JOSÉ GALDO

 

NOTES & DÉBRIS

 

 

 

 

le scribe glisse le signe replié de son corps de glaise dans les yeux de verre de l’éternité

 

& une langue carbonisée se lève dans une fournée de crânes

 

l’algue blanche des nerfs se tord dans le purgatoire des membranes

 

& l’insupportable bruissement de la lumière noire où l’agonisant mange son ombre

 

les crabes et la truie sucent le sens dans l’accablement

 

engoncé dans la chair

    sans tau

    sans tête

    comme un coup de trou

 

une floraison de lumière se répand comme de la neige dans la cavité du ciel

 

l’expulsé des confins cogne sans cesse l’état durci de l’angoisse où s’anéantissent le monde et sa douleur

 

la séparation des corps

    sous le soleil noir et la lumière tombée de Vincent Van Gogh —

    comme cette aspiration de la nuit qui en a fait le gouffre

 

le burin

    le billot

    le boulet

    du dépecé au goutte à goutte comme un lot de langues qui s’enfonce dans l’écrasement

    sans fin

    sans prise

 

& le trou de vie

    poche et anneaux

    et glissement dans cette fente de forces qui se contractent

    bague

    étoile nuptiale de l’abîme où le corps foudre

 

qui mime la mort mange sa lumière

    et qui a mangé sa lumière tombe en son vide ouvert de vie béante où roule le sac qui serre les dents sur la bouche qui crie dedans

 

& remettre en place l’âcreté première

    c’est à dire

    l’âpreté de la vie crue

    avec la foi des morts

 

l’ombre perfore le vent des glaces et retourne le miroir à la source de l’œil révulsé dans le vide sans soleil qui l’a projeté par la fente du néant

 

il faut énormément de nuit, de douleur et de mort pour faire naître le monde

 

n’importe quel dieu bouche son propre trou en s’engouffrant dans l’invisible

 

le velouté des cendres

    le clouté des centres

 

l’énigme de la lumière dévorée

 

là où le corps lance ses membres

                                  son tronc

                                  sa tête

    et hurle : – Sortez moi de là !

 

un retour au trou et son gloussement

 

l’être s’engonce dans le seuil de sa plaie où bat le gond tétanisé de l’esprit

 

comme une ombre qui se glisse sous la fente

    comme un lai de bave noire

    comme une saignée d’air mangée par le gouffre

 

le démoulage de la larve

    perdition dans l’état creux

    crâne où se noue le vitrail de glu

 

l’esprit s’enrage au manège des spires

    au rire du pire

    au cri du pitre

 

la vision du vide

    la vue du rien

    et l’œil néant du trou noir

 

dans le cercle des miroirs ou la roue des abîmes

 

& le coup grogné dans le froissement de la fente de sang

 

la nuit dévore le centre

    broie le cercle

    et engloutit l’anneau noir de son bord

 

là où boule bulle bave un éclat de sang

 

le réel : c’est là où se rétracte convulsivement la conscience

 

d’eau noire en spores d’encre aux bulbes des signes

 

qui forage le cœur noir des abîmes mange ses ténèbres par le sang

 

le glissement des nuits

    le glacement des emprises

 

un corps désespéré s’accroche à la lumière finissante sur le bord de l’ombre où monte la nuit définitive

 

& le corps sac

    afin d’y faire le plein de son néant

 

craché de la lumière

    caché de sa matière

    avalé par son envers

 

il y a toujours un perpétuel sanglot de l’être qui ne peut advenir à la surface de la conscience et qui demeure comme une boule d’étouffement qui broie la remontée des lumières

 

& la langue se tord dans l’étreinte de sa propre matière

 

l’antre avale son bloc au roulis des entrailles

 

les révoltes de la matière ruminent à la base

 

écarte l’air

    rétracte la chair

    et recroqueville la doublure au béant des absences

 

un bris de neige

    encre blanche des cristaux coulés dans le miroir

 

l’être et la langue

    roides

    raides

    paons

 

le corps en croix tombe en torche dans l’arbre de vie aux racines de mort

    un frisson de vide

    un tremblement de la matière

    un éclat de sang

    une damnation éternelle jusqu’à la folie fixe de l’étoile

    clarté clouée dans la voûte

    cœur céleste des emprises aux derniers gestes du jugement des morts où se vide le sac de la purgation dans le glacier des matières

