Daniel GIRAUD

 

JEAN CARTERET OU L’ALCHIMIE DU VERBE

 

 

Quand l’Alchimie rencontre sa sœur jumelle l’Astrologie, cette « Architecture du langage du monde » est vécue comme expérience. « L’astrologie est une pratique qui doit tuer le métier. Je ne peux pas interpréter un thème mais je comprends le mécanisme comme quelqu’un qui connaît très bien le moteur mais qui ne fait pas le taxi »...

Jean est mort lors de la Pleine Lune de Juin 1980, dans son sommeil diurne. Le Soleil en Cancer transitant sur son Neptune natal joint à son Ascendant Gémeaux s’opposait avec la Lune passant en Capricorne sur Uranus, à son Descendant en Sagittaire. L’alchimiste entre la Porte des Hommes et la Porte des Dieux tentait encore l’union des opposés. Solitude d’un Neptunien...

Il est mort

Le monde entier autour de lui

Dans les dialogues du signe et du son, raccords entre les plans du langage, les ordonnances du verbe de Jean Carteret ne sont-elles pas révolutionnaires dans la communication-communion ?

Dans l’écoulement des mots pesés il était source vivante où l’on s’abreuvait des nuits entières. S’il ne pouvait écrire c’est que sa parole était écrite structurée parfaitement comme un dit issu d’outre-espace. Lorsqu’il commença à écrire, peu de temps avant son « mourir », il ne parlait déjà plus. Et si aujourd’hui le Navigateur des Grandes Eaux se tait encore ses yeux bleus d’outre-mer ne luisent-ils pas d’amour au plus lointain où chaque proche est entraîné ? Le courant s’écoule toujours par l’upaguru.

Mais dans la gamme des sphères célestes où s’articule « la structure planétaire » et à travers ces « pouvoirs de la parole » dont parlait Daumal, la bouche n’est-elle pas la blessure du monde dans le monde et la blessure du divin ? Et si comme le dit Jean Carteret les « ténèbres du plein » sont au « chaos » ce que sont les « ténèbres du vide » au néant... ne pourrait-on pas dire en une sorte de promotion anaphorique, que les lumières du plein sont au cosmos ce que sont les lumières du vide au non-être ? Ce pourquoi je restai muet ou presque dans la nuit du trois au quatre : on ne peut concilier dialectique et non-dualité.

Vois-tu Jean ta ferveur n’a pas délié les chaînes qui me font otage entre les mains du monde. Toujours bègue du langage, si j’écris comme exigence du témoignage pour assumer mes phrases, je ne peux me résorber dans le collectif ou encore dans un panthéon astrologique. Ainsi mes ratures blessent l’écrit maculé par le temps : mon corps.

Tu m’as appris l’Astrologie et la maîtrise du langage mais je demeure poète sans poésie, je veux dire tiers-exclu du monde sans pouvoir changer de peau au mal-être de mon instantané du Ciel. Ce qui n’est pas une raison pour abdiquer en refusant d’autres « upaguru »...

Mais je sais. À l’envers de la parole : dire pour ne. plus parler. Parole du Silence. « Présence de l’Absence ». À l’écoute de l’écoute... être sans être.

 

 

 

 

Dans chaque publication future de BUNKER vous trouverez des inédits (textes et photos) de Carteret. Ce Dossier, pour tout dire, n’est que le préambule d’une longue série de numéros qui cerneront du mieux possible la toute puissante Parole de Jean Carteret.

 

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