JEAN-DANIEL FABRE

 

 

PAROLES ATTESTÉES PAR LE CRISTAL

 

 

 

 

 

Tant qu’il y aura des Jean-Paul II

pour pervertir l’autorité spirituelle

Et des pasteurs et des jésuites et des rabbins et des mollahs

pour ajouter à la confusion du monde

Tant qu’il y aura des étoiles sinistrement rouges

et «des machins noirs»

au-dessus des grands cimetières idéologiques

Et des plénums et des conciles et de fieffés scélérats

pour manipuler la bonté

L’horizon de Fabre sera toujours renaissant.

Cache-cache familial avec un Dieu bourré d’attributs,

dispositifs de sécurité et service de propagande.

Un Dieu «vindicatif et rancunier»

qui accepte de jouer aux dés

en compagnie des Supérieurs et Maîtres-Soignants.

Le valium des peuples, une sale affaire qui marche !

Dans ces conditions, il ne reste à Fabre

que les incongruités du trublion.

Une anarchie roublarde, branchée sur l’impasse

du cerveau et de la vertu.

Précipitation mentale, proie des bulletins secrets.

Les faits sont les faits : nous ne sommes pas près de trouver

le gène corrupteur du Fils de l’Homme !

Même sur les ondes nationales, on nous annonce froidement

que l’endroit c’est l’enfer.

Alors Fabre l’intouchable prend son courage à deux mains.

Malgré tout il a de la survie dans la tête

et le voici brouillant, réformant l’envers du paradis.

Pourvoyeur d’hérésies inavouables, que cherche-t-il ?

«Le bonheur avant et après la Révolution».

Warum nicht ?

 

 

guy benoit

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«Seigneur, serais-tu une source

d’eau trompeuse ?»

 

Jérémie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Général de Gaulle est apparu à la Sainte Vierge.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je cherche des images dans la nuit

le bonheur avant et après la Révolution.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je cherche la trace du train blindé de l’Amiral Koltchack

qui transportait le trésor du tsar lors de son couronnement

Je sais qu’il fut saisi par les Bolcheviks

Mais j’ignore par quelle fraction

Un soir un travesti du nom de Phantasme est venu me voir;

accompagné de son vieil oncle libidineux

qui s’enfila son garçon d’honneur à la veille de ses noces

Il me parla des partouzes chez le nonce apostolique

l’on enduisait les femmes de chocolat pour les lécher,

des caves de la Chapelle Sixtine

Michel-Ange traçait des dessins cochons

en s’enfilant ses aides

Nous cousîmes des condoms avec les tripes d’un taureau

Il me parla de l’expédition à faire pour retrouver le trésor

Et pour trouver le secret de l’orgasme généralisé

qui fait trembler l’ordre bénédictin

Avec les poings, la tête et la queue

(j’ai consulté mon voyant de Saint-Pierre et Miquelon

qui m’a dit : «le matérialisme a du bon c’est avec

la main et le sexe que l’on bouleverse les choses»)

J’ai engagé le chauffeur de «la Locomotive Histoire»

et Clotaire L’instrument

Je dus faire face à une colonne de Feldprediger

portant la croix pectorale et un Luger planqué sous la soutane

Et tirer comme l’assassin du Pape avec des balles à virus

Dans son cachot le Maréchal Pétain gueulait à sa femme

Je veux une jeune je veux une jeune et voulait me suivre

Monseigneur Chevrot a tout béni : «ils sont purs ces jeunes gens».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

POUR UN CHRIST FOU ET SOÛL

 

De Roumanie j’ai reçu un colis et un message codé marqué : Foi et Morphine

C’était de ce Dieu vindicatif et rancunier, installateur de l’Enfer

Ce qu’il m’a dit : «Combien je t’ai gardé, c’était pire que ton frère»

Oh pitié de Dieu au vingtième siècle

qui confia Hitler et Staline au Baptême

C’était donc pour abattre les hommes ?

tu le sais, jésuite redoutable par ta magie,

toi qui as enlevé l’enfant sacré des Iroquois

et traversas le Saint-Laurent

pour le baptême et la conversion de la tribu

tu le sais quand tu inscrivis la formule sur des écorces de bouleau

Les hommes de droite cachent les hommes de gauche

et les hommes de gauche cachent les hommes de droite

Mais toi, jésuite, tu te caches

Miséricorde de Dieu au vingtième siècle :

