PREMIER GESTE DAVANT LAUBE
du
23 décembre 1978 au 23 décembre 1979
visage d’ailleurs
ici le masque décisif
du miroir
23 décembre 1978
en terme de l’éternité provisoire
en figure de défi
le souffle du changement
25 décembre 1978
la flamme donne au
crabe ce visage
aux cernes d’un
Enfer de verre
autour de moi
l’air bouge
27 décembre 1978
au fond intérieur
du centre de l’œil
le regard s’observe
1er janvier 1979
traces de vide
et les carcasses de souvenirs
un regard lancé
l’au-delà de l’entracte
5 janvier 1979
cri
ou le silence
ouvert
à ses propres dedans
6 janvier 1979
variation sur le signe
langue âge
messe âge
ou la supercherie des
mots
9 janvier 1979
les images glissantes reptiles
refusent le pouvoir d’être images
14 janvier 1979
invitation secrète
à la soirée sans couleurs
rire obligatoire
21 janvier 1979
où commence
le domaine
de l’interdit ?
25 janvier 1979
quelques éclats
de rien
pour reconstruire
le RIEN
29 janvier 1979
le lieu
que peut-être
j’inventerai
un jour
le lieu quand
3 février 1979
fantômes des silences
le travesti du
vide
un masque
s’est paré d’un
visage
6 février 1979
vivre au niveau
du signe
et loin derrière
traînent les empreintes
8 février 1979
un jour je serai
lu par les craquelures
déchiffré
et explicité
21 février 1979
il y a cent une vies
parallèles cent un
moi lâchés
et une seule résidence
provisoire
22 février 1979
le signe chancelle
vieux vestige périmé
l’espace s’espace
et le temps vieillit
24 février
1979
tu cries l’âge
du cœur
et quelle est
la voix
de la réponse
?
7 mars 1979
corps
est le lieu-dit
d’une durée sans
distance
corps est le nœud
de l’énigme
8 mars 1979
quelque part peut-être
il existe un métal
invisible
dans la masse duquel
sont imprimés les fossiles
du silence
11 mars 1979
traits fardés
apparition du chat cosmonaute
quelque chose miaule
dans la voie lactée
22 mars 1979
le temps de fermer
la porte
le temps de hurler
le temps d’un
soupir
le tant
26 mars 1979
et ce “pourquoi”
le pourquoi des
pourquoi
POURQUOI?
28 mars 1979
mon vaisseau avec ses
rameurs paysages brodés sur
les voiles
l’œil jaune du songe
l’étrave de mon vaisseau
est une arme
faite pour l’onanisme
de la mort
1er avril 1979
rapidement coupez
les fleurs en quatre et
plantez-les la queue
dressée
sur le béton des autostrades
en respirant à quatre temps
4 avril
1979
la musique refroidie
souffle qui a déplacé
les contours de
la chambre
les vestiges émiettés
d’une
danse de personnages
surnature
un ciel-gong
ouvert comme le seul
paysage perceptible
15 avril 1979
les étoiles nées d’hier
accouplées la veille
qui m’avaient quitté
depuis plusieurs générations
et qui se creusent
se décousent et partent
à travers les ombres comme des
échos
les étoiles en mue
30 avril
1979
les tempes jaunes
ou le signe du
temple
le temps des
tentatives
ou l’attente
8 mai 1979
le temps du désert
masque de demain
mortuaire
des syllabes tombent
avec la pesanteur
désarticulée
du rut
27 mai 1979
l’ombre perdue
errant
il penche son
regard
se précède
et s’éteint à
chaque pas
dans une sorte
de noir
11 juin 1979
la mort
penchée sur la rampe
et son
œil négatif
ou mon portrait dévié
le mensonge parallèle
15 juin 1979
traversée du temps
agitation
je suis là
ICI
mot insurmontable
19 juin 1979
descendre aux limites
permises
la croûte de cette surface
voir
définir le ciel dans ses
aurores
23 juin 1979
PERSONNE
est une aventure brutale
sous-silence
personne est le lieu solitaire
27 juin 1979
parti dans cette nouvelle
enfance le masque déchiré
homme sans visage
demain quelque chose s’éteignit
1er juillet 1979
au pied du ciel inaccessible
le bleu de l’œil est rouge
le blanc de l’ombre est
sang
rien est sans couleur
au centre de l’échelle
horizontale
2 juillet 1979
l’âge sacré du corps
la nature démente du corps
le son du corps
les rencontres du corps dans
les espaces sans mesure
4 juillet 1979
l’homme inhabité
descente en neige
il disparaît géant
9 juillet 1979
la berge est plate
un centre tourne
c’est une plaie sur la plaine
un cri vieux
comme la laine
l’état bestial du monde
que je ne connais pas encore
tu portes sur
tes visages
des éclats de
mort voilée
25 juillet 1979
elles furent douze
habitantes de ma tête
qui me regardaient de haut
alternativement
et disparurent l’une dans l’autre
27 juillet 1979
sa tête s’ouvrira
partira en éclats
il parlera seulement
du temps où il y avait
une pensée
6 août 1979
l’insulte est
visage prématuré
comme
le portrait du
silence
c’est l’âge de chair
la foule stupide
gagne
du terrain
17 août 1979
l’écriture était sortie
du néant
qui maintenant
faisait les lois du monde ?
19 août 1979
si la porte s’ouvre en forme
de mystère celui qui apparaîtrait
n’aurait aucune réalité
1er septembre 1979
trois heures vingt trois minutes
et rien qui ne peut contredire
le sens de la pensée tournante
je me lève dans un monde
de chats fantômes
14 septembre 1979
au terme du désert
commence l’architecture
la piste s’arrête
il ne s’agit plus que de trouver
une chaise pour s’asseoir
27 septembre 1979
les yeux me disent
ce qu’ils voient
je partirai dans
le temps
avec la mémoire
d’un
son
et tout alors
sera à recommencer à partir
d’un terrain vague
5 octobre 1979
la source de
dormir
ou le portrait
en creux
du désir
le temps est
venu
10 octobre 1979
tu es sous surveillance
jamais tu ne
feras un geste
sans avoir autour de toi
un commando de porteurs
experts pour prévenir
chacun de tes petits
désirs à part cela
tu seras libre
12 octobre 1979
je me suis aperçu
que l’oiseau qui
planait
n’avait pas d’ailes
j’ai cru alors
que je rêvais
14 novembre 1979
ne plus entendre
le cri
ne plus croire
au cri
ne plus répondre
et crier seulement
17 novembre 1979
le bois mouillé de la
rivière brûle en criant
je ne sais plus
d’où vient le cri
19 novembre 1979
quelle est l’ombre qui
ne se montre jamais ?
12 décembre 1979
parler à un mur
sans attendre une réponse
ou bien l’inverse
écouter parler le mur
et ne pas lui répondre
18 décembre 1979
chute
c’est silence
l’eau du thé est de la neige fondue
la chatte noire seule a dormi dans la cave
le sol ne porte pas d’empreintes
23 décembre 1979