Jacques
JUIN
LA
SÈVE RECONNAISSANTE (extrait)
Les
fondrières de l’appartenance engloutissent la volonté du savoir dans le labyrinthe
des satisfactions. La pensée se pense, manifeste l’empreinte de nos lèvres
sur le miroir de la tranquillité. Le simulacre des continents cisèle la bordure
muette du nuage où transpire l’insaisissable de la pluie. Du monde, nous découpons
l’image du monde où foisonnent les symboles obscurs de notre reconnaissance.
Les sentiers réversibles de la temporalité absorbent les toisons
éparses du ciel qui se consument dans la rougeur de nos joues. Ombres et lumières
creusent les spirales de la conscience.
Les cages dorées de la finitude enserrent les dards de l’instantané.
Les clairières lentes de l’épopée s’accrochent au double des
buissons transitoires. Dans l’immobilité du voyage se répand cet « autre que
nous sommes ».
Nous enivrons l’espace de son invisibilité. Les traits solaires
de l’antique chariot s’inclinent à l’orée friable de nos cris. Nous apprenons
à mourir dans les antichambres hantées de nos corps d’où nous guettons inquiets
l’apparition fourbe mais prévisible de nouvelles planètes.
Collage : RÂ (Jacques JUIN)