LUCIEN HUNO BADER
AUTODIDACTES
...et
QUELQU’UN POUR
crier
dans l’horreur du Néant Pur
un sale goût de mort dans la bouche
des relents sans mélange
le besoin de se défaire du monde
cette vieille peur qui démange
ce cri collé aux dents
ce refus permanent du mensonge
le silence qui tourne
quand le vertige gagne
et son rire demeuré dans la tête
immense bluff
QUELQU’UN
là
replié
ramassé dans son ombre
soliloque à bâtons rompus
sanguinolence des ténèbres
se fait violence
s’arrachant les mots
les plus gangrénés du corps
fœtus écrasé
sans position
flottant dans l’immobile
pour renaître enfin
les pieds devant.
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La mort qui parle
qui respire par ma bouche
dans mes yeux fixes
l’absence de temps
perpétuel mouron
mouvements brisés
membres cassés
moignons ballants
dans l’arrière-fond
du photomaton
UNE CONSCIENCE MASQUÉE
quelqu’un qui sait
qui a toujours su.
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VIDES les régions du cœur
dans la paleur immaculée
la substance broyée du fou
aux lèpres sanguinolentes
Le monde, quelque-part
une vivance en jachère
l’Attente du rire affreux
le temps qui se dérobe
Multitudes de nerfs
secouant l’espace
de toutes ses aigreurs
le vent qui boursouffle
Apparences sans nom
aux extrêmes de l’entendement
remous qui s’en retournent
aux cavités immondes
une sorte de tournis
Le cumul des vertiges
sur des faces en haleine
où le souffle bat
★
se parle tout seul
les mots tournent
les pensées se cognent
j’ai touché l’abîme
j’ai marché trop longtemps
d’un mur à l’autre
mondes obliques traversés
des minutes entières
dans la foultitude des ombres
où s’assimilent meurtries
les formes antérieures
à la mémoire de l’Œil
je suis passé partout parmi
les fresques enchevêtrées
sur les vitres chiures de mouches
écritures éphémères.
★
Une ombre déambule sans bruit. Embarrassée dans ses angulations saillantes, empêtrée dans ses mouvements, elle échappe pourtant à toute observation.
Homme ou bête ou les deux. Tente en secret de renouveler son apparence. Encombré qu’il-elle-ça est de ses contours rudimentaires, sortie tout droit de sa propre imagination. Une ombre déambule, membres retournés. Elle songe à sa mort, au retour à l’enfance. Embarrassée dans un corps apparemment sans occupant.
L’ombre souffre d’une inaccessible solitude. Elle a mal dans sa chair quand l’émotivité aveugle et sourde à ses hurlements rentrés déploie froidement son incroyable panoplie d’instruments de torture et autres bizarreries issues de sa tyrannique sensibilité.
Elle a mal sous sa masse éthérée, sous son ventre, sous chaque mur frôlé de trop près. Dépendance de la moindre architecture, à jamais condamnée dans les constructions de sa fantasmagorie.
Déambule dans l’immuable ténèbre, tâtonnant des parois coupées de tout : fondations sans base.
Sans le moindre appui.
Sans un bruit...
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