DANIEL GIRAUD
LA MAÎTRISE DU FEU
«
Allez-y voir vous même, si vous ne voulez pas me croire. »
(Lautréamont)
Collage de Daniel GIRAUD
S
T A N C E S E N
C
O M P R E S S I O N S D’ E X P L O S I O N S
É
C U M A N T
L
A C O N S C I E N C E
par delà les démarrages de l’être cosmisé que la société veut stopper
par delà la lune pleine dans la mesure où
elle se nourrit de nous tous
par le Livre de Rupture et centre du monde
par les questions de vie ou de mort et de
l’ombre de proie
par la dissolution du cadavre et la transmutation
de l’esprit
par je ne sais plus exactement quel crime
commencer
la queste du
fou de sagesse extrait le Feu sacré
qui est flamme intérieure de l’homme
et la présence de l’absence
qui est Femme Intérieure de l’homme
est la Présence de l’Absence
et ce n’est ni le moteur qui tourne ni
même la terre
c’est bien la tête à migraine lunaire du poème
philosophal
la tête de l’être regardant l’univers quand
l’univers le regarde
ces messages transmis par la terre
lorsque couché dans ses cheveux
il communique les graines séminales
cette ombre portée du présent
dont le sexe est la racine
dont la tête est la glande
il y a tant de réalités après boire oui
il n’y a pas que dans les déserts où l’on
meurt de soif et tant d’estomac en accordéon qui se tiennent dans les postes
les plus avancés des aventures de l’esprit
au sommet de la montagne
absorbé par le ciel
ici est un coin d’être
où l’on entend la mer
Dan est le masculin de Diane
patraquement vôtre répondit-il
en marge du monde mais fondu dans la population
stellaire
Capri corne à son premier cri
et cette révélation du dégoût de l’humain
cet enchantement embrasé
aussi nébuleux que racine de vie
aussi il faut savoir DISTINGUER le génie de
la bête du troupeau
mais se garder de tout mépris
ils n’en valent pas la peine
cela veut dire que le démanger c’est être
privé de manger
aujourd’hui l’être normal est raté social
il n’y a que deux voies l’imbécillité
ou la folie
et mon voyage vers Critère se déroula Odyssée
en mer démontée lorsque je m’enfuis de l’île de la Tortue avec les sbires
de Charlemagne montés sur noirs palefrois comme lierre assaille arbre tous
aux trousses de mes compagnons de la Flibuste révoltés révoltant ceux qui
éjaculent en se touchant malgré que se tuer est le seul moyen de se connaître
en dépassant les dieux comme VA NU PIEDS devenant célestiel
et je ne me suis pas localisé dans mon
propre corps
car mon corps est une réalité qui bouge
sans réalité aucune
parce que vous travaillez la terre et travaillez
ma peau
parce que vous écorchez ma terre et plantez
dans ma peau
dans le dédale de l’existence où Ariane n’a
plus de fil les funérailles se déploient et vrillent le ciel et alors elle
peut perdre son regard à travers un brin d’herbe de très grand sens et les
failles de son cœur qui tremble de joie accélèrent la faillite de leur société
puisqu’en paix du bon œil je n’aurai aussi tôt vrombi autour d’elle
de bric à brac
de fric à frac
il n’y a que pierres qui s’entassent
mais qui bientôt rouleront
en un instant seulement
car ils ne savent utiliser le bas-ventre
pour s’ÉLEVER au-dessus
du ventre
ce qui veut dire
qu’ils ne savent pas bander de l’esprit
c’est ainsi que la conception fut MACULÉE
de boue et de sperme plus exactement de fumier et de gènes portant la vie
peu de temps avant qu’Enoch n’annonce que s’il fallait
tuer les moineaux il serait normal de tuer gens à cervelle de moineau moi
moi nillon et tous ceux qui font
dépradations dans notre champ visuel et spirituel
pouvoir alors insulter le ciel
pour voir et copuler avec lui
je vigile l’attraction du vide
je vigile la terreur du silence
et la treizième est revenue
au déchet du soleil couchant
et les gosses d’Alexandrie me lancèrent
des pierres
parce que j’étais NAINE NOIRE qui souffle
dans la lande désertique des espaces confinés
parce que j’étais hallucinante féerie des
phosphènes quasars dansant aux yeux trop longtemps soleils
parce que parce que ce CHOC de l’ombre et
de la lumière de Présence et d’Absence visible et
invisible
voici donc pourquoi des bactéries pathogènes
m’ont saccagé la peau par la faute des ignares démontrant principe d’inertie
alors des laves de pus me mangent et démangent sous la peau gercée par le
sens du catastrophique intumescence d’énormes boutons à têtes blanches et
chancres à têtes vertes éclatant et ruisselant sur vos systèmes monétaires
et sur vos complexes sucés avec le lait adhérant à votre corps de systèmes
politiques aux fondements anecdotiques
il faut donc s’écorcher vivant
