JEAN-PIERRE ESPIL

 

L’EXPLORATEUR (extraits)

 

 

Dans ce système nain, la trace dérive aux moiteurs de phonèmes. L’autre demande si lui-même a écrit ce chant. Il est presque sûr qu’il tremble, comme percutent un an, deux ans de travaux d’aiguille et de traces sanglantes. Une thèse hache la course, fumier vol pelure de sein. Sept lignes ont magnifié le geste, le fauve a longuement essuyé sa robe, et le teint mauve roule en de très petites onctions.

Dérivant lentement dans un suicide de cave, un carbone premier a traversé l’élément. Certain mystère garde ce transfuge au frais, nous sommes par-delà la morte redoublés. Un rythme supplémentaire donc, qui laisse pantois, qui gagne ligne de feu, que la forêt abruge et tance.

Nous sommes de nouveau au service des morts, cette affaire de trafic de corps, quand tremble en soulignant de noir un gardien sur la crête. Seul gardien, seule danse, croisement des territoires vers langue, noire comme au temps des xénophiles.

 

 

 

 

Tance, rance, travail des textes et de la mer, quand vers la nuit s’accroche cet élément au corps du monde.

 

 

 

 

Vautré dans le lit d’une algue scintillante, Seigneur Sire Poisson émet une liqueur. L’Ombre se charge de l’élevage, pulsatrin et marmonnant, de Dame Ciselée.

Est-on dans ce creux fou pour narguer la naissance ? Feutre, fou, feu trou, foutre.

Pulsatrin émet une... c’est redire force trou, jusqu’à absence d’Ombre, jusqu’à scintillement du dit.

 

 

 

 

Os brillant, l’indicible morne, la crête des os de chiens. Un fou protège la foule, épaisse pâte des sous-tendus. Des bêtes assoupies s’éveillent en sursaut, affûtant leurs serres et crachoirs d’immolées. Elles captent l’idée d’une sanction, accusées de pourriture, c’est dans leur nerf qu’un gouffre centralise l’urgence, la meute en suspension.

 

 

 

 

Dans l’étouffement de cette rage, un concentré de nain mou, comme ce hachoir de bronze, donc ce hachoir nain de la gauche et du bronze, affole.

L’affolement, non la folie. Fête affolée. Diamants gourds à l’anus des trombes, ce système lancine une rougeur crêpue. Car la pâte, s’il y a, devrait couler sans cesse, alors que de vrais heurts, ou barrages verticaux, entravent.

Dans son placenta de glaise, un style est né de la pâte d’écrire, Limpadosque le cheval trois-pattes (cheval d’écrire), Ottentot, le roi des torpilleurs de sacs, le Brick-Trois-Morts, l’Adolescent Blanc, fils d’exorcisme et d’humus du Dedans.

La fête luit dans un tambour de pâte, il fait 4° et la fusion est proche de tous les liquides humoraux et même métalliques. Or et forêt. Comme si des anges chutaient en transparences, comme ils chutent dans le cœur des poissons et reptiles qu’ils habitent, heurtent, monumentalement poussés au sacrifice.

Le diamant naît de leur purification, un mythe d’or auréole les êtres forestiers, la cathédrale d’émeraude, et le meurtre parachève la construction, orgueil et haine finale fièrement statufiés, avec au pied, en adorateurs, rites et tripes brillants.

 

 

 

 

Le feu, circulaire, invisible, trace d’immenses convulsions. Les traînards fuient, à genoux, en dédales, les traînards fuient, en saccades.

Dans le feu des derniers fossoyeurs, comme si je n’avais pas vécu, la sordide représentation de l’être par les troubles du nerveux.

Des candélabres jaunâtres abîmaient les figures de proue, scandés, en transes sacrificielles. Les masques balayaient la crête des hauts sommets de vent.

On devenait bigot à suivre les traces de cendre, boursouflé à suivre les chemins, mine de rien.

 

 

 

 

Dans la forêt sèche de bruit, les bêtes s’acculent aux râpes encoignures. De force, elles lâchent les brides de leur esprit sauvage, mordent leurs élytres de cuir, dispersent leur pâteuse chair aux couleurs des multiples lunes.

