JOSÉ GALDO

 

NOTES & FRAGMENTS

 

 

LE KA GALDO

 

            Sous les coups de boutoir d’un braquemard d’outre-monde la gangue-langue forée à la hurlée du gose s’enfourne au bûcher du crevé-cramant qu’est le lourd tribut en dégueuloir de la non-vie d’ici.

 

« il faut tout faire sauter

masses nasses

et ses boulets de culture morte en art merde

des blancs morts »

 

            Mais toujours plus avant s’enfournant dans la trombe de glotte, qui est un cerveau de terre vorace en ossements, se dressent forcément en pylônes de foudre des totems de nerfs comme des mâts brûlants où des masses magnétisées d’espaces viennent s’encramer en craillant.

 

« sac de foudre où s’arbre l’orage qui râcle et retire la langue »

 

            À perpétuité régurgitée s’immole une matière-fièvre, qui vacille sous le joug d’une énorme puissance d’être. Dans ce mouvement des substances dégueulées du forage abouché à l’Invisible se forge une alchimie de viande-mère transmutée en tournoiement de lumière sous les forces de compression.

 

« comme la soute cuite d’un broiement des lumières aux bris des clartés ultimes »

 

            Lumière qui, à son tour embrasée dans un néant en flammes, de ses dards larde la charogne inoculée à crémation, jusqu’à la mort consciente du corps d’écrit en révulsé de crevaison dans un ultime mastaba.

 

« et

dedans

le vide blanc

sort l’œil-ka... »

 

 

Jean-Pierre ESPIL, DÉCHARGE N° 86.

 

 

 

 

 

 

 

NOTES & FRAGMENTS

 

 

 

+ des signes noirs se découpent sur l’issue des lumières

 

 

+ & bourrer la gueule du mort

 

 

+ une grappe de langues se tord dans le dégueulement du sas

 

 

+ des armées de corps s’embarquent dans le bruissement des ombres

 

 

+ quand au fond des choses

   il n’y a plus de fond , mais simplement rien

 

 

+ hardes des corps

   cratère du broyage des ombres

   bulles de boue des gémissements rétractés aux entrailles

 

 

+ & cette arche de signes qui fuse comme un bûcher au centre même de la lumière

 

 

+ derrière l’ombre, la nuit et la douleur

 

 

+ boîte de la coulée au jactage des envers où s’écartèle l’engoncé

 

 

+ & un corps cloué pour brandir la douleur

 

 

+qui marche dans le vent meurt dans la tempête

 

 

+ où l’eau lape le bord

 

 

+ écrasé dehors

   anéanti dedans

   & recroquevillement  dans la valve de cet écroulement

   & diparaître dans le miroir noir de l’éclipse de ce monde

 

 

+ larmes d’encre

   lie de langue

   anneaux de suffocation caverneuse qui bavent dans l’emboîtement des sommeils

   comme un rêve qui se vide de sa lumière

   une bouillie d’étouffement

 

 

+ le pourrissement de la matière se poursuit

   mais

   cette fois

   dans le néant

 

 

 

+ une vieille truie traîne son bœuf dans l’étable

 

 

+ la cage de la naissance au nœud coulé de l’angoisse

 

 

+ sanie et avanie

   sainte et vaine

   neige de rêve

   la fève des douleurs

 

 

+ chaque signe n’est qu’une fente d’encre entrée dans le néant de la conscience afin de la

   maintenir béante comme un trou

 

 

+ & le risible lèche la plaie

 

 

+ le corps se retourne sur le grill de sa douleur innée

   ce mauvais sommeil noir tombé du soleil mort des origines

 

 

 

+ chiure de rat, chieur d’art

 

 

+ le fracas des abois dans la boiserie des angoisses

 

 

+sale peau

   va te faire trouer par le vide qui t’a fait trou d’ombre

 

 

+ dans l’archaïque miroir

   l’ombre mange sa pétrification

 

 

+ le sas recrache sa lie sur le suaire de terre

 

 

+ dans ce sang

   dans ces nerfs

   le cliquetis du jeu d’osselets

 

 

+ un crâne dans le miroir

   rogne le bord

   râpe mâche

   les hardes de nerfs

   et déferle sur l’étendue laiteuse comme un coulissement qui étire l’espace dans l’essaim   

   glaireux du laitage des emprises

   et jusqu’à la garde du gond de chair dans le giron de sa membrane

 

 

+ il faut tout faire sauter

 

 

+ masses nasses

   et ses boulets de culture morte en art merde

 

 

+ des blancs morts

   un astre s’écrase dans les spires

 

 

+ un tremblement de lumière se rétracte dans sa combustion

 

 

 

+ l’expulsé du soleil noir soulève son cœur

 

 

+ dans le vomissement de la matière

   le garrot de la langue sort la face de son corps

 

 

+ ceps de fer

   ceps de forces

   et forceps de la gueule noire ou bée la plaque de glu du bord de boue

   nuit éternelle de la langue

 

 

+ & un dernier moignon de conscience va céder

 

 

 

+ le cran

   l’encoche

   à même le crâne dans la colère de son trou comme une langue dans sa douleur

 

+ les carbonisés vomissent la cendre au bord de l’existence

 

 

+ le double mange le souffle

   crie dans les rêves

   étouffe dans la lie où s’éventre le noir de la dislocation

   ce quasar d’agonie comme une macération où s’engouffre la pupille du vide

 

 

 

+ l’écrin des nerfs

   l’écran des crânes

   oves noirs

   œufs d’ombre

   dans l’enfer des images où se colle la matière

 

 

 

+ enfenté

   à la lumière du commencement des mondes

   un crâne ouvre son bruissement et troue l’ombre de sa bouche

 

 

 

 

 

 

 

 

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