GUY BENOIT
MANIÈRE DAMANTE suivi de LA VINGT-HUITIÈME VENUE
cette vie est-elle autre chose que la poursuite
visible, par un Fiancé invisible, d’une Fiancée indomptable, à travers tous
les corps et toute l’éternité ?
NIKOS
KAZANTZAKI
...
qu’une personne pourrait mourir dans l’orgasme dans lequel elle naîtrait.
WILLIAM
BURROUGHS
tout ce que tu veux c’est courir de-ci de-là,
et te faire étendre, te faire battre, et presser comme un citron, après quoi
tu seras vieux, malade et meurtri par le samsara,
bandant toujours pour fouiller la même chair de l’éternel retour et tu ne
l’auras pas volé, à mon avis.
JACK
KEROUAC
TUER
LE SANG-QUI-MENT
MAIS MA VIE
L’INÉVITABLE BROUILLON
MANIÈRE
D’AMANTE
et nue
te relirai
femme
jouir résolument
tant qu’il faudra de mots
PRÉPARE
LE JOUR
de qui tenir
soit frime femelle
découchant du clair crayon
que ta chair exige immisce mendie
déçoit
pour le crachin puéril
d’un suicide à la traîne
(plutôt rut
pourrissant
où cacher mes efforts)
SOIF
DU SOUVENIR
à travers biais des jalousies :
pas vu sans voix
éconduit
de mes nuits éructées en bravades
tristement infléchies
quand surprises du froid
— toujours marges frauduleuses ! —
tes hanches à contrecoups dociles
exaspèrent l’épilogue d’une trame vieillie
« pouvoir aimer
? »
ah ! l’antienne
humide
remembrée d’un voyage tourné court
au biseau des cadavres
EXERCICE
POUR UN RECENSÉ
(chasseur
tombé sous le sens, j’achève le rien qui rêve.)
MÊME CERTIFIÉE
CONFORME
C’EST LA CAVALE D’ÉTÉ...
dessous dessous
fouissant l’épinglée
à ma peau
où l’arc d’une saillie
faiblit multi-prévu
faiblit
et pas d’histoires !
*
* *
un
déni d’herbes
teintes
simples draps
que je sache
engoncé
l’arbre à deux
y déplie ses paniques
*
* *
(tes
seins
comme en exergue
à l’image croupie
— des deux rives
voilà ! —
qui levrette qui l’usage
par où grande rivière)
*
* *
«
mais iras-tu si loin
que beau temps du soir vers un soir de loire ? »
*
* *
et
la suite
prend peur
et paniques enchaînées
sur l’ombre du retour
D’AUTOMNE
ET SANS ESPACE
bagué
grosse et grasse
et ça geint l’ordinaire
scarifiée sacrifiée
d’un revers de glace
ne suis quoi
volte-face
pour l’envol qui
s’étire
d’une
à l’autre
annulé
ne suis quoi
ne suis quoi
d’un trait d’un seul
la fenêtre s’esclaffe
d’un trait d’un seul
l’enterreur enterré
MARCHER
BRUSQUANT L’HIER
éclisse de chair sèche
dont l’emploi évasé
le périple pose nu
sous des chevaux de frise
autour
la
main pendue
rassasie
un trompe-l’œil
je ne défigure plus avec la mort
qui se dégrafe au jeté du mal blanc
pour l’éraflée du matin
pour ce signe de tout loin
marcher !
L’AFFICHE
DÉFEND SON MOI
une aubaine à calquer
dans du ventre ébloui
bientôt femme qui corrige
le silence et son trouble
marabunta
de main de maître
la main du feu
les arbres battent le plein
se fuient
au vif accru de leur échec
et je
LA
PLAIE
ELLE PUE
comme un chicot sous la syllabe
TUER
LE SANG-QUI-MENT
MAIS MA VIE
SEULEMENT LIQUIDATION
DIALOGUE,
CONTINUONS LA GRIMACE
1.
tantôt à l’étage crasse du sang
tantôt un lit s’installe bordé de lymphe rongeuse
tantôt de la gadoue purement vêle et rien
tantôt l’emplâtre et défaille dans le choc
des visages
tantôt le rire-carne
qui se gratte et se gratte
entre messe et trépas
et vous archidoigts
cautèreux
je vous charognerai dans les résilles du
scandale !
