NORVEGICUS POLAROÏD
L’horizon scintillait par delà l’océan, des vagues furieuses roulaient leur
bosse dans les remous de l’eau saline, entre les roches et les coraux sous
un soleil d’océan froid. L’existence est fragile. L’éphémère d’une Histoire.
Un inconnu, derrière mon dos, immobilise ma mémoire gauche. Je dévisage l’impertinent
qui me sourit et qui s’excuse. Je marche un peu. Je me réveille. Le ciel est
noir. Ma terreur fuit. Nous avons trop longtemps recherché le Graal. Le squelette
sous la peau ouvre un œil puis son corps. Les alcooliques parlent dans la
nuit. Ils aiment leur cœur dans le miroir. Il y a toujours, chez Goodis,
un personnage typique, un peu voyant, et qui cherche, d’une certaine façon,
à venir en aide au principal protagoniste. Le plus paumé, souvent, d’entre
tous les paumés. Il en prend plein la gueule. Il a sa dignité. S’il demeurait
le prisonnier, anéanti mais respectable ? Dans les coulisses se préparait
l’insurrection de tout son être. L’herbe du Diable, l’herbe de Satan, danse
des couleurs, du feu, du sang. L’homme avance dans la rue du souvenir éclairé.
Il savoure le néant des étoiles centrifuges, assistant au combat des lucioles
admirables, à la joute foudroyante des néons du cosmos. Une déchirure s’opère
en lui. Pas un instant ne tient debout. République immolée aux consciences
des banquières. Le silence comme de l’ouate régulait la chambrée. L’homme
était épuisé, travaillé par la fièvre, attentif aux mémoires, à ce temps éphémère.
Petite musique de chambre, hein ? Il était seul, profondément, il s’en trouvait
réellement bien. On entendait le fleuve chanter une mélopée mélancolique.
Il faut partir, loin s’envoler, abandonner ces rives cruelles, ces oasis au
regard noir, cette quincaillerie hallucinante des faux espoirs et des prophètes.
Un ami dort par terre, sur un lit d’étoiles mauves. De rares poneys doivent
côtoyer des paysans à longue moustache. L’infirmière prend le pouls du malade
étendu. Sa poitrine se soulève sous les draps lancinants. Il aimait les Stranglers,
les joyeux étrangleurs. Il faudrait lire entre les lignes pour déceler l’objet
sacré. Cette prostituée fait le travelling avec son corps de marchandise.
Nous aimerions savoir pourquoi, assis, immobile, dans cette chambre, c’est
un lieu nécessaire, et les arbres te parlent, le nègre pleure, votre visage,
tu es le chef, ce n’est qu’un lieu, les étoiles tombent dans vos cheveux,
Madona laissez moi, détachez le du radiateur, de la geôle
et du supplice, tuez votre âme, impossible, la mort, le froid, le gel, l’immobilité,
cadavre prie dans son tombeau, un cadavre est assis, il commande un demi,
le sifflement du train doré, prestidigitateur, amusez vous sans mon ego, n’existe
plus, les tocsins sonnent, est-ce encore loin Canterbury ?, vos obsessions,
fantasmes, magie, les hôpitaux psycholo brûlent,
les lanternes se consument, cette Chinoise offre au monde un rictus sardonique,
vous êtes cynique, homme sarcastique, magie noire, blonde, atomisée, gangster
de cette époque, le mental n’est qu’une illusion, marchands du Temple ! antisémites ! bouffons ! fascistes ! Waffen SS ! Musique sans
rien, sans personne, sans neurones... mitrailleuse du futur, un néant d’implacable...
La gueule du vide entre tes bras ... trois petits points & Dionysos !
Salue les de ma part ! Et dis leur que jamais, que jamais, que jamais !!!
Le vide, sourire, la sensation, les singes, le rire, visions-images,
gueules de néon dans les bars muets, les transistors des plus sincères...
