Marc
QUESTIN
ÉDITORIAL
Diriger
une revue relève de la plus pure acrobatie. Ce numéro consacré aux « forces
de l’intuition » sera-t-il le dernier ? Nous annoncions, à la fin de notre
dernière parution, la publication alléchante de textes fort divers. Depuis,
les événements, les circonstances, modelant notre désir, en ont décidé autrement.
Qu’à cela ne tienne ! Ces textes que vous découvrirez ici sont anciens mais
la valeur, le sens, la qualité, n’auraient que faire des dates ni des modes.
Il nous a plu, ces textes, de les publier. Nous espérons que vous serez nombreux
à partager notre plaisir. Il s’agissait de se débarrasser au plus vite d’un
passé encombrant et d’offrir ces visions en pâture à nos contemporains. La
modernité n’est qu’un leurre. Nous vivons dans un univers définitivement a-temporel
et rien ne pourra jamais remplacer cette soif voluptueuse de connaissance
qui est notre raison de vivre et notre joie d’espérer. Notre prochain numéro
tournera autour du monde islamique (du Soufisme en particulier) mais nous
serons également en mesure de livrer certaines clefs sur Yukio
Mishima. Pour le reste nous faisons confiance au Destin. Notre Dossier Jean
Carteret a quand même rencontré un important écho et le moment est bientôt
proche d’une seconde édition de ce numéro 6. Un livre écrit par nous va sortir
prochainement aux Éditions de l’Atelier de l’Agneau
(Belgique) d’ici la fin de l’année. Il s’agit de La Naissance d’Aphrodite,
recueil en trois parties. Il n’était pas trop tôt tout de même qu’un
véritable éditeur s’intéresse enfin d’assez près à nos travaux les plus patients.
Comme quoi il eut suffi d’attendre. Le quatrième numéro de Révolution intérieure est sur le point de paraître. C’est notre ami/confrère
Daniel Giraud qui supervise cette entreprise. Il serait enfin temps que les
animateurs de revues s’entraident afin d’y voir plus clair ! Nous saluons
au passage nos amis de Mot pour Mot
qui défendent maintenant avec succès une conception plus juste et plus
intelligible de l’acte de création et du travail sur l’écriture. Nous souhaiterions
vraiment que ces revues fassent des émules et qu’elles se multiplient dans
toutes les directions afin de dépasser ces temps gris éphémères qui n’ont
d’autre vertu que de nous obliger à toujours mieux trancher avec force dans
le vif. Que l’Art Baroque se perpétue et que les
anges de la conscience illuminent notre esprit de la lumière des métaphores
car le Verbe est agi par des forces indicibles et l’Univers en nous s’éveille au gré des rythmes de notre souffle.
Ultime
trace d’un parcours dans les limbes du savoir. Les étapes du passage sont
les yeux du miroir. Ne faut-il pas se mettre à nu ? Dominer la souffrance
et déjouer les impasses. Les anges du Verbe ont quitté l’homme. La matière
vide s’est infiltrée au large des îles du non-savoir.
Pour chasser les démons qui reviennent au galop. Effacer les indices du souvenir
millénaire. Effacer les bourreaux et leurs œuvres de sadiques. Des geôles
de Turquie à l’horrible Apartheid, du fascisme quotidien aux impostures démagogiques,
le monde mis en SPECTACLE par son leurre se détruit. Techniciens du silence,
magiciens du hasard, de nouvelles valeurs ivres et des lois magnanimes. L’Utopie épousera la fougueuse Anarchie. Politique d’écriture
et d’un sens visionnaire. Le Verbe traverse les veines du temps. L’écriture des nomades, transmutant
les passions, s’ouvre au noir de la foudre, l’épopée du miracle.
Yukio MISHIMA
Photographie : Eikoh HOSOÉ