MARC QUESTIN

 

MAHAKALA (LE ROI DU MONDE)

Pour Claude Pélieu et Paul Roland

 

 

 

Les propos de l’être reflètent les degrés de son illumination. (adage soufi)

 

Soudain franchis le seuil des ombres

observe la lune de ses miracles

intervertis dans l’origine la très subtile contemplation

fixant la flamme du val des mondes

l’espace interne des sensations

la Chinoise nostalgique dans le pub de nulle part

allongée sur la jonque

fredonne l’air de l’amour

refugiée dans son antre aux couleurs du Bardö

quelle force obscure le long des steppes ?

quand les loups hurlent au sein des nuits

le vieillard dans la chambre

fêtant l’empire des cent-mille vierges

d’un miroir de cristal

d’un miroir de diamant

fixant la lune et les roseaux

les positions phalliques du monde

rencontrant les images de l’enfance du guerrier

retrouvant les Tziganes sur le lit du malheur

quand on retrouve la ville du monde

comme un cadavre dans les dortoirs

transactions fugitives

le temps vif d’un éclair

katana métallique

la geisha dans son lit

mais son rire pathétique dans le cercle de granit

buvant le scotch à la rasade sur les falaises du Cap Verde

la sueur coulait le long des tempes

songe à Gala dans la forêt

retrouve le film de sa jeunesse

sur la jonque de cristal dans le port clandestin

dégaine le sabre dans la furie

doit son salut à la lumière

traverse la mort de toute souffrance

déracinant les énergies

son cheval caracole l’emportant dans les airs

Mahakala domine le monde

réincarné en loup-gourou

le long des steppes et des rivières

suivant la truite et l’obsidienne

caresse des yeux dans la chaleur

dans la poussière sensuelle du monde

autrement dit les énergies

les corps de Blake et du cosmos

comme des visions venues de loin

venues du ventre d’un vieux Huichol

ou d’un sorcier de rase-campagne

village lacustre sur pilotis

loin des traquenards thaïlandais

l’écriture simplement

la conscience du graphisme

les formes simples de l’Énergie

venue du vide (de l’Univers)

au cœur du cœur de l’homme-lumière

par le OM prononcé

OM MANI PADME HUM

le velours de ses doigts dans la ruelle du destin

montant à l’âme des prophéties

lissant les pôles du reflet d’or

reflets d’un œil dans son silence

dans la jungle de Louisiane

celle qui sait les arcanes

celle qui voit à travers

prends son sexe dans la bouche

prends ses seins à pleines mains

l’eau de son sexe annonce un fleuve

où les archanges vont se baigner

au son du fifre et du tambour

aux chairs divines sacramentelles

magie païenne des Bohémiens

offrande sensuelle du sacrifice

Mahakala crachant des flammes

incendie l’écriture d’une histoire psalmodiée

détermine le néant et le vide séculaire

baisant la nonne dans les fougères

la pluie tombe dans la nuit

te renvoie des images

mais la peur de la mort

la peur même de l’amour

dérivant dans les souks de la ville marocaine

exerçant son pouvoir sur des dames consolées

buvant le thé du firmament

entre ses cuisses de litanies

traversant les miroirs

la jeune fille de nos songes

le lapin dans les dunes sur les boutres du Yémen

jusqu’à Bombay un soir d’hiver

avec le vent dans la figure

la parole vénérable des sagesses ancestrales

le rire magique de l’œil du tigre

traverse les flammes du miroir noir

rencontre le maître auprès du fleuve

il meurt assis devant sa fenêtre

participant d’une transition

quand le chant des sirènes adoucit le passage

vers les terres sanctifiées

les prairies parfumées

le son du gong dans le matin

préparant les onguents et les herbes du sabbat

devant la croix du monde des formes

salue le Cheikh devant la tombe

courant des heures à perdre haleine

raconte l’histoire au clair de lune

trace les figures du corps de sable

regardant dans le feu la guerre sainte du tonnerre

la fille voilée se déshabille

soumise au cœur des évidences

dans la kasbah du doute sincère

il boit du vin dans la taverne

revient d’Autriche et de Bavière

protège le roi des éléphants

contemple au loin la course des nuages

l’empire du vide sous la pleine lune

donne le baiser du feu des rois

vision soudain la transmutant

dans la dive alchimie des passions seigneuriales

visage de nacre au sein des îles

poussière des ailes du papillon

rencontrant le vieux maître

le danseur fou (le Magicien)

