ALEISTER CROWLEY
WITH A COPY OF ‘POEMS AND BALLADS’
Bon Pantagruel, je t’offre ces lyriques,
Vu que tu aimes, comme moi, ces mots
Des roideurs sadiques d’un grand jambot,
Des sacrées lysses de l’amour saphique.
Accepte donc comme témoin complet
D’amitié, ce petit don, qui dit
Toutes les délices de rose et lys,
Ces fleurs odorantes du sadinet !
Oublie donc, en lisant, toute faute
De moi qui écris cette dédicace
Faible, d’une lyre mal attunée;
Souviens-toi seul de l’admiration haute
Qui fait naître, d’éternelle grâce,
La fleur d’une loyale amitié.
[21]
CHANT AU SAINT-ESPRIT
Bah ! gros bougre du ciel !
Tu ne te plais pas seulement
Des chansons de Gabriel,
Ni non plus du sacrement
Très banal, ni des anathèmes;
Mais l’horrible hurlement
De mes curieux blasphèmes
Te plaira, je parierai !
Jésus dit ces anathèmes :
‘Vous ces choses qui direz,
‘Blasphémant le Saint-Esprit,
‘N’aurez pardon pour jamais !’
Néanmoins, Jésus, je dis !
Saint-Esprit, je crois à toi,
Suceur du callibistris
Du bon Dieu, ta douce loi
Moi je garderai toujours !
Salut, bon et puissant roi !
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Je veux goûter tes amours,
Avoir ta belle Marie,
En la jouant les trois tours;
Derrière, et ventre aussi,
Et la belle bouche, après,
Quand je serai ramolli,
Ni la semer de bon blé,
Mais la sucer, si l’on ose
Après toi; je n’aimerais
Comme toi, en pleine névrose,
Si je devine tes goûts,
La faire feuille-de-rose !
Eh, gros bougre ? Es-tu fou
Que ta grosse bouche baise
(Quand la lune est moins aiguë)
Le bon vin au goût des fraises
De ces nymphes si sanglantes —
Ce qu’on nomme ‘les Anglaises’
Envies-tu ces amantes
[85]
Qui le culte de Sapho
Jouissent, petites tantes ?
N’exiges-tu quelque impôt
Sur ces fours des Lesbiennes
Pour ton bon petit jambot ?
Permets-tu que ces chiennes
Boivent de ta Marie miel,
Sans que leurs p’tits culs tiennent
Mémoire de tes autels ?
Ai-je dit assez, bretteur,
Pour m’assurer de l’enfer ?
Bah ! gros bougre du ciel !
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