 

& la traînée du supplice lèche et lègue la percée

 

entre l’extraction des corps et l’abrasement des confins :

    le trou tombé du gond noir

 

à la lumière de l’origine

    spore de l’immense

    bonde de l’infini

    nef d’envers

    bouche de nerfs

    boule de pierre

    bulle d’astre

    boulet de sphère

    comme un roulis de signes suspendus dans le remuement des confins qui vomissent l’énième trou noir de la langue

    cette lamelle de glu

    raide et roide

    reine et roi

    au l’un-l’une

    de l’anneau tiaré où glisse l’orée des ombres surgies du cœur des orages

    là où commencent les tempêtes

    aux forges des éclairs

    aux brasiers des mondes

    aux lancés des âmes

    aux pluies d’étoiles

    en pluie de sang et chute de corps nus dans l’abîme

    où le vide dévore la poussée du clin d’œil

 

& des flaques d’encre se déchirent dans l’avalement des plaques de glace où gît le commencement de la conscience

 

dans l’agonie des orages

    des rideaux de lumière glissent sur la paroi du ciel

 

& ce bruit dégueulasse que fait la langue française

 

un bloc floc dans le flasque

 

& contre le redressement des morts : la pesée des derniers souffles

 

le sang

    descendu dans le capiton des bris

    ce coup de crâne dans le forage sous l’étau du chaos qui absorbe le nerf dégainé de la langue

 

& la fente glue des bulles

    cette percée d’envers avec son laitage d’angoisses comme de l’inné caillé dans l’abîme de la forme

 

l’ensevelissement des cercles de la langue dans la crevaison des raclages

 

& l’anéantissement bave sa poche dans le cœur noir des sphères

 

l’étranglement des nerfs dans le sac d’une conscience

    au nœud coulé d’un retournement jusqu’aux fibres du broiement

 

& l’encendrement des signes où se tire le nerf des raclures afin de les maintenir dans le recroquevillement des ombres

 

l’éventrement de la rotation torve des cerclages dans les tréfonds de l’immaculée surface

 

la terminaison des abîmes au centre de la face

    crève le nœud des espaces et déchire la chute dans sa vrille caverneuse

 

la soute verticale retourne le sac rouge de la gueule et fait sauter la couture des signes

 

la roue du vertige

    troue sa lumière dans le cœur de la roue

 

& le corps s’étrangle dans la lumière de sa forme

    dans le cordon aspiré des chairs

    fente valvaire des envers et réfléchissement noir du vide

 

le sable

    le vent

    se déchirent dans le broyage des ombres

 

la béance roule dans les tréfonds de la douleur

    torche native où bave l’encre de sa larve

 

& l’emportement des corps aux centres des confins

    aspirés comne des cendres dans la désintégration du prisme des envers

 

dans le bulbe du rêve

    une coulée laiteuse de débris

 

des cristaux rouges comme des flocons de braises

    dans un crâne qui bave son cristal

 

le totem des spires dans le trou de sang

    comme un madrier qui ne peut advenir à son propre trou

 

dans le retiré de la langue

    la gangue sort l’œil et mange le blanc

 

éboulis d’écume

    au roulis des cerclages

    et retournement de l’œil dans le noir de son coma

 

quand les morts cavalent dans le néant

    c’est la grande course d’endurance éternelle qui commence

 

l’encre de la membrane et son cocon de langue dégueulent des flots d’ombres

    des tornades de suffocations

    des bris de cris

    des spasmes de crises

    des torsions de vides

    des roues d’horreurs

    des anneaux d’agonies

    des linceuls déchirés

    des éclats d’angles

    des fragments de formes

    des silences d’étranglements

    des cristaux de cruautés

    des effondrements

    des blocs de larves indégorgeables

    et le vent glacial des confins

    le vide

    la poussière et les orages qui aspirent le gavage de cette ombre tombée

    dans le sang noir des fatigues

    dans l’arbre des nerfs où se lape la plaie première

    accouplement des ombres au baiser de broyage

    cette souche carbonisée dans le caillot du non-être

    cet engoncement de douleur qui clape

    jappe et jacte l’envers sans fin du sans corps

    ce clabot d’états au bardo du crâne

    par secouements

    par éclatements où la gueule suce le laitage de la chute sans fond

    langue ouverte dans le signe béant

    sas de l’emprise

    draps de l’origine

    crachage des commencements

    cerclage de la tête dans la coagulation simiesque de la forme

    glace du passage jusqu’à l’emportement des spires de lumière noire

    affres des poussées qui retournent la poche roide comme une étoile à l’envers dans les trouées de ce crâne...