De fiers cortex résistent aux pressions, mais les mâles s’insurgent et commettent de rares hurlements.

 

 

 

 

Poison.

Lent rongement. Un type étouffe derrière le lapin de cuivre, muscles brûlés. Un être venimeux tente d’accaparer la toison forte, inoculé par cycles dans l’intraveineux des reptations. Tous au combat. La guerre totale accumule nos sacs d’orage, notre sas rouge et reptatoire à l’ouïe bourdonnée, lente montée rongée, aiguë de fers et de rouges feux.

Souffle-méduse de fond d’entonnoir, circuit démesuré de rixes, lents hurlements des pouvoirs humoraux, notre suicide à faim de meurtres, de chants ultrasoniques, tels lémuriens en cage avant que crèvent les congénères.

 

 

 

 

La rouille, dans le sas de l’ouvrage, rythme et pulse, crache des repaires encensés par les louves, les sceptres arqués, les lunes molles et tièdes, taillées dans le suif, avec des heurts contondants de limaille, d’estomacs de chiens, d’insectes repus et saccagés dans leur mort, de tripes soumises martelant mélopées et tambours de la nuit, car le temps, dévidant le noir de son corps, digère et assassine.

 

 

 

 

Je me heurte au caillou lent. Cette danse négligeable infecte une senteur madrépore, comme obligatoirement la nuit assaille mes œuvres, dans cette prière adressée à la mort, dans ce chatoiement lunaire que surveille l’être rigoureux.

Haché, vrillé par une vitesse nerveuse au bout du fil pantelant, la nuit précipite le style, nu état de crise abreuve la meute, des loups raclés, lumineux, avec une fureur gris de vert, une sangle de ruts martelés à la loupe.

Découpe une faveur d’orage, les berges effervescentes, une sanction comme nul croupi au havre des célestes, la seule beauté narquoise, méridienne et tenace, livre le secret, storm’s secret, des pulsations vivaces, de cet être tournoyant, figuré par ses transes, multiple chien de queues et d’organes au précipice.

Rouge est la crinière de ce fils de chien du ciel, sa loupe attenterait à sa vie d’être nocturne, rapiécé, et le peu de vie qui s’en écoule demeurerait trop loin de sa vivace moquerie.

Gaspillage et survie seraient surveillés.

Capté par l’interdit du ciel, comme il l’est de l’interdit de terre, son errance est de partout la plus folle, la plus fade aux bruits brûlés, la plus étante et gaz détendu des marais accroupis.

Seule monte la falaise le dernier innervé, le dernier suicidé, asphyxié par les sangs délétères, une somme monumentale de perception du Rien, au bout de la course, crevé, saccagé, RONGÉ, comme si le flux opaque, vitreux, rouillait sous le derme, mère des pulsions sudoripares, tripales, torrents de fluides et de hachages nains, la retombée en gicleries et matériaux méthylènes.

Dans les galeries originaires de latex, une bête à hourches s’est immiscée. Par petites morsures elle liquide ce corps fourbu, impotent neutronique, quand dans sa caisse son renouveau de lames affine la découpe en lanières de sel.

 

 

 

 

Au-dessus de la nuit, un terme abject (signifiant haine incluse) indique à l’explorateur les indices nouveaux qui vont l’entraîner au sacrifice :

la rampe défoncée des mondes, l’être rampant sur la glaise opaque du soubassement des mondes, une peau électrique accaparée par les sangs de mercure, une tête très fine (le noyau d’épingle dur à faciès de mante), la falaise à grasses manutentions, de multiples sons et couleurs (êtres repus par les fêtes de langue), tous les cadavres charriés au cours des remuements de boue, de salives et de souffles, l’iguane sec et sexe, pulsion du minéral, le sexe étant l’œuf, œuvre-œuf, couvée d’œuf du cercle, une géante disproportion de la nuit et de tubes enflés, l’androgyne manteau de la race mutée changeant la peau des mondes, mue des pôles, moraines et tremblements, muscles mordus à terme par charognards d’espaces.

 

 

 

 

En un orage nain, les globes sucent la face râpeuse de la falaise.

Ils s’inscrivent au terme du voyage dans le circuit nerveux des sept marées.

