur et scintillant. Je veux parler du Livre de Kells, de ce puissant mystère inscrit. Aussi bien l’Irlandaise connaît-elle la réponse. Elle demeure l’héroïne du voyage des splendeurs. Elle a soigné le magicien échoué sur l’île d’un temps funèbre, harassé par les vents et ce siècle de tornades. La Splendeur du Cyclone délivrait son message. Tournant les pages du livre de Kells. Sous un ciel de granit et de vœux immortels.
La nuit domine les mondes de l’âme. Crépitements des insectes dans les noces telluriques. Respirer ! Prendre l’air ! Au grand jour ! À jamais ! Dans la bouche (profondeur) des ressources du Soleil. Il y a un trou dans le regard, une béance vide au fond des mondes. L’être et l’esprit ne sont plus liés au continuum de l’espace-temps. Les paroles passent au feu du ciel. Le visage est inscrit dans les signes du destin. Le plaisir ne se vit qu’à l’exil de sa mort, au bruissement des feuillages d’une vallée d’espace clair. La neige du temps brûlait tes mains, cette infime source d’informations. Dans le nid des cigognes, à l’appel du grand large, tu traverses les dérives de la terre ménestrelle. Pour chanter et danser la vallée de ton corps. Quand du Sud vers le Nord, la voix du barde se fait lumière.
Le véritable orgasme est d’ÊTRE. Kali cruelle, au rire de feu, décide du sort de ses diablesses. La véritable identité d’un ours polaire en situation. Ce rire cruel et magnifique, Kali le gagne à toute vitesse. La lumière du Marquis explosait dans son œil. D’un œil-cyclope et homérique parmi les fouilles d’un temple de jade. Aux mirages de mercure du sourire d’Aphrodite. Nerval se pend à la lenterne. Hölderlin s’enfermait dans la tour du silence, saisie tragique d’une entropie aux circonstances de biologie. L’écho du gel dans la patience. Table rase des rochers de la pluie du divorce. Hölderlin meurt à chaque seconde. Chaque Tibétain le ressuscite. Ce qui en lui est d’essence pure. D’une clarté bienveillante aux douceurs du solstice. De Christian Dotremont dans la neige de Finlande. Chaman s’enflamme aux feux du doute, en processions des Saintes Maries, aux campements des Gitans de la Tour d’Heidelberg.
Guérison du guerrier par le son pacifié, dans la transe quotidienne d’un village planétaire. Ce qui se dit dans ton silence. Savoir vraiment son corps de gloire. L’économie des choses exactes. Plaisir d’écrire et de penser. Nécessité d’un témoignage. Laisser des traces avant la mort. Amplifier la conscience des secousses d’intuition. Jusqu’au cœur des musiques d’un éclat d’évidence. Imaginer la vie d’un son. Entre le son et le silence. Inspirer dans la gorge le reflet du cosmos. Traverser les syllabes au sourire de fumée. Sur la neige, logogrammes, du désir des adieux. L’œil du renne à la proue. Le cimetière du bois mort. Museau du renne au souffle chaud. Participer des danses du monde. En voyelles d’énergie. Par la foudre et le rire. Dans le plexus d’une conscience claire. D’un témoignage de l’invisible.
Enfin saisi, et délivré. Dans toute lumière d’un pôle de glaces, d’une véritable écriture froide. Chamaniser l’allure du corps, le respir et la grâce du tombeau d’Hölderlin. Divagations pour initiés ? Parfums de musc et de gingembre, thé au ginseng, forces de la Chine (Michaux s’y plaît). À ce lieu s’adapter, sur le quai du cortège. Parole de feu d’un haut discours. D’un crâne aztèque chaleur huilée. D’une lutte des ombres au mas du rire. Du dernier film de Varsovie dans les souvenirs d’Hiroshima. Importer, par ailleurs, la conscience de la gnose. Vertus altruistes des guérisseurs. Dans le meilleur des mondes possibles.
Assouplit les images d’un reflet de sagesse, l’extase ancienne là sous la pluie, la façade jaune et or de ce vieux casino, les enfants jouent à la marelle, et les sirènes de l’hôpital, dans la longue nuit du vingtième siècle. Assise là sur le banc en fonction des saisons, le pouls bat calmement, de la pluie coule dans ses yeux d’or. Méditant sur la cime du nectar de son corps. L’azur pâle du regard à la proue volontaire. Distante sûrement parmi les arbres au nom des roses et du bivouac dans la guerre sainte des énergies. Enregistre une image ou un texte, c’est selon, reconnaître un visage dans une rue de Dimanche, dans la ville maritime du cyclope de ces dames. Esquisse alors un air de danse, une valse russe, le temps d’un rire. Il conserve la présence du marin des lagunes, caresse doucement son corps de nymphe, déploie ses ailes aux herbes d’une sainte. Prononce les vœux devant la grotte, là où le lion sut s’éveiller. Remonte le fleuve entre ses seins dans une parole de râle jouissif. Les dorures vénitiennes du collage des miroirs resplendirent sous la voûte d’une conscience délectable. Le navire vogue dans la distance. Son nom latin gravé sur bois. De ses doigts tisse la cape du soir. Favorise la romance du palais des plaisirs. Dans le film se regarde sur la neige de nulle part. Une dernière fois avant la fin. Sensation d’être et du désir, de l’ici et maintenant, à jamais, pour toujours.