malade car le travail est la santé
comme dans un sac où l’on jouerait du tambour
comme dieu le tueur pitre fantomatique
à la foule sans visage et l’obèse déclin
à vol d’oiseau il n’y a pas de petits profits
il n’y a que de grandes pertes ou richesses
lorsque la foudre dans l’eau se fait bâton
bon gré mal gré je viole la fille du roi
bon gré mal gré je fais rentrer le paraître
dans l’être
bon gré mal gré je fais rentrer le cerveau
dans les couilles
et la Terre dans le Feu
et c’est ainsi que ceux qui croient tuer
le temps sont en fait tués par le temps de l’autre côté de mon haut-mal abyssal
où je profère mes invocations magiques dès lors je vais dés-emparé
et suffocant sous la rumeur des foules comme un ensanglanté mais brusquement
j’éclate de rire et tout s’écroule en s’estompant et l’oiseau s’évade de la
cage de la braguette en découvrant la face cachée de l’esprit du PÈLERIN anti-chrétien
reste savoir crier ou ne pas crier au juste
instant
faire ’amour et se saigner à blanc
étourdissante tension entre l’être et le cosmos
plus de nuits en suivant le soleil à la trace
plus d’intermédiaire de gourous ou d’agences
immobilières
mais l’étonnement subversif d’un estomac
rétréci
et ce sentiment effroyable d’une PRÉSENCE
issue de la voûte sombre de la nuit
après cette période de vacuité
il est temps pour le monde d’en finir
et des cendres revivre
c’est pourquoi je nais chaque matin
pour le soir même mourir
et revivre le lendemain
nous
les instants perdus
nous
les instants amputés
de quelque chose de plus
qui ne s’est pas cristallisé
ainsi je me suis fait stériliser comme création
contre procréation entre deux métros je ne fabriquerai pas de larves chialantes comme on fait une belote et je ne toucherai pas
d’allocations familiales en espérant qu’une reconnaissance éternelle puisse
étouffer mes regrets
BÊTES IMMONDES BÊTES SAVANTES BÊTES DU
MONDE
c’est ainsi lorsque j’écris ces lignes
JE SUIS l’enfant que j’ai été ou le vieillard que je ne serai pas et je suis
à la fois la main droite et la main gauche et ma génération et la précédente
et le jour et la nuit mais pour saisir cela faut tenter une percée dans les
ténèbres des hurlements du silence et ce n’est que NOW après ce cri qui s’était
répercuté dans la nuit et qui m’avait fait TREMBLER de tout mon corps et de
toute ma tête car toute la nuit des temps est remplie des cris de l’âme du
monde oui ce n’est que maintenant que je réalise que le cri entendu était
celui de l’enfant qui naissait un dixjanviermilleneufcentquarantesixàvingtetuneheureet
quarantecinqminutesàmarseilledanslesbouchesdurhone OUI
Collage de Daniel GIRAUD
mais tout se brouille
un frisson parcourt l’échine
la mémoire du monde se referme
un accident au sein éternel
faut pas réveiller les miroirs
mais laisser le vide pénétrer en soi
surtout sans le canaliser
IL NE FAUT PAS RÉVEILLER LES MIROIRS
mais profiter d’un hameçon tendu
en vue d’OUTRE
VIE
être péché par la surnature
par la pomme qui tomba dans la terre
et donna la pomme de terre
à la lisière de la mourance
il y a les êtres
et il y a les créatures
les transmutants
de l’Âge d’Or dans les
cendres d’une nuit ensoleillée retrouveront ma dépouille paumée comme la femelle
Isis rapiéçant les morceaux du mâle Osiris et en particulier le sexe qu’elle
bandera pour l’amour avec la mort engendrant l’Horus solaire issu pourtant
des ténèbres à tire d’aile l’oiseau noir je sais rêve que le rêve fut rêvé
et que l’ange est daïmon en puissance
le monde m’a fait chair
mais ma chair ne fera pas de monde
car ma chaire n’est pas du monde
enfièvre et marche dans le brouillard
écume la pierre rouge de l’âme qui vive
à perdre haleine cours autour chantant
sur la pierre qui vire et regarde
que la voix puisse voir et le pas s’entendre
que chacun porte en lui sa Crève incarné
attendu le sens accordé à la fontaine cachée
sous la côte d’alerte la lampe magique
les yeux fermés plus rien n’existe
ce n’est pas en se laissant aller qu’on
se laisse être quand le sans forme a glissé dans la fente tout sous le ciel
vole en poussière et je tape du pied dans les temps faibles pour goûter la
plénitude des temps forts mais je heurte les mots et bégaie la mort qui vit
en moi par la défaillance de ma voix bancale mon élocution bredouille au rythme
de ma carcasse désossée non non personne ne pourra
sauver le monde
je tiens le soleil dans le creux d’une
main
comme d’autres brandissent des révolvers
il pleut des cordes pour grimper au ciel
au septième je planterai des flèches
conquête de fulgurante énergie