2.
accroupement, accroupement,
tantôt myopies du sexe bref
— de la pensée qui quatre à quatre ?
—
LAQUELLE EST LAQUELLE
ange-pelvis, te broyer !
t’immoler dans la puanteur de l’hymne !
parce que le cambouis des apparences, vous
comprenez,
yeux de bouc et de boucle
révolus révolus révolus
3.
et puis tiens !
regain fureteux d’un
saignement lyrique
embruns espoirs tristes de sens
tantôt un pont — un — gainé d’éphémère
pour mieux passer pincer le vide
qui sort entre d’un corps et puis tiens !
le rut par terre assis sur un damier
4.
trois deux un trois : tantôt !
triple jeu triple menton
caillés au préau de nos cuisses
« fabuleux péché
mauve », tu n’es que
ré-création/excite/exit/
quelques stations pour un je t’aime
et pas plus haut LE POING ZÉRO
NON -
AMANTE
descendez, nulle demande.
en bas, un sein, son rythme creux.
un sein bricole le pus au tarif du cocon,
et,
après coup, de la mémoire, éventée, faisandée,
mémoire perdue d’avant comme si à vos souhaits,
adorinda memoro
tournez sa page, nagez, ragez, voyez :
eye liners, eye
shadows...
est-ce encore dans un lit où te chercher par
toutes ?
au coin d’une vacance ouvrir ta nuit en
grand ?
en bas, relents, relance, du rite secret,
le sein s’agrippe à ma violence,
et je descends, descends le rêve qui ne
veut pas perdre au jour,
tranquille trompeuse signature d’un sexe flanqué
de pénétrable,
cavalier-sœur dans un décor de cris,
en bas, en (DÈS L’AUBE, CONSIGNER LA TERNE
PART DU FAUVE)...
m’insémine la rampe des broyures
pourpres,
accroc seyant pour l’abattoir, une taure pour
avance,
et ripe pendu long et court,
radeau de larmes et de tendresse
par-dessus bord d’un suaire déjà prêt,
TOUT LE MONDE MEURT DANS MES MAINS,
mais par-devant, en haut, en bas, sperme-opéra !
NOTRE-DAME
DES TURCS
à Carmelo Bene
purgafoire
entre ciel enfer confondus maquillés
et l’annuaire facile bâclé dans une valise
/
me tire me rate me tire /
no man’s land bandages compris
— anonyme écroulé sans vous sauver jamais
! —
du côté de / tout contre « NOTRE-DAME DES
TURCS »
folles années d’avant-vierge
ma sainte sur matelas
/fonds d’un crâne millénaire
rappel à l’os / prudent-le-terrible
garde l’armure
le destrier dans la cuisine
sauce reniflements cantabile quand même :
c’est l’accord ménager !
« NOTRE-DAME DES TURCS » a regagné sa
niche
elle a crié « pauvre con » pour les siècles
des siècles !
BÊTE FORAINE
encore l’âge nu
qui habitue l’abcès le mûrit
de regards de regrets en bataille
désirs à la ligne sur le même départ
angle-femelle, la pose !
la putain s’étamine, la pose ! la pose !
tout en place l’escalier vers la mer
sans doute l’azur un automne à hue-dia
sur de mornes fêlures peuplons-les d’oasis
et de palmiers qui saignent tard avant
la pause
mon sperme, mon sperme, si tu voyais ta
mère :
taie d’union dans le sous-bois du tant-qu’à-faire !
…. …. …. …. …. …. …. …. …. …. …. …. ….