il dit OUI aux Alliés

à la science du devenir

au futur génétique

OUI aux ondes de l’amour

à la mer survoltée

aux profondeurs de l’inconnu

OUI aux sphères du zodiaque

aux passions magnifiques

à l’ampleur des statues

au silence dans le parc

au jardin de son cœur

dans la juste insouciance tel une danse de derviche

le regard dans son cœur comme un cercle de cristal

entoure la lune et les étoiles

la course du faon dans la prairie

le diamant dans sa main à l’aurore de sa danse

parmi les dunes d’amour suprême

la passion de Lawrence pour le jeune chamelier

balayant les souvenirs d’une souffrance détestable

par le jeu volontaire d’une souffrance de toute gloire

quand le mal se dissout dans les herbes de ton cœur

l’incendie des rayons du divin pentagramme

Buck Danny dans la jungle des idoles malaisiennes

assistant la princesse dans le jeu du manoir

trinquant son verre dans l’hacienda

photographe japonais embusqué dans l’absinthe

murmurant les syllabes du sésame des amants

le jeune garçon parlait aux ânes

polissant la toiture du château des merveilles

par le sang des statues dans une aube tropicale

quand la jungle explorait les allées de ton corps

tu te dissous dans la lumière

tu t’expatries dans l’origine

les paroles proférées sont des ombres enchanteresses

aus couleurs bariolées par des anges de grimoire

l’esprit du ciel devient lumière

traverse les flammes du sacrilège

invite la chance des possessions

dans la transe biologique des mutants du hasard

respiration des mondes de l’âme

dans la courbure de l’Unité

la sphère des anges embrasait l’être

les conduisant à Shambala

dans le meilleur des mondes possibles

révélation paradisiaque

dans l’ici et maintenant sur la Terre du miracle

la violence intuitive du concept de l’amour

embrase les feux de Maîtreya

déracine les visions et les stances de l’exil

dans le lac des amants de la souche amoureuse

la musique des images consumait la passion

la présence à son acte dans le temple de nectar

comme au large des icônes dans une ville de Bretagne

on ne peut pas décrire l’amour

pratiquer les katas et le souffle d’une maîtrise

afin d’atteindre cette Unité en chaque atome resplendissante

autant devenir un " fou de Dieu " et se pâmer à l’infini

dans les bras envoûtants d’une Musique du COSMOS

car l’Infini EST dans ton être

dans la moindre des cellules de ton corps génétique

pratiquer toute sa vie un certain Art Martial

et se construire un corps de gloire

d’une insoutenable liberté fauve

observe la lune et les étoiles

les satellites de Jupiter

poursuivant Moby Dick sous la voûte étoilée

la Chinoise nostalgique sur une jonque de diamant

fumant l’opium dans la nuit douce

affine le sabre des certitudes

poursuivant les ennemis de la chasse spirituelle

la femme qui dort suçait son pouce

baby-doll dans les draps d’une histoire clandestine

dans une jungle de Louisiane aux bayous d’anciens blues

dans la boule de cristal des subtiles prophéties

enregistre les réponses de son corps d’étoile noire

aux courbures océanes d’un plaisir d’immanence

rendue aux peurs d’absence cruelle

aux fissions atomiques d’un corpus de non-être

l’admirative chapelle des ombres

la procession des nonnes du Ciel

le ciboire de la Vierge aux atolls de Christ-Al’

géomancie d’un corps de lune

les objets d’un espace intérieur à la danse

aux magiciennes silhouettes du Vide

la psalmodie des Chants du Roi

l’éléphant télépathe embrassait son cornac

et de sa trompe porte l’innocence

traversant les villages aux clameurs des enfants

quand le vieil éléphant s’incarnait dans la danse

le nom de TUSK toujours en lui (hommage au Maître du Cabaret)

tel une danse de derviche aux mouvements inconnus

du désert de Gobi ou des souks de Turquie

le lancinant mouvement du mage

quand il voit la couleur des auras invisibles

les paroles ne sont rien face aux feux du diagramme

katas d’éther dans la prairie

suspendu sur l’abîme d’une histoire de miracle

transmute la force des évidences

puisant la force dans l’essentiel

dans la magie d’un monde réel

à ne vouloir qu’un peu d’amour

dans une clarté enfin consciente

dans une paix si sereine sur son île de cristal

création perpétuelle à l’image du cosmos

guérisseur des principes et des lois de l’UN-fini

dans la conscience cosmique du monde

lumières magiques d’Afghanistan

dans la joie souveraine de son corps de veilleur

l’intervention du roi du monde dans la forêt aux mille visages

interroge l’artisan du bazar de son être

dans l’indicible contemplation

la recherche insatiable de ses fruits d’Unité

recherche toujours le corps subtil

l’art de voir en toute chose

l’architecture des sciences de l’être.

 

Dès lors que tu es mort aux attributs humains,

tu vogues sur la mer des mystères divins. (Roumî)

 

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