F.J. OSSANG

 

COMME CHIFFRES DE LA MORAINE INTERNE

 

 

(Pour Olivier Larronde)

 

 

 

Structure :

 

Elle est venue, je crois, l’heure...........................................................................2
I - Loi glaciaire.......................................................................................................3
II - Palimpseste.......................................................................................................5
III - Les ateliers de la mort........................................................................................6
IV - Matinales neurones..........................................................................................10
V - Quinte.............................................................................................................13
VI - Exsangue congestion........................................................................................15
VII - Prime demeure.................................................................................................17

 

 Elle est venue, je crois, l’heure des grands froids qui décide de notre Adieu, à tous qui sommes un battement de tuinal sur ces premières neiges. L’heure est venue où les tremblements se couchent et se figent avec l’amertume qu’hier encore nous avons cru haïr, mais qui désormais nous absorbe. Et qu’il faudra saluer comme seule pierre de tombe.

 

 

I – LOI GLACIAIRE

 

La Moraine.

Débris qu’à la montagne de chair le glacier arrache et qu’il entraîne internes.

 

Du corps, les eaux se retirent. Survient une rumeur. Une rumeur de bitume.

Et avec elle, la fin d’un Ordre des choses.

Malmené dans les ateliers de la Mort, il tente d’arrimer la nuit polaire aux derniers soleils de l’hypophyse, mais il est peut-être déjà trop tard : le corps s’est tout entier offert aux Mœurs dissolues de « L’Orbe Antérieur ».

 

Intouchable délice de peau, la revenance mange ma tête comme un fruit de mer, tandis que la « Moraine Interne » affermit ses prises de glaise et de neiges.

 

 

Et lui est seul. Définitivement seul à l’intérieur de la Loi. Cette loi en tous points semblable à celle

d’Eau Lourde l’Opale.

Il est seul, et sans fin on le multiplie. On le partage. À la surface de l’eau où il nage, comme pris dans l’étau de ses restes corporels.

 

Il nage dans l’eau démembrée du Réseau. Le réseau d’images de lui — qu’autrefois il aurait pu croire constitutives de l’expérience intérieure, mais où désormais se forment tous les gestes du Dehors.

 

Dans l’eau, comme une figure qui se convulse dedans les 2 hors.

 

Il est seul et il se dédouble tout hors de lui. À peine fût-il expiré dedans la confuse haleine que l’on restitua son commencement et sa fin à la Moraine Interne. Si bien qu’il nage à la surface étale de sa propre fission, disloqué à l’intérieur d’un corset de sels restitués, seul dans l’atelier marin. En exil de la Moraine Interne où demeurent les formes et les forces dont il se souvient comme siennes.

 

Informe force que l’on partage, que l’on multiplie, qu’à Rien l’on dévolue.

 

« Rien, Voilà l’Ordre ».

 

Informe force qui furieuse dans son eau secrète recherche l’Ordre des entremondes.

 

« Cambre-toi sous le poids de rien, l’isolant

Armurerie sans décor sauf

Rien : c’est le thyrse où mes amours s’entortillent,

Le pied marin sur les pentes à chaque geste ».

 

Informe force qui perce le secret de l’Orbe Antérieur. Informe force dont les chiffres perforent la Moraine Interne.

 

 

II – PALIMPSESTE

 

1 -

 

Courbé sous l’épiderme de la roche en sangs, Olivier Larronde a vu s’écrouler le toit des durées ultérieures.

 

Incubation des rougeurs nègres au centre de notre ciel de poudre, Il est Ici pour re-susciter l’impérieuse terreur des états de Prénatalité (cette épreuve qui soude l’expérience des Grands Morts à la permanente concamération des mondes).

 

 

2 -

 

Palimpseste (géologie volatile). Celle qui bouge dedans lui.

Disloqués par le remuement des entremondes, nous suivons les coulées de glaise et de neiges où se confondent nos mélanges de créatures.

Nous survivons dans cette nuit polaire où l’éther impur finit de luire.

Nous sommes tombés dans les catacombes du sang. L’ascendance et le devenir s’étranglent dans la convoitise de telle lueur semblable à celle du plomb fondu. Ensemble, ils s’engloutissent à l’intérieur du remugle de lactances propre au vomissement originel.

Les forces et le visage des principes sexuels se sont absorbés au chœur d’Eau Lourde l’Opale. Il semble que le mythe des cendres blanches du Grand Nord se soit pour toujours révulsé.

 

 

3 -

 

Trois livres, comme un poing de sang brandi à même l’exsangue congestion qui menace leur auteur : « Les Barricades Mystérieuses » (1946), « Rien Voilà l’Ordre » (L’Arbalète, 1959), et « L’Arbre à lettres » (l’Arbalète, 1966). Larronde mort sans finir de disposer ses poèmes à l’intérieur du dernier.

Trois livres que cette époque semble vouloir ignorer. Les œuvres complètes d’un être cité de manière fatale sur ces territoires où l’intensité est blanche. D’épure, d’anonymie et de puissance à nu.

Mortel de la série soixante, Antidieu d’onde au siècle vingt, Olivier Larronde a disparu, bouche de gorge rivée à l’obscène entennoir de la Moraine Interne, mis au blême par cette violence indifférenciée dont il a foré les nuits physiques — au point d’atteindre l’Inlieu. L’Entr’orbe néant où tous ils reviennent pour vivre au sortir de l’Affre Unanime, de retour de toutes les petites morts.