CONQUÊTE DU FEU
la foi sans croyance
la faune d’états marginaux
dans des spasmes attentifs
dans une pluie de sang qui boue et déborde
quand je bats des bras le tonnerre roule pour
nous
j’ai été trop mal créé pour ne pas me recréer
bien d’autres cieux uniques en soi où se
cricifier maintes fois dans des lieux non localisables par
le croissant d’argent cette BARQUE QUI SOMBRE à chaque éclipse les bédouins
la disait brûlée sous mes pieds à fleur de peau et des cratères à taches de
vieillesse
(
cela commença par un sublime sifflement strident d’éclair et dans le
nuage atomique qui s’élevait le ciel se déchira ainsi ce fut l’atroce image
rouge éclatant du monde dernier où chaque désir chaque envie se disloquait
dans l’épouvante des ténèbres fournaise où rugissait la Bête immonde de ce
monde car le soleil était mort et c’était l’homme rouge sang qui l’avait tué
alors chaque passion chaque ambition et désir refoulé vorace se terrrrrifiait
dans le cataclysme planétaire et nucléaire et chaque pulsion des charognes
qui se contorsionnaient s’achevait en hurlement de détresse et l’angoisse
était terreur panique dans les carcasses vociférantes des hommes nus mais
tronçonnés au supplice effroyable et sulfurique qu’agitait encore l’instinct
de survie puis chaque voix s’étrangla chaque cœur s’arrêta en sexes écrasés
et cervelles éclatées ensuite le sang glacé figea l’horreur de la souffrance
ultime du monde vivant en des affres de rage et d’écume alors l’humain calciné
se pétrifia et les pierres effondrées s’agitèrent de soubresauts nouveaux
sphinx de l’espace nouveaux menhirs et pierres effondrées qui s’agitèrent
aussi mais qui roulèrent au plus profond des entrailles de la terre craquelée
où soufflaient les vents de l’obscur vulcanisation révélée
)
et ils ne s’étaient aperçus de rien
car ils ne vivaient pas
signe crépusculaire et béatitude
oui
mais ce qui est isolé COMME UNE ÎLE
où l’on ne demande pas son chemin
où il n’y a pas de chemin à prendre ou
à laisser
sans fondement en toute liberté
l’état de conscience extrémiste
où le doute à odeur de terre
est toujours SALUTAIRE
béatitude oui BÉATITUDE
par l’éclaboussure de la pisse en plein
soleil
par l’écriure
en chaîne de montagne lunaire
par celui qui évite les pièges doctrinaires
de la politique religion végétarisme et
raison
par celui frugal si tôt venant toujours
trop tard
et qui sait mieux baiser que bouffer
béatitude oui BÉATITUDE
lanterne clignote en vibrations
de par les accélérations de l’esprit
où se condense le cosmos
dans champ de création la roue du zodiaque
qui tourne
dans le sens contraire aux aiguilles d’une
montre
de toutes montres de civilisés agités et
pressés
s’affiler affilé s’affiler affilé
un le tout en un souffle du vent
présence d’absence en avalanche
béatitude oui BÉATITUDE
que retiens-tu captif en toi
bloqué tout à fait grabataire déglingué
l’anecdote est en train de crever
la conasse et incompatible société
aux pires autruches jouant son jeu qui part
en thèse
militaires maquisards résistants de la guerre
et de toute l’Histoire
de France et d’ailleurs
informations de l’ILLUSION
du public réclamant Répression
mouvements de libération qui ne délivrent rien
actualités et fusils avec les échos des morts
dont on entend les décompositions
béatitude non béatitude
les cités d’égouts où la solitude est faussée
par la présence de la foule du dégoût
les cités où le monde nous héberge
quand on s’écorche les ongles noirs
les cités qu’il faut EXORCISER DU CŒUR
mais alors mais alors
l’occultation de véhéments feux obscurs
mais nécessité de saisir l’élan originel
mais savoir GAGNER le coin PERDU
et entrer en montagne
et FAIRE LE VIDE
et FAIRE LE PLEIN
béatitude oui BÉATITUDE
dans la soupière des trépassés
le sexe de la situation ne peut être apprivoisé
cette exigence d’une méchante pureté toujours
autre
des solitudes plus vraies que d’autres
trajectoire parcourue sans répit
du chat vivant une vie de chien
à l’écart graduel des contingences relatives
ce qui est à voir par delà les collines
ce qui ne peut être décrit
ce qui est à voir par delà l’écriture
béatitude oui BÉATITUDE
où se brise dans la joie désespérée
l’être qui tout à fait renaît
en circuit fermé et cœur ouvert
extase cosmos étendue toujours
dans mon train de vie sans wagon
Dieu le Père ne tripote pas Mère Divine
et c’est la fuite dans le désert
et l’accouchement de l’éveillé
l’évasion intérieur intégrale
béatitude oui BÉATITUDE
le désir est à tuer
et oublier ce qui a pu le tuer
1971/1972
Collage de Daniel GIRAUD