Philippe
PISSIER
LA
FOUDRE DES MIROIRS ÉCARQUILLÉS
La
pluie bouclée assommait mes pupilles fatiguées... des algues déplaçaient leurs
sigles boueux. Alors la mécanique de Hic Docet Morir
se dénuda de par le marbre des lèvres spectrales. Brûlures légères de la caresse
ovoïde, mon estomac retourné. J’observais les limites et les murs. Toute la
philosophie des rayons X. L’océan est enfermé dans les crayons de couleurs.
Il y eut les cieux Tage et leurs figures géométriques, les chevaux noirs du
futur, les belles-peaux au travers des hublots.
Confiture d’éclairages ivres, collages balistiques de serrures et de clés.
Poids des déserts inquiétants ; l’instabilité et l’évolution du délire céleste.
Tarentules de velours contre les iris bandés du visiteur nocturne. Pièces
de théâtre où saigne l’anthropophagie amoureuse des vies ultérieures. Entre
le marteau et l’enclume la conscience morcelée puzzle d’imperméables sous-marins.
La transpiration opiacée des prémonitions encrait le seuil des autres dimensions
(un cœur qui bat très fort). La subversion de l’eau qui passe à la glace.
Une double épaisseur de chorégraphies unilatérales chatouille la voix caverneuse,
l’éloge incandescent d’une existence gommée. Bas-ventres pétillants d’androjeans
à construire (l’aide sensible des mots-meccanos). Des hordes de crises affectives et morales
préparant le terrain aux bombardements de la mutation. À savoir la foudre
des miroirs écarquillés. Transi de poisons crématoires et sacrés, je m’écroulais,
ma joue et ma langue amorçant une offensive ludique contre le bitume. Minéraux,
vous êtes les émissaires d’une nouvelle culture injectée de 69. Sirotais en
silence la complainte des shiloms turbulents. L’épiderme en fusion avec le
monde, l’émotion du dénommé poète doit s’intégrer au corps de l’intéressé.
Les prophéties nous surprennent, l’œil du cyclope obscurcira le diamant solaire.
Compresses gamma chroniques de la faune astrologique. Troisième œil du dragon
rugissant manipule les combinaisons érotiques des vénusiennes spatiales maquillées
de bleu. Le mot originel, retourner à la source big-bang du langage. Sa destinée
et les cordes acidulées du bondage innocent. Des Lili Monroe génies issus
du feu. Trajets pointillés du stroboscope lunaire. Le calendrier de la vie
translucide est à répandre, datura mensongère et
vélictueuse. Strip-tease de l’anéantissement empreintes de la folie qui prend possession du domaine cervical
ainsi offert. Points acquis : une certaine sagesse due à l’expérience du vide.
Mais les phares de l’angoisse pulsent le regard convulsé d’épuisements. Chevaux
noirs, ceci n’est pas un adieu.
(mai 1981)
Yukio MISHIMA
Photographie : Eikoh HOSOÉ