Alors étudions bien la doctrine sociale de l’Église

qui s’occupe des gens très très très malades :

On ne peut attendre de la société qu’un bon Père

un bon Pape, un bon Pasteur, un bon Docteur, un bon Patron

(mais qui fera le boulot ? là se situe la défaite de la classe ouvrière)

Avec cela nous crèverons tous dans les mains de médecins

à la solde du Camarade Staline

ils s’installent comme le petit bonheur

Comme une descente de miliciens et de travailleurs chrétiens

Des brutes qui ne changent rien à rien

Parce qu’on en a bien besoin

Avec leurs Prêtres et leurs Pasteurs

qui viennent nous faire des sermons sur la bonté

qui nous font tant de mal

Comme la Faculté, ils se prononcent et comme les vieux profs :

«Vous finirez mal»

Au-dessus d’eux dort un vieux gouverneur qui ne se doute de rien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ils expérimentent comme des bêtes

comme une bête je suis à l’affût

Ils viendront m’assassiner dans ma collection

à un endroit où les éléphants ont l’habitude de se coucher.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je fréquente des anarchistes

qui se rencontrent dans les sous-bois

et qui font comme à la guerre à la guerre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les anciens drogués s’occupent des drogués

Les anciens alcooliques s’occupent des alcooliques

Les anciens enfants peuvent-ils s’occuper des enfants ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quel est l’avenir des enfants ?

 

Être des bons enfants des grands enfants des petits enfants

ou des enfants visionnaires ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’humanité, je m’en fous

mais si elle touche à ma vocation : Staline et Lamartine

 

Salaud d’Ambroise Paré, tu n’auras jamais guéri personne !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je fus traité de pasteur bolchevik

parce que j’étais favorable à la prohibition d’armes

peu avant la guerre

et aussi d’informer les réactionnaires

pour qu’ils disent n’importe quoi

pour que je fasse n’importe quoi

cela me valut la haine du lieutenant de police de Shangaï.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ils viennent nous dire : «Vous n’avez pas à faire ça»

Alors nous venons faire la guerre chez eux

pour découvrir des charniers.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je monte dans ma chambre / et m’engueuler

J’entends le cri qui désarme la sentinelle soviétique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Absolument convaincu que l’homme est bon

et que celui qui le pervertit est un traître à l’homme

et que ce traître comme les vieux nazis vous ne le retrouverez jamais.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des machins rouges des machins noirs

Comment survivre ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En période de construction du christianisme et de destruction du socialisme les Supérieurs décident de tout.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dur de rassurer les autres quand on n’est pas rassuré sur soi-même

Mais le Père qui sauve le fils et le fils qui sauve le Père

On sait bien Monsieur Fabre que vous fréquentez des originaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un hémisphère dominant sur un hémisphère dominé

et un petit point qui se balade.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le temps de guerre est terrible parce qu’on ne sait pas qui choisir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment m’y reconnaître ? ils ne s’y reconnaissent même plus

à Notre-Dame dans leur vaste foutoir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et ceux qui ne sauveront personne ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un grand écrivain doit-il faire l’éloge de Jésus-Christ et de Staline ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On ne peut pas changer la Terre, il faut faire avec.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si la mère d’Hitler s’était fait avorter, on se serait évité bien des ennuis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ils ont le même Dieu, le même pape, la même religion et ils ne s’entendent pas.

Ils sont d’abord brésiliens ou polonais.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ils se sont reniés

Ils se sont suicidés

C’était la grande croyance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’irai jusqu’à leur livrer mes papiers

mais pas ma petite consolation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai négocié avec des cannibales

le plus dur était la Traumdeutung.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’écoute et je n’écoute pas

j’entends et je n’entends pas

j’attends et je n’attends pas

la mort.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un plus

un moins

des fois il fait des choses bizarres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il n’y a rien de plus diabolique que de vivre seul une grande joie.

 

 

 

 

 

 

 

Retour à Bibliothèque Poésie Blockhaus

Retour à la page d'accueil