GUY BENOIT

 

 

... QUE TOUT ITINÉRAIRE

 

 

 

 

 

 

S’abstraire du centre où la pensée nous place, n’est que déplacer avec nous ce centre du monde ; ses dimensions, ses proportions, ses relations trouvent leurs mesures en nous. II n’y a donc pas de danger à tenter de dépasser l’homme ; nous luttons pour une issue et dans cette lutte réside la seule gloire...

 

JEAN DE BOSCHERE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur les chemins de crête il y a la phase positive du Rien, une face pionnière où l’intensité de la pensée féconde la coupure, un chaos bénéfique par où passe l’air dont on fait les mutations, œuf tâtonnant dans l’œil de nos approches. Mais je sais aussi que les miradors d’Hypnos contrôlent toujours nos terrains vagues, y compris l’illusion de marcher dans les pas des grands marcheurs de la Réalité Ultime.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

la fenêtre jamais n’était fenêtre

par où vient le sommeil, plus loin

que tout itinéraire

 

prémonitoire, le sommeil se lèvera-t-il ?

 

fugueur devant les mondes

mais saisi de mutance oh cerveau

dévalant la lumière dans un regard sans traces

que les chairs en accord ne cessent d’impliquer

 

jamais sperme ne fut aussi sperme

qu’à la source de cette pensée

plus claire que naissance

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

dans la continuité

d’un écran nul, impromptu

des yeux travaillent l’homme à effacer

 

en sa propre semence,

un corps touche à sa fin

 

figurée,

figurante

de chaque côté de la lumière

 

le rapprochement du nuage

 

(ni aller ni retour

mais impression tenace)

 

au point d’orgue luisant,

le sang quittera son ombre

 

seulement quelques images

qui se figuraient,

se figuraient...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

épuisement, des structures

frémissent

 

avec l’espace à prendre

d’une pensée à bout portant

rejetant qui la façonne

 

qui la façonne, imitant les limites

jusqu’aux bornes du râle

 

quand le filigrane

lui ressemble

 

l’autre nature

se donne une occasion

d’espérer

 

autour, un scénario bat des cils

 

un peu de sens et de silence

d’égal à égal traitant

 

pour mieux forcer la main

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

les jours étouffent les jours

entre devenir

et l’homme, identique

la nuque dépliée du doute

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ni sanction ni gratification. Faire cracher le morceau au mental est à ce prix : déguster quand il n’y a rien à goûter ! Du savoir à la saveur, un parcours truffé de mirages — le désert n’est que le visage nu de l’illusion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

nerfs

autrement qu’être

humain, le mouvement

sort du cadre

vers plus de transparence

tout m’échappe, tout

même le savoir des montagnes

qui cèdent en apparences

ce qu’elles gagnent en nuage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

l’unique signature, simple

respiration

 

il n’est plus de romance

pour l’homme que j’oublie

 

pôle rétif

du cerveau

 

un bruissement

prend l’âge

de mes incertitudes

 

sur l’oreille du dormeur, les sons

aussi ont leur penchant

 

la nudité qui va, infiniment

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

promontoire de choses insensées

sommet de l’idée

 

hisse jusqu’à la trame

 

l’arbre nerveux, subtil

l’arbre frissonne

 

par l’échancrure, le bond

au cœur de l’acquiescement

 

la perspective joueuse

 

tremplin sur le film des choses

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

auxiliaire, la mort

vient à l’idée

 

ne sachant que penser, un vide

s’exaspère

 

sur la paupière du jour

 

et pourtant il suffirait de rien

comme un lignage entre mes tempes

 

parfum dans la pénombre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le long de l’accueil, le silence trébuche contre le silence dans un scintillement de lignes psalmodiées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

chair vitrée

nul horizon saillant

je n’en finirai donc jamais

avec la fente des miroirs !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

peut-être l’accent fiévreux des mondes

peut-être flocons de peau neigeuse

peut-être bien une pensée qui tombe

au bord de l’intime congé

 

c’est ici, en pauvreté

que les barrières s’étirent

à la lueur décisive

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

dans le fruit, le goût n’objecte

mais voilà que des lèvres très sèches

 

désert

toujours revigoré

à la première personne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

en lieu sûr, le doute

provoque

pour la forme

comme au hasard

balayant

ciel

et peau

 

cerveau, il faut mourir

de tes propres répliques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

particules de l’entendement, tournez, dansez

vers le seuil meurtri de la chair...

 

 

 

 

 

 

 

 

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