Nous tînmes pour acquis la coïncidence fatale, le ravage des sept arcs, et comme l’abdomen se cluse et se creuse en cette amplitude, il disperse son os, sa merde, son hachoir.

Un singe râpe la glotte enflammée, libère ses sucs, singe appelle sunge, s’inscrit à la pointe de l’aiguille, la mort étant la tête plate envenimée d’orage, lorsque l’ongre et le caribou font jaillir des sabots les éclairs de l’enfer.

 

 

 

 

Agrippé au tertre, dans la boue, un être de vision s’épanche dans le trait, transe percé. Un sang méticuleux adhère à la cloison, dans la centaine de cristaux et de voix transoniques.

Tentative de moiteur, l’orque d’afrique boit, essaoulé de totems, de brillances intolérables, de la terre à la nuque, de l’anus au derme mère. Notre rite secoué de branches naines, de gargouillis, ameute un autel nu de carne d’élévation.

Faîte écœuré, l’être progresse, repte en multi-dimensions, relief, creux, nulle part et partout, avive les vénéneux, étrangle la tige lente, hordule, stridule, en matériels de nausée, vers la jouissance du plus haut de la crypte. Le salpêtre a rejoint les galeries du sang, la sève véhiculée, et la terre et la merde.

Et les cloaques de nuit, antennes, haussent les tirs des canons sulfureux, branche après branche, bras après bras, c’est le corps du monde qu’investit la vision.

 

 

 

 

L’hydre bascule sur les tympans du monde.

L’être est de couleur, la lumière dans les soubassements marmonne, racle une toison à chaud, envenime la flamme, dehors un sacre dur touche les tissus, engraisse l’hydre galvanisée d’outrages.

Que pèle l’outre, et son sang du nord, que se mêlent l’éther et la transe, leur sacre muté.

 

 

 

 

La nuit porte d’immenses ratures.

Le foutre manipule une hache terminale au flux vital d’Indiens suppurés. Nous avons relu l’éternel infectieux, comme témoins de nuits infestées, actes de rocs éclatés, myriapodes d’êtres fins, missionnés, qui grabugent entre souc et râpe.

 

 

 

 

Sommes dans le rut d’éclate-guerre, salués d’idiomes.

Dans cette forêt de fûts flamboyants, les êtres dérivent, miasmes au salut de jouissance. La quête des hommes roux martèle une transition opaque, la folle déterre lâge des visions, un astre mou dérive en séismes de sangles.

 

 

 

 

Le rythme noir d’une tête étouffe les triple-queues, le marteau machiavélique épure les bruits. Le sang gicle en silence, abreuve les boyaux de l’insecte, s’envase dans l’humus, la tourbe des instants décapés. Le précis de la vision est incrusté de glottes, de loups-garous des mors. Ça rutine, ça pète, ça plane au-dessus des forêts. C’est le sang qui bout et largue en filaments soyeux. Tigre transporte ses cendres, grillons mâchent la rosée, meurtre arcboute sa mélopée.

 

 

 

 

La gaze est le centre de l’outil. La rumeur tue un concentré d’étrange, une vapeur magique, faite avec des grains de sel, de féroces manipulations que sous-tend l’arc des forces.

 

 

 

 

La nuit, suppléance et distributrice d’ordres fixes, comme ce diamant aigu coupant les chairs, sectionnant les tendons, polissant les traces nubiles d’êtres perclus de conception.

Nuit d’infans dérobés à la glotte, mutisme muté, sale jeu de glotte vermiculé, sale conception de l’encrage noir et feu, castré par le choc d’outre-cloque, cloquifuge armé. Sale pendu par les pieds, jusqu’à l’étouffement du monstre des muscles, là. Corps-outre, Corps-espace, espacé, spacieux, tailladé, nuit de l’outre.

Sang dévale sa rançon, vole feu, vole noir, salit le corps infect, boyaux de boue, marécage.

 

 

 

 

Le corps tressauté. Le hurlement des loups.

La messe d’une certaine invasion. Comme le crâne tordu s’essouffle au travers des masques tombés, la ruine des corps, penchés, une lyre épaisse attise l’ombre, des boucs roulent mieux que le monstre aigu des chairs, qui quadruple sa masse. Enflent les dorures à l’aigu des phobies, comme un centre sort par le coma du temps.