 

quand le défilé des ombres déchire les entrailles de la lumière

    le cristal de l’œil éclate et retombe dans les braises de sa levée

 

un havre de nuit dans le cerclage de sa gangue entrebâille sa lumière et darde sa matière

 

au centre ouvert de l’ombre

    une meute de forces branle le tirage de sa fournaise

 

sphère de rage en cage de flammes

    la course d’un corps mange la ligne d’ombre

 

l’ombre songe son corps

 

la valve bave

    et la lumière saigne dans la glissade noire de la chute des signes

 

entre le forçage et son jet

    le spasme arque l’entre-deux de sa lumière où la langue lèche le trou d’encre

 

quand la face rentre le vide de son visage

    l’écrasement sur l’os vide le corps

 

la lumière noire rogne l’os et le corps grogne-glousse dans la cogne de l’absence

 

le vide étrangle l’être avec ses chapelets de signes comme des sangles glissées dans la fente de la langue

 

signes en creux d’ombre et nœuds d’encre de la douleur à perdre la trace

 

clou dans l’os et coup de langue où jappent les nerfs

 

écrouage d’une lumière remontée dans les vertèbres du signe où se vissent les emprises

    ce feu des tourmentes

 

dans une crinière de rage où remuent les nerfs

    un nœud s’engage dans la glissière de l’insupportable

 

& un crâne coulisse dans l’écrasement

 

une barque solaire dans sa corolle d’ombre

    et un cœur d’ossements dans la cale noire de son silence

 

la roue et la langue

    et le rouet de nerfs où se coud la poche d’ombre

 

des signes de craie dans le bris des envers

    aux flancs des failles

    la trouée des blancs

 

au plein de l’archaïque terreur

    le lien des masques noués à l’étranglement racinaire de l’invisible

 

au jugement des morts

    une masse considérable rejoint la matière noire et quelques rares exceptions gagnent les forces blanches de la lumière

 

nulle tentative ne peut se déprendre de la mort et de l’invisible

 

les masques de terre, d’eau, de feu, d’air et d’éther révèlent le face à face de l’origine des mondes qui ont roulé dans l’être et sa terreur afin de le réduire aux tréfonds de sa caverne

 

le un-dieu a concentré la mort et l’invisible dans le non-retour

    là où ça chie

 

à la fixité de l’énigme le bris des braises sur le bûcher d’écrasement où des corps se pulvérisent

 

& le creux ronge le fond de sa béance

    bave des ombres

    et roule ses meutes aux gorgées des manques

 

le glissement des glaces

    dans le bris de la face éclate aux neiges noires de l’angoisse

 

le cri du coup de crâne

    coup de tête

    coup de boule dans le boulet des rêves aux montants des aliénations

    cette sève glacée des abîmes

 

dans le trou du cri

    le vent du vide où tout croule

    par soutes

    par arches

    par chutes

    par soulèvements

    par secouements

    par vacillations

    par sécations

    par crevaisons

    par déferlements

    par fusions et fissions

    par débris

    par cendres et par la fin qui ouvre sa gueule noire dans les anneaux de la carbonisation

 

l’enlacement des mondes d’ombres et poussées de fatigues qui remuent leurs racines jusque dans l’étouffement des centres de la nuit

 

aux draps défaits

    la taie en tête

    et son entêtement à manger le dedans de l’abîme

 

une conscience révulsée à se tordre dans la fente

    à secouer l’arbre de nerfs

    à rouler dans l’astre des sommeils où brûle l’âtre d’un bûcher sur l’étal d’une membrane qui s’ouvre comme une spore dans les flammes de la voûte céleste

    cercle de soleils noirs qui tournent sous la surface laiteuse de ces mondes d’ombres