…. ….
le trait la truie
RECOMMENCE au moins d’eux
puisque tes mots leur raid contre ma cuisse
un caillot dans la roche le cercle d’où
ne nais pas
très suave comme l’air jointurant
le cadavre
je croule je vire je cœur — ainsi nuiteuse
! —
« qui la langue
du prophète ? »
car homme
je répondis
« pareillement
tes lèvres. »
SEUL
DESSOUS MOI
onglée montante des chairs
et ne que ! et
n’a qu’à ! s’expliquent les goîtreuses
un sein droit m’enivre vers le gauche
le divorce travaille à l’inséparé
et te voici nuageuse ! et te voici avouée !
sommier de ma peau soûle !
au trou miroité cancanent les dehors
intime je n’ai pas lieu
INSIDE
POUR L’IMPUDEUR
vid’net : vos guenilles de bonne santé
et perpétuel de seins et de fesses
ICI LA CRÈVE AUX MURS SEULS
ICI LES PORTES CLAQUENT À RIEN
ICI LA VIE COUINE SOUS MA VIE
– de quel signe es-tu mort ?
– d’un cœur ras au ras fond du terrail !
dans la glace aux trente-six fistules
le simple geste est maladie, fumeuse de
pieuvre
la luge glisse sur une colonie de lichens
ICI UN LIT COUPÉ D’ERREURS
vid’net : profession, procession, la routine
à renfort de trottoirs
et corseté de croûtes, me retourner devant
moi
ma tombeau ouvert ma tombeau ouvert
INSIDE N’EST PLUS AU BOUT
INSIDE DANSE EN MOI
t’exagérer longtemps !
CRISE
EN CHARGE
à tête de femme
à cul de chat
vaincra !
découpez ma lippe menstrueuse
charnier galbant deux corps
qui grouillent qui peinent qui flanchent
et lueur
vous connaîtrez l’éclair
la nurse de l’éclair
manger de mort
ah bien à l’arrêt esquilles dans la suie
comme une nervure d’ (h) omme
que des juments bousillent
que des juments bousillent
vaincra ! La-Naissance-Des-Restes
(bouches dedans
se cabrent mes hanches jumelles
hanches-bordel !
les abattants germent en chien de fusil
le profil-marbre
se requinque de bourdaine
et d’une braguette en prévision
jaguent
les pétards d’étoiles vers l’aucune raison)
vaincra ! vaincra !
La-Naissance-Des-Restes
ENCORE
UN CONTRÔLE D’IDENTITÉ !
surplus
d’un macchabée au grand air
parasite j’en suis parasite social dans
un étal d’idées fixes
quelques femmes attitrées se coincent au miroir
où le corps pensé affronte sa mort natale
désespérer oui de ce sexe de garde
qui s’empiffre d’adulte et de sang mâle
le jeter !
et puis vos cuisses
vos cuisses à contre-jour
pour hâter les soupirs déglingués
d’un couple qui me déchire
sexe-relaps dans le bouge mal étreint
sapiens en joue eurêka fuite
laisser le manque oui ravager pour moi
m’enfoncer en pertes pures
comme on perd le sens de la baignoire :
un surplus d’enfant d’eau toujours très
dévoreuse !
NOM DE
JEUNE FILLE : JOUIS !
cerveau-houri !
m’indigène son pourpre indic,
presque lui sucer les seuls mots impossibles
mais le clapet se ferme en forme de bras
cassé,
amours trop prés, datés, expurgés : flask !
j’ourdis le crâne à deux,
parois / partner
/ la main dit : « gène »,
fille-spectacle au rendez-vous,
s’allonge le sperme à sec, à sexe, renversé sous
ma bouche dont acte : cerveau nourri !
... ou non : ersatz bancal d’une passe
montante
/ciné-source
reluque érectrique, érec.../
ma bouche en cul de femme, viendras-tu
me rejoindre ?
(et tombe l’écouteur
comme dans un lit
à peine trempé...