Et alors ? Bou Jeloud ! et la transe apparaît. Dans le jardin du ciel des êtres. À l’écoute sombre des magiciennes. Écoute la transe de Bou Jeloud ! Visite Fez ! Ville divine ! L’orchestre noir des privilèges coule dans la mer coule corps et biens femmes & rubis piano du jour le Titanic William Burroughs... Brian Jones dans Dublin dans Berlin ou dans Fez Brian Jones Bou Jeloud le saut gnaoua de l’ange divin... écoute la mer berce à l’oreille aux majestueuses du haut manoir... valet chinois devant la fenêtre arrose les plantes l’air mystérieux, dissimule un couteau dans les plis de son âme. À l’orchidée du télépathe. Jardins en Suisse de toute urgence de sacro-sainte divinatrice allongée sur ce lit dans le fleuve des passions chalets en Suisse & filles du jour les promises Bou Jeloud les voies sensuelles du sacrifice... au nom sacré de Bou Jeloud de Christian via les rennes dans l’azur blanc dans l’azur blanc via les rennes via les neiges dans le feu d’or du ménestrel fumant le kif vogue la galère dans la main aussi haute que le cœur du torrent. De belles dames se prélassent dans le renne de l’instant aux amours fluides et orageuses du val des morts du sans retour d’une tribu dans la nuit d’un divin sacrifice. Aux machiniques mantras de l’âme... quand pleure le renne de camomille. Allongé sur ta peau sur ton corps de détresse comme la terre le soleil tourne autour de son axe...
Inquiétude dissipée par la force du regard. La fille de feu malaxe les ombres. Elle donne des ordres à son Chinois. Dans un matin corsaire d’amour. Une aube laiteuse enfin se lève. Gilet marron, bandoulière, montre. Regarde le jour qui pointe enfin. Sur les montagnes aux rêves de bleu. De bleuets verts et jaunes, une débauche de couleurs, l’orgie des sons et de la danse, le mouvement immobile du danseur Nô, l’acteur-fétiche. Entre ses jambes, porcelaine, mauve. Étudiant Gilles de Rais, la Pucelle de ces dames, la victoire enfin gaie, nue sur un cheval, les messes secrètes. Le feu consume l’âme du damné. La réponse de la fille, brune, mignonne, genre baba : « Je n’ai rien vu, rien entendu, je ne lui ai fait que les Tarots... ». Mais de quoi parle-t-elle ? Je me penche à la fenêtre et la mère se retourne. Dans cette ville parano où tout l’monde se méfie. Une personne, au-dessus, tire aussi les Tarots. Un rien t’étonne. Toujours bon signe.
La nuit pénètre le corps de Dieu. Pénètre le cœur du dieu des ombres. De maladives amours glacées au fin fond du cosmos la douleur exilée. Dans le bar muet du sacrifice, le vieil orgue sur la neige, juste à la fin du romantisme, escalade les murailles, la belle de l’air, cambriolages. Chef de sa bande et du zodiaque, à mi-temps mégalo dans une source de conflits, dirige l’orchestre, l’entrée du bal, la poursuite dans les prés sous un ciel de velours. Son corps collé contre la danse, au-delà du navire, du naufrage d’imminence. Substantifique amour des cieux. Des pensées délicates pour une fille de corsaire. Qui mène les dieux à l’abordage, dans la seconde séquence du film, inspiré par le texte du guerrier pacifique. La danse de l’astre dans les artères perpétue l’horizon d’une pensée discursive, une ordalie non-linéaire dans la clairière du sentiment. Elle se retourne sur la jetée. Son chapeau vole devant les vagues. Une sauterelle sur l’épaule dans un geste de défense. Elle trempe ses pieds dans la piscine. Car le temps est pour elle une indicible contemplation. Comme un feu dans le corps; la montée du désir. Apprivoise la lenteur du blason biologique. De son nom d’Elle, Isadora, la marquise portugaise aux amours nostalgiques. Tout est dit sur la plage d’un devenir de rizière. Sous un ciel poudroyé d’angéliques fragrances rouges. Au large des îles d’un doux souvenir. L’amour des ondes, la chasteté.