 

le ricanement des signes

    et des sanglots d’absences

    et un débordement des corps à la chute des confins de l’espace

 

l’altière se glisse dans l’étreinte

    cette aspiration centrale du miroir interne où se renverse le corps entier de la douleur

 

lèvres blanches

    dans la langue ouverte du supplice où s’embrase le cratère des nerfs

 

des roulements de lumière noire sous l’écrasement des vertiges

    miroir des échos sans fin

    comme exorbités de leur propre gouffre

 

à la dictée des doubles

    des prismes s’écrasent dans le delta noir de la fission interne

 

des sanglots sur le théâtre de cendres

    à la soif de l’immense

    à la faim des corps roulés dans le brûlot des aspirations sourdes où s’engloutit cette lumière sans source

 

aux fonds des nuits

    comme des radeaux emportés dans l’anéantissement

    ce bruissement des morts à la coulée de l’angle

 

& les crissements de la terre noire sur la table de fer

    à même l’acier de la croix tombée dans l’étoile du gouffre

 

entre boiserie de l’extase et station glaciaire

    là où se dévore le vide d’une éternité béante

    comme un arbre mort au bord de la voie

    cette croisée néante des chemins

 

& cette invisibilité de l’inerte

    où la forme colle à l’irrémédiable dévoration

 

là où remue un nerf blanc dans une bouffée d’âcreté

 

un poids de viande pèse sur le plateau du destin et s’achève dans la lenteur osseuse de la danse des morts

 

dans la roue de sang d’un fond de crâne

    le lancé d’un corps dans la rotation des spires

    ce vide atroce d’une crémation

 

dans la saillie de la gueule

    le totem vertébral planté dans la station de la tête

    bouffe la langue à même la face

 

un hochet d’osselets

    comme un collier d’idées noires avec au centre l’idée fermée d’un aveuglement de la rétine où s’excave le rouet définitif

 

& ne pas perdre la substance noire de la surface des masques

    cette transfiguration des filaments d’encre

 

& cette bouche carbonisée qui bâille dans l’âtre de sa conscience

 

l’abrasement du masque sous le visage écrasé comme les parois du rétrécissement insensé du rouet de l’origine dévidé de la langue et ce crachage des signes sous l’atout de l’absence

 

entre rouages des forces et écrouements des formes

    comme l’étauïsation de la gueule où remuent toutes les membranes noires de l’anéantissement

 

maintenant, les dernières lumières pénètrent difficilement sous le poids de l’espace

 

le visage retourné au pan de sang de son masque

    et affres dans le charbon écrasé où s’éjecte le crâne qui dresse l’énième corps dans sa fente

 

l’élévation des nerfs où vitraille la rage

    ce raidissement de lumière étouffée sous la face aveugle d’un cœur totem qui bat au bord de son ombre

 

entre la farce des morts et le risible de la vie

    l’orbite vide de la face

 

tirer la langue et la tenir dans l’immensité du silence

 

aux boîtes d’images mortes

    stations d’anéantissement

    niches aqueuses du non-monde

 

& l’état gravé au fronton du tau carbonisé dans l’écrasement

    comme des boules de sang qui éclatent

 

l’aspiration des signes dans le trou osseux

    comme un grouillement de larves dans la cavité de l’aveuglement

 

& l’état glaireux des langues qui gisent dans l’auge des temps

 

dans le cul de basse fosse

    être en forme

    ou retomber dans le chaos interne de la carne noire

 

à la fente visqueuse de la langue où bée le déglairage de la forme

 

& sous le soleil noir de cette vie

    ces particules de lumière de la naissance des mondes

 

le constat de la membrane où gît la névralgie du trou d’encre et son remuement entre l’os et l’ossement du bac de bavage pris sur l’êtreté même dans le conchiement des sales petits commerces entretenus avec ce qui sert de réalité commune dans ses lois afin d’y gonfler la poche à signes sur le hoquet perpétuel des giclées de la langue

 

une conscience dans la carnation

    et nulle trace d’être

 

spasmes des larves

    échos des confins

    états des lointains dégorgés dans le bloc de haine comme une poche de sang qui crève à la surface des choses