C’est encore dans ce lieu un silence étonnant. Le visage inconnu : le mensonge
de Hermès. Impossible, peu après, de trouver le bon poste. Grande lecture
de Paraz : son humeur salutaire. Cet ancien combattant ne parle
plus que de lui. Voix brisée dans le noir, chuchotant, sœur haletante, dans
la poussière des os lunaires, au cœur des stèles d’une vidéo. Un visage fatigué
par des nuits sans sommeil disparut en amont des jeunesses éternelles. La
pensée téléguide les diagrammes du hasard, la nuit féline aux lueurs étranges,
à l’assomption contemplative. Paradis sans idole, nobles armes du cosmos,
sémantique absolue des guerriers du savoir, ordre figé dans les coulisses
avant la fin, les transistors, les noces de verre, l Électronique. Un peu
de neige t’éclaircissait. Prose hermétique ou hiéroglyphe ? Un corps sans
nom erre dans la nuit, dans la souffrance et dans le rire. Un enfant pleure.
Les femmes fatales. Mots anonymes, héros du jour, d’un jour nouveau qui meurt
ensuite... Hiéroglyphes invisibles, serviteur du Cosmos, de quel usage portiez-vous
crainte ? De quel usage portiez-vous DON ? Occident mort des ténébreuses,
ouvriers bleus, bandes inconnues. Ils se figurent qu’ils sont vivants ! Rêve
issu de la nuit, du roman l’infini. Les mass-médias
téléguidaient cet angélus de pacotille. Paysans laborieux arrachés à la terre,
aux semences du sillage. Vos pensées me font rire. J’avais mal au cortex,
hors de tout, hors de Soi. Les richesses participent d’un savoir oublié. Les
robots capitulent. Noce de verre en Floride ! L’idiot, le simple, l’homme
bon christique, est un slave, un prophète, au regard transparent. Les miroirs
implosaient d’une parole narcissique. Tu n’es plus une âme morte, ni une vue
de l’esprit. Voici qu’une phrase fait avancer le déroulement des habitudes.
Un homme avance le long du Temps, esprit hagard au fil des rues. Les épreuves
traversées sont autant de regards qui libèrent une extase autonome et durable.
Les noces nues de l’esprit, vagues antinucléaires, s’accoupleront avec le
Ciel, avec l’Indien, le Titanic, l’Éléphant
Blanc des Évidences. Les usines, ces grisailles, condamnées à la nuit. L’homme
qui rit s’éclabousse de diaprures incendiaires,
se travestit au long du Temps face au rictus des loups cruels. Dans tes veines
le mercure, cet agent des silhouettes, caractérise une illusion, une fin des
mots plus consciencieuse.
« Aucun heurt
face au bleu
insoutenable de l’Être. » (Cosmos Koroneos )
Décalage foudroyant où les stars sont
ailleurs charme fou langoureux de l’intime fourmill’ment
lumière noire nietzschéenne l’ambiance trouble et sensuelle l’insolence interdite
le vécu distancié l’intention transsexuelle de la post-écriture dans le calme
miroir rajeunit ton corps nu Pecos Bill s’écroula
explosion nucléique dans les vagues et le temps l’extatique et la seule au-dessous
du volcan célébrée Ide à Mars pluie de verre sur Newark tabernacle en opale
lumière blanche de ses veines vamp onctueuse Chinatown dans l’express de nulle
part désapprit, la texture blanche hermine Cibola
éthérée aux pelisses corps nova d’Astarté fulgurance
télépathe l’haleine close froissée from Lady
X les paupières ciel d’automne pâle regard chats sauvages écriture Cadillac
vert-chromée ses cheveux sous un ciel un vieux jazz tourbillon
ses pieds nus dans la cendre arc-en-ciel pierre liquide gentleman pipe à eau
simulant un orgasme décompose fissure mauve uranium et corps nu aux écailles
d’un pouvoir ses yeux bleus le nain bleu ton corps nu s’est perdu
aux couchers de lune vierge son palais d’auréole costard gris cantina dans
le plus complet calme Lexington Street Station s’écorchant
aux nervures évanouie aux Quincey comme une rose
de Ronsard l’anglican de chaque souffle your body
de velours clouée au bleu dans l’enceinte qu’en un ciel au-delà l’ombragée
des chevaux un palais toi et moi dans les mythes aussi blancs que l’amour
coup de grâce nos allures ou des veines le chagrin dévorant un amour sous
