Marc
QUESTIN
LE
GRAND RETOUR
Le
langage troué par le soleil. Nos blasons sont de chair, notre insouciance
est de jasmin, du jasmin le plus rare et de la rose la plus tantrique. L’intérieur
de ton corps est un pur mandala. Bunker des nerfs,
du cœur, des sens. Amalgame du silence et d’un bruit terrifiant. Ce sont les
hordes babyloniennes, celles qui broient le langage, qui concassent la pensée,
qui usurpent le mental et lacèrent les images. La mort nue s’émerveille des
pâleurs de l’esprit. Nous sommes des ombres dans cette lumière. Plus rien
ici ne m’appartient. J’osais même adorer de parfaites oasis, des statuettes
infidèles qui proclament leur souffrance, des satrapes en furie qui tournoient
dans l’espace, les nains du cœur et de la tête, fourmis sans cesse recommencées,
et qui jonglent avec Toi dans la nuit des labeurs. On ne fait qu’effleurer,
que se glisser silencieusement (de l’autre côté du monde magique) quand se
tait l’écriture, quand la pensée enfin se calme.
Ces icebergs magnétiques descendaient aux abîmes. Des chansons tonkinoises
flottent dans l’air saturé. Le hasard pille la connaissance. On revient de
Turquie ou des terres yougoslaves, on se faufile à travers champ, on porte
en soi un soleil noir, on ne lâche plus la proue des sens. Conversion à l’éclipse
dans un ciel de faïence. Mutations rauques des fleuves australs. Les écrans
du silence ont mixé ta présence. De si neuves poésies sont issues du discours,
d’un monologue d’hyper-fiction qu’engendre un œil
toujours vivace. Mais à trouer le discours c’est le corps qui s’éveille. À
force de vaincre les habitudes on plonge dans l’âme des choses vivantes, on
choisit sa distance et sa force magnanime. Je parlais des éclipses et des
pierres du soleil, des antilopes coopérantes et du Mexique des incartades.
Je nommais ces visions du Parfait Occident, incidences du parcours dans un
monde-satellite. Tout ce silence cassait la nuit.
Sablier rouge des messes baroques. Je saluais la Vision et j’entrais dans
l’extase.