 

au nul et rien

    ce coulissement de l’étau

    comme une aspiration écrasante qui presse le goutte à goutte de l’anéantissement

 

& ce legs qui lèche à même la plaie première

    ultime maillon des anneaux coulés dans le crâne des abîmes

    soue des méduses

    bac de baves

    et baquet de membranes dans l’éjection des signes

 

à l’ouverture de la bouche où gît la larve

    le gouffre des centres dans l’écrou de la révulsion

    comme la caverne d’un crâne qui tourne au trou noir où se happe l’enroulement des spires de l’inné

 

là où vrille le cri

    où enfle la plaie pour braire le corpus des prières avec cette supplication qui crève la cavité centrale des vieux morts

    comme des gorges froides aux forges des glaises qui soufflent des bulles d’ombres

 

dans l’espace ventouse où se mélangent les faces

    et faces qui s’empieuvrent dans l’aspiration interne des encres lâchées à la surface de l’abîme

 

à la gueule du gouffre

    il y a les méandres du vide où s’écoulent les nœuds noirs de la tête

 

infra-noir

    où la passe crache la colère des orages

 

le nouage des nerfs catapulte des corps soufflés dans des échos de crâne

 

la conscience broute les fibres de sa surface

 

la membrane tombée de sa rumination lèche le cœur de la langue dans les clous du sas

 

& le renâclement de tout un corps dans la nuit des corps

 

au centre d’éjection

    des sacs de formes projetés dans l’espace

    comme un engouffrement à l’envers où les cris reviennent en eux-mêmes

    source première et plaie finale dans la roue béante du silence

 

dans un cerclage de lumière noire

    une étoile membranique s’étanche dans ses gorgées de glu d’encre afin de se constituer larve de son aspiration

 

à l’angle-mort de la surface

    le liftage des ombres aux creux des étreintes de la matière

    comme ce charbon arraché et roulé dans la langue des signes qui en ont dévoré le centre et le sang

    afin de le cracher noir dans le bruissement de son orage écrasé

 

sous plusieurs épaisseurs de mondes à naître

    et qui pèsent de leurs traînées tombantes à même le crâne comme des boulets de fer dans l’indégorgeable doublure d’encre

 

& des éboulements dans les sanglots de l’espace qui se retournent dans les prismes dévorateurs de la succion des lumières

 

il y a l’esprit

    jamais advenu et toujours retenu dans le manchon de la carnation

 

à la contraction des anneaux

    giclent les écrasements comme des levées de glace dans l’infini

    gavage du boyau de béance

 

& ce trou chié au cœur de l’origine

    creux de terre et bulle aqueuse née d’un gémissement étouffé dans le cercle d’ombre tombé des cieux

 

un pan de néant court sur les parois de la matière

    trace aveugle

    traînée aux quatre coins cardinaux des calvaires de la forme sans lumière

 

& les carnages dans le miroir biseauté des doubles

    ce festin des ombres qui mangent le corps

    cette nourriture d’âcreté noire

 

un lai de chairs

    comme un lai de gavage sous la pesée des entrailles où brame la carne de l’encavernement d’un raclage de signes sur la voie lactée du trou noir à même l’éternité ouverte des roulades où les crânes couvent le trou à naître

    ce rade osseux

    rage des abîmes

    et saoulerie des engluantissements des confins de la langue qui lèche l’âtre de la gueule

    glou de glu

    glou de glas

    glousse

    et gouge

    et bave à ras par la passe

    comme un coup de tête balancé du corps dans cette succion du bord et ses spires carbonisatrices aux écrasements des braises

    neige des broyages

    poussière

    où la pupille mange son blanc

    suc et sang

    cri fixe de l’étoile

    comme les cocons de matière dans le carcan gluant de l’envers

    suspension du non-né contre ce monde-ci et comme troué dans ce monde-là qui en fait la douleur dans son battement de glace

    et où s’aspire la faille du corps

    comme un arbre où s’ouvre la nef de son déversement de terre et d’orage

    comme un coup de cale aux rouets des centres

    comme un soleil qui tourne dans la roue sortie de son axe et qui dévale l’espace noir de la nourriture des morts...

 

 

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