ALEISTER CROWLEY
« SUBLIME LEAH »
Préface :
« Lundi 28 juin 1920, de 17h25 à 5h15,
Contre toute raison, je suis resté éveillé toute la nuit écrivant un poème pour Leah. Un long poème, les vers, publiables à l’occasion, apparaissant soudain lorsque je faiblissais.
7h, je pense que je réunirai toutes mes ordures en un poème et que je décrirai Leah d’une façon claire.
10h, je l’ai fait. »
Ce qui précède est un extrait du journal d’Aleister Crowley qui vivait à cette époque dans la villa Santa Banhera, près de Cefalu, en Sicile, avec deux maîtresses, des drogues diverses, et un entourage de disciples. D. H. Lawrence se trouvait lui aussi en Sicile à la même époque, cherchant à établir une communauté mystique. Ils ne se rencontrèrent pas. Sinon, l’œuvre de Lawrence eût été sans doute encore plus controversée, ces deux figures littéraires ayant une considérable réputation d’auteurs obscènes. Le poème qui va suivre est certainement un des chefs-d’œuvres d’Aleister Crowley. Il a déjà été publié deux fois, et saisi par le service des douanes, au motif qu’il contrevenait à la loi sur les publications obscènes.
Il peut apparaître dans un premier temps n’être qu’un poème du type de ceux que l’on voit écrits sur les murs des vespasiennes. Il est bien plus que cela. Il contient 156 lignes, et 666 mots, et comme tout bon cabaliste le sait, ce sont les nombres de la prostituée, et de la bête.
Ce poème est aussi une excellente épreuve pour l’initiation. Essayez de le lire à un groupe d’impétrants, et vous constaterez qu’il sépare les bêtes et les enfants. Si vous vous considérez comme un initié et qu’il vous révolte, vous pouvez être sûr que vous n’êtes pas un initié.
Bien que le poème soit dédié à Leah, une des femmes écarlates de Crowley, il est en fait écrit pour la femme avec un grand F. Non pas la jeune poupée, aux yeux faits, parfumée et pomponnée, conçue pour captiver les jeunes hommes naïfs, mais la féminité brute dans toute son énergique gloire.
Crowley était amoureux, en particulier de Leah, et en général de toutes les femmes.
Le poème affirme cela clairement.
Frater Schyren
XI ORDO TEMPLIS OCCIDENTIS
Équinoxe de printemps 1983
Pays de Galle.
Leah sublime,
Déesse au-dessus de moi
Serpent du limon
Alostrael, aime-moi
Notre maître, le démon
Favorise la débauche
Foule de tes pieds
Mon cœur jusqu’à le blesser
Foule-le, mets
Le barbouillage de ta crasse
Sur mon amour, sur ma honte,
Griffonne ton nom
Chevauche ta bête
Mon autoritaire salope
Avec tes cuisses grasses
Avec la sueur de tes démangeaisons
Embroche-toi sur moi écarlate
Bouche de ma putain
Maintenant de ton large
Et brute con, l’abîme
Envoie en jet le flot
De ta pisse grésillante
Dans ma bouche, oh ma prostituée
Laisse-la couler, laisse-la couler
Tu urines comme une jument
À travers tes poils mouillés
Ton jet est comme
Celui d’une baleine.
Éclabousse le fumier
Et pisse. De l’égout
Viens sur moi vite
Avec tes dents sur mes lèvres
Et ta main sur ma bite
Étreins-la fiévreusement
Ma vie comme elle s’enivre
Comme ton haleine pue
Chie sur moi coquine
La merde crémeuse
La merde graisseuse
Qui tombe de tes boyaux
Bave ta bouse
Sur le bout de ma langue
Épuise-moi encore, flagelle-moi
Leah le cri
D’un spasme m’éclabousse
Du limon de ta crevasse
Étouffe-moi avec les ordures
De ton ventre de truie
Frappe de ton démonial
Rire mon cerveau
Trempe-moi dans le cognac
Dans ton con et dans la cocaïne
Assise sur moi vautre-toi
Dans ma bouche Leah, chie !
Bouillonne sur moi, Leah.
Tortille-toi sur tes cuisses
Barbouille de ta diarrhée
Mes yeux.
Crache ta merde
De ton trou sans fond
Mets-toi au travail, mâche-la
Avec moi, Leah la putain
Vomis-la, dégueule-la,
Et lèche-la de nouveau.
Nous avons soif
De dégoûtantes boissons.
Vide tes intestins
Je suis amoureux du trou de ton cul.
Souillon
Je sais où te la mettre
Là elle va, sondant
L’infecte putain.
Ta main, elle est sale !
Ta main qui a usé
Ton amour, en d’obscènes
Messes noires, qui plaisaient
À ton âme, de ta main
Sens comme ma trique se dresse
Ta vie durant, de l’impudique
Fillette à la mûre
Catin qui s’est nourrie
De ses propres déchets
Ta main était la clef de...
Et maintenant tu me branles aussi !
Frotte tout le fumier
De ton con sur moi Leah
Laisse-moi sucer
Toutes les gomorrhées gluantes
De ta moule, sans fin
Jusqu’à ce que tu jouisses.
Ton con a hébergé
Toutes les saletés et toutes les maladies
Dans ton trou visqueux
Et distendu, avec ses croûtes
Ses menstrues et ses poux
Tu barattes les mâles.
Enduis tout de tes glaires !
Empoisonne la flèche !
Que ta vérole me mange
Par l’entremise de l’énergique
Con que tu m’as offert
J’aime que tu me pourrisses
Ton con qui a fait décharger
Des bites, qui a expulsé
Des fœtus, qui a été tringlé
Jusqu’à ce que des salauds
S’y épanchent
Épuise-le sur mon visage.
Sac de peau
Et d’os, comme je parle
Je baise ta grimace
Dans un éclat de rire.
Je te baise coquine
Je te baise par derrière !
Tu frétilles comme un porc
Tu tords tes guiboles.
Remue-toi dessous, retire
Toi à demi, engloutis-le dans
Un cri, cochonne, sale !
Je veux qu’il te fasse mal.
Lionne jaillis
De ton trou à jouir !
Vomis l’ordure de
Ton âme syphilitique
Crache d’ignobles mots
Dans l’auge de ton repas.
Que le démon ton seigneur
Griffonne sur ton âme
Des dictons orduriers.
Appelle-moi ton amoureux
Esclave de l’anus,
Du cul d’une souillon.
Appelle-moi ton égout
De morve et d’ordures
Le renifleur de la merde de ta fente
Appelle-moi ainsi dans le délire
Du viol de ton esclave.
Bordel ! Merde ! laisse-moi jouir
Alostrael, bordel
Je m’épuise en toi
Bordel ! mouille.
Du cul de ma putain, je retire
Sale, ma bite.
Suce-la ma truie !
Je suis ton chien, bordel, merde !
Avale maintenant.
Reposons-nous
Satan te donne
Une couronne pour un esclave.
Je suis ton destin, sur
Ton ventre, au-dessus de toi
Je le jure par Satan
Leah je t’aime
Je deviens fou
Recommençons !
26 x 6 = 156 lignes — Babalon.
666 mots — Thérion.
Thérion dans Babalon, et le soleil dans la femelle, unité dans la dualité.
Thérion dans Babalon.
(Traduction de Christian Bouchet — Domaine de la Butterie/Château Thebaud / 44690 LA HAIE FOUASSIÈRE / FRANCE — qui anime la revue THELEMA et la Société des Amis d’Aleister Crowley).