Le corps décervelé, l’espace l’astre le remuement, la dérive au cœur des terres tremblantes, vibrées, le choc, le rut, l’outre-terre mordue et saignée par les êtres peuplant la terre et l’espace et les mâles forêts, transpercées de transe, les brutes des soubassements, la machinerie lourde à défaut de brome, et les syrtes et les myrtes, menues ciselées en fracas où les nuits peuplées alourdissent les scènes, les rituels.

 

 

 

 

L’être partout, en des pans de cerveau vide, le regard traverse l’écran. La lumière flotte comme une crise, d’onces de crabes catapultés en gifles de mémoire.

Une somme de trous noirs traverse les médaillons de cuivre, de cœurs pétris, épanchés vers les effluves et salives, mors mordus, saignés dans leur chair, la fièvre, l’écartèlement, des pans entiers s’effondrent, trouent l’humus magique, le demeurant d’uni-sons, telle une lame braquée, tel le cramé des crânes, rupestres, lourds, délirés vifs, surtaxés d’étreintes, éreintés, la lumière rouge sur la pente du Noir qui monte, qui dégueule et pétrit la douce liqueur, d’autres en fesses, en chasse, braqués sur le continent noir, la pluie rouille les têtes, il n’est que le refuge des lourds-pressés, les bêtes crevant les tabernacles, renâclant et braquant l’être des tournoiements.

D’êtres en êtres, liquidés, liquides.

 

 

 

 

Il est des pertes de pensée, des raclements soudains d’isothermes maladifs, nuit-caste d’entre les deux serrures, une texture appropriée au derme. Il est des louvoiements appelés mâchefers, des rixes miniatures, de pâles connivences sucées, d’irrigations en tournoiements brunâtres que rature la horde, les faces cachées du Soleil.

Il est des masques velus d’insectes surannés, l’ombre cognitive de la mort lente, que les caves repues abreuvent d’hydres boursouflées, que le sentir des Naines attise.

Il est des comas purulents qui ont castré le jouir, comme une déréliction de la pâte d’esprit, la nuit des corridors.

 

 

 

 

Le suif noir, un insecte rôde, martèle à deux mains la saisie des bulles. Un tournis d’ailes abreuve la hampe de soie, les chairs marmonnent.

Vainqueur du rituel, la somme brute des malades noirs s’adonne à la crasse des crucifiés. Crucifixion de l’amibe terrestre empalée au hachoir, une transition noire des régulés apteux.

Ceci provoque l’assouvissement, en tant qu’êtres de joie, des cornes maglonnes, lastes and glottées d’une courbe qui choit.

Le bord de la mort enterrée dans son sang, les sons génèrent une pluie de gemmes, la fin des terreux que la donne étouffe.

Quelle marmelade ces trous qui empalent la chierie des boyaux !

Dans les yeux de la bête, je sais quel malin m’épie : à la fois doux et calme, qu’une sucerie éclabousse, fatigué et lent dans les ornières, stupide et batravé, vénéneux et mortel.

La crasse des mondes génère une plante, la baaptavia crantée, rut et gloque en-dessous de terre, qu’encagent les cuirs, qu’englottent les peaux.

 

 

 

 

(Enfle jusqu’à coller aux voûtes mercurielles, sexe noir aux délices d’orage que rattape le corps renflé au choc des mâles cliquetis d’insectes de squelettes)

(Quel corps devenu son la poussière vénéneuse les crânes aux voûtes mercuriellees bulbées la face des rites)

(Branler jusqu’à coller aux voûtes le mercure et le son des souffles les vies boyaux de boue)

(Aux voûtes collées en grappes l’état des granges de feu les salives extinctes la voix est le noir de l’os)

(Comme saccage cramé la poudre et le corps comme explosé du corps à l’urgence du sang comme la chair des voûtes le mercure des poulpes)

(Quand le larynx prend feu gracile et blanc et rouge musculeux dans l’entrepôt de viande sur les pierres des rites dans les membranes du souffle aux voûtes mercurielles où s’est collée la peau la première peinture)

 

 

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