Marc QUESTIN

 

VISION TRAGIQUE

 

 

Elle se soulève, délicatement, accoudée aux grimoires d’une oraison de peupliers. Le sang chavire dans les ténèbres des hiéroglyphes parcheminés. On dirait que les mots s’extasient à l’encan. L’Univers se dépeuple. La nuit brûle ses carrefours. C’est le jeu des miroirs de signer nos contrats, de s’embusquer aux terres lointaines, de parcourir les sens du monde. La Terre, ce périple éphémère, cette histoire de jadis, a toujours su l’intelligence de ces départs précipités. La danse bleue des abîmes ensorcelle notre errance. Du feu vainqueur je me libère. Les sentiers sont déserts et la neige t’y recueille. La gueule des ombres s’y profilait. Voici le ciel. Le ciel tombe du sommeil. Ma volonté s’est dirigée au fil du souffle des pensées vaines. Plus rien n’existe. Le je se meurt. Plus rien ne danse. Tout est tragique. Des gangsters ont pleuré. Des écureuils ont sangloté. De la neige coule entre tes yeux. Mais l’ascète se dépasse. J’effleure les ruines du subconscient. Futur des noces et du plaisir. Je lâche mes bombes. J’allume la mèche... C’est le ciel éternel qui sursoit aux réveils. Mon cœur se glace. Est-ce la mort qui vacille ? J’écris aux cris du long couteau. Je subirai mes pénitences. Jason, Janus, les Argonautes. Pensées wildiennes en haut du fleuve. Diamant d’éther. Les mouettes sacrées libèrent la noce. C’est un vol de visions. L’aventure se surveille. J’erre dans les rues du temps des plaines. Roi mystérieux des agissements. Je me coule dans la nuit des plaisirs centrifuges. Alexandre est mon nom. Je plais aux dames d’un certain âge. Je suis serveur sentimental. Dieu s’échappe (la galère). Photos du jour. Papier grisâtre. Le long cil de ses voiles. De la mort victorieuse. Du village de Rio. La grande cascade des fleurs du rêve.

 

Photographie : Claude MAILLARD

 

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