la pluie l’épouillage pas à pas à ton sein diamants bleus flore-vaccin
années 30 prisonnier en ses draps se masturbe le silence les diagrammes enfant-mot aux églises de miroir doigts de mer Jeremy de ses
veines aiguille noire dans la barque d’Osiris d’un garrot Sherlock Holmes
déchirant le filet où tel fauve thé anglais on voyait le long fleuve à travers
l’argent-bois une vision d’extrême-droite
consumait le soleil je n’étais jamais mort j’étais noms et brouillard la lumière
incréée cognition perceptuelle démission des silhouettes un éveil longe un
rêve friselis de lumière sur la glace argentée de Anna Magnani au Bardö de nowhere l’animal est totem
le corps chasse les esprits faire le vide en soi-même libérer son extase l’âme
excède la mesure et la vie trop sensuelle l’aube le ciel sa puissance son
histoire poudre blanche phénomènes à la lueur la raison de ce monde redoutaient
le scandale paradis d’illusion le réel est absent de ma pure intuition l’actualité
n’est qu’un naufrage le gouffre appelle ses sacrifices l’Occident
est pourri, vermoulu lancinant pense un corps un instant des chandelles
éphémères corps atomique empli du corps des prophéties les jeux du ciel la
poésie restait à dire l’exquise saveur centrée du vide centre hallucine vent
des mystères ombre écarlate totem soleil fluides centrifuges lune rire de
grâce les ornières et le doute la finale amplitude jeunes géants marbre gris
aspirine inventive le gazon sous le ciel immense parc ouverture dépassant
les vitesses consultant les sirius sous des lueurs
incendiaires un rituel de gangster temple nu sous les branches fixité des
images tel un film un appel la distance éphémère recrudescence l’impérissable
astre des sens mort nue voyage syphilis précaution constituait son enquête
âme errante en haillons la misère d’un avion rock’n’roll Vince Taylor les
hautes rues long regard terrains vagues acculés de mots modes mods
Brighton concert de rock on répétait dans une salle froide aucun artiste Vince
en cuir noir fouettait ses chaînes tu claques des doigts à la sortie canettes
de bière un pain bien fait casse-toi mon pote j’l’ai
étalé comme le ciment gueule de béton Vince Taylor nu ce vieux looser parole
à naître sort de son corps appel printemps globes effrayants sort au silence
dépose regard pénis homme seul pense dans sa tête attentats fraudes fiscales
syndicats répressions chaque seconde ignorait pour sniffer de la coke partouzer
des actrices se brancher très flashy le soleil de
ses feux travailleurs prisonniers surveillaient ce trafic pacotille gangstérisent
insouciance ignorance lois du genre oubli-style
musique froide isolée de ces groupes éphémères vampirise teenager la plus
grande a quinze ans elle portait des panties la
soirée la cuisine la bouteille de pastis on chuchote que la fille par la bande
à Rickie mais ils n’ont aucune preuve Johnny du
militaire continuer l’aventure accorder les guitares le vieux boit dans des
verres triturait les accords qui devront donner lieu au succès immortel il
se dit que sans doute la famille s’en pass’ra mais
la sœur dans la nuit réveilla le vieil homme égrillarde et beurrée
d’un homme haut-fonctionnaire une singulière de ses clients ceux dont
la gueule ne lui plaisent pas ne lui vont plus il va sans dire allongent la
caisse fissa mon gars le vieux est saoul il dodeline de balancier sa garce
de ville le vieux bandait c’était sa fille le souvenir comme ces chansons
son fils rebelle même émotion choses phénomènes provocations.
Dès l’instant où les mots malicieux le
désirent l’esprit tend vers ce point où fusionnent les empires. Quand je ferme
les yeux : intérieur espace noir. Je respire lentement. Je respire calmement.
Je suis ce corps en mouvement, en transgression d’identité. S’agirait-il de
transparence ? Dans ce cas le mot âme signifie nihilisme. Degré zéro
de l’inscriture où dans le corps brûlait la neige.
La mort qui tue la mort qui tue. Entre nos corps la guerre actuelle, ces illusoires
étoiles fixantes...
Collages de lauteur