X…
que filles-entrées
moussant l’erreur /
un bébé-monstre
mène la revue
sur qui pouvoir me bafouiller
j’active de l’oripeau femme-femme
sortie que mâle et loupé si visible
qu’il rebiffe le tain pâle
même cirque crique trique quelqu’une
— enceinte de près de 13 enfoncements
—
arde des je suppose
qu’il prostitue à son gré sexes levés
sexes sans retour qui câblent en langue rien :
« jonction jonction jonction »
LA VINGT-HUITIÈME VENUE
LA VINGT-HUITIÈME
VENUE
rebouteux d’un sexe barbouillant l’autre, j’énumère
qui vit en berne sur le dos.
la tricherie s’imbibe de vieux rêves :
chairs noires assorties de retouches.
entre le compagnonnage de nos chaleurs — burin
des solitudes ! — et l’éclatement rêvé de l’érection, moi, moi dissocié, clichés
de cuisses offrent leur pénis, séries, théories de cuisses, engouffroirs s’élargissent se ferment train-fantôme
et je ne passe pas, j’efface, concrétions des aimées qui maintiennent la fente,
troussent la mémoire, l’inventent.
et toujours le moi-rien
chichement, le moi-rien et son poil de la bête.
surenchère de l’os qui ne peut être que l’os.
l’os se tartre de découvertes.
blessure, sanctus, jusqu’à l’intime tragique,
où, ensemble, ils stimuleront un désir continué, stimuler, pas simuler, le
« t » est une + .
(sous la porte
cochère, la coche prend les jambes à son cou).
petite a :
« trop nourri de moi. »
petit b
: « dans mes poches, tu es un marron
d’inde extirpant la douleur. »
petite a : « un objet, rien qu’un objet, l’objet
chasse l’appartement... »
petit b : « les rues blanches et leurs dormeurs. »
(sous la porte
cochère, un cache-cache apparaît materne. le front commun du sexe et de l’esprit
sèche dans le désert, à cause des braillards du cœur et du compromis. désincarné,
merde !)
petit b
: « prends-moi en main, étire-moi : tu
n’auras pas les bras assez longs ! »
petite a : « les femmes en parlent déjà ! »
petit b :
« lâche-moi : je perds mes initiales ! »
petite a :
« les femmes en parlent déjà ! mais
que finiras-tu ?»
petit b :
« nouveau en femme acquise !
oh ! l’énorme
initiale : garde-moi ! »
petite a : « je ne parlerai pas ! mais
que finiras-
tu ? »
petit b : « nouveau en pharmacie ! »
(sous la porte
cochère, boulotter de la pensée.
c’est l’horizon masuré
et le hasard prend ses distances.)
les regrets ?
coupe-les plus larges que ses cils naturels
comme des ronds dans l’eau qu’elle recouvre
de même couleur
——————————————————————
UNE MAIN N’EST RIEN LOIN DU BROUILLARD
——————————————————————
un ventre me faux/file au bout de la langue
zizanie en brut
sur l’écran d’histoires naturelles
quel ventre ? quelle
langue ? quel couple ?
(sous la porte
cochère, la jarretelle rechigne, et ces ascenseurs qui montent descendent qui
AU MATIN ELLE REVIENT DIT QU’ELLE N’EST
PAS UNE APPARITION J’AI REÇU VOTRE PNEUMATIQUE TOUT DANS SA MARCHE SES YEUX
SA VOIX SURTOUT SA VOIX PREND POSSESSION DE NOUS SOMMES UNE RENCONTRE UNIQUE
ET DIT AIMER AIMER JUSQU’À PLUS CORPS LA CLÉ AUSSI
S’ENFERME DANS UN VASE BLEU)
un robinet gagne l’étiage
le viol perclus dans son passage
« un viol est
toujours vierge », répond petite a
« un viol est
toujours verge », répond petit b
l’homme épongea sa vingt-huitième venue.
je n’avais pas changé.