 

 

Le Sacré : une fissure dans la complexion du métal. Les effluves de l’image blessée. L’ambivalence d’une réalité fugitive où demeurerait inscrit le partage des épreuves. L’identité de naissance anéantie de tout phénomène naturel.

 

 

III – LES ATELIERS DE LA MORT.

 

1.

 

Depuis cette mer orgelée où souffle une fille nue, telle méduse atonale qui fugue ses grappes. Et bu les poèmes de l’interne coulée de bris. Bien qu’étanche au bitume, comme rumeur.

 

La jeune mouille dans les pièces léthéennes de l’Algue. Hors doute, elle infuse dans le silence de mes figures. Se dehors dédouble orifice. Celle qui bouge dedans lui.

 

« Le couchant de ta gueule au baiser du

couchant

mon cœur à prendre sur tes dents

au même temps que je l’emporte sur mon cœur

sans cesse à prendre sur tes dents,

Hyène ! mais

te résoudre à endosser ma chair ».

 

Le chœur se pétrifie comme d’intérieur au jamais même bitume en moraine.

 

Outre muqueuse, elle s’est déliée dans ce corps. Tandis qu’il crie sous la menace des suppliques. Sexuelle, elle demeure dans sa Ténèbre.

 

 

2.

 

Et lui se noie dans l’impression d’un lest au milieu des Pièces Du Sommeil. Un nœud de cartilages palpitant à l’endroit du cœur.

 

Bruit d’eau de pluie qui refoule à l’estuaire des gorges. L’étranglement révulsé de la migraine. Touffeur internée, presque chiffre de cuivre. Remontant d’une défaite, et vers le triomphe déjà. Nada negator. Celui-là précis qui remonte d’un puits d’épouvante cellulaire.

 

« Vos froideurs froissées, héritière

Des rosées volent une et une.

Aussi le nid du noir sans lune :

Mes toutes puissantes paupières. »

 

Depuis ou vers, quand bien même importe, la défaite. Et le Triomphe. Via ces ombres blanches qui se remembrent dehors les viviers d’Eau Lourde l’Opale. Quand bien même ils nous évincent du Dessein, le dessein triomphe dedans les 2 hors de la tête et de tous les corps. Car le Triomphe nous exige en proies et nous mandate figures ultimes de la Chasse. Tel il en est d’Olivier Larronde, celui-ci qui fut cité de manière fatale sur ces territoires où l’intensité est blanche.

 

À mort & Totalités, l’en deçà de l’antérieur ou de l’ultérieur, envers dedans et contre les 2 hors qui vacillent dans notre ombre fendue, c’est le nombre ou l’atome initial. En dépit de ces opérations maléfiques qui le multiplient, qui le partagent, qui le dévoluent à Rien.

Bref, comme chiffres de la Moraine Interne.

 

Car et quand bien même meure celle qui dedans lui bouge.

 

Il soigne ses roses. « Rose & Mon Droit ». Ce sont les corps de l’Ouvrage qui l’éveillent d’abord aux cortèges. Mortelles ensuite dont il dénonce la commotion.

 

« Être un seul : il poursuivait en lisière une nuit

prendre racine. »

 

Celle qui meurt dedans lui. Se dehors dédouble orifice. Et puis le fruit de ce Blanc qui nous refuse depuis ses plateaux d’interne étendoir.

Et des bruits s’épuisent au centre de la grève respiratoire. Malmené dans les ateliers de la Mort, il tente d’arrimer sa nuit polaire aux derniers soleils de l’hypophyse, mais il est peut-être trop tard : intouchable délice de peau, la revenance mange ma tête comme un fruit de mer.

 

 

IV – MATINALES DE NEURONES

 

1.

 

Chair dont elle sortit plus salie que d’aucune pièce de sommeil équarri. J’ai massacré la jeune qui mouille dans les caves léthéennes de l’Algue. De cela j’ai si peur que meurs avec celle qui, sexuelle, demeure dans ma Ténèbre.

Aux portes de la nuit polaire, je suis le révulsé qui monte depuis ses ratés de mort, qui monte et se lève enfienté du caisson de métal. Très froid chimique et piture cassée, déboulée virale assise au coin du pourrissement, light de lame ou frôlure d’infectio, il bulbote minibrixe. Pacte vomis, il remonte du puits d’épouvante cellulaire. Une odeur avariée, semble-t-il : il s’est massacré dans les 2 hors d’elle, car ce sont 2 elles — l’une pure et l’autre nuit.

 

« Ma bouche au tisonnier j’allume,

n’espérons plus s’il n’est rouge. »

 

Et du sang dans la bouche et les yeux. L’évier de la gorge aussi. L’affre des chimies qu’avalai-je. Elle morte. L’autre et son râle qui me veulent mort. J’étais tout seul et plein de sang. Donc, pour en finir, la mort. Et personne dans l’âme perdue.

 

« Mon sang charrie des glaçons, fleur de la récolte

quand le cortège de ce soir m’ouvrira les veines. »

 

C’est bien ainsi, puisque nécessaire. Certes, j’ai pourri dans l’affreuse nuit intérieure. Hématome buriné de cybales à tous versants de figure. Je ne suis plus désespéré — pire :je rentre de l’égoût mort, délindat valé à cru, je m’en retourne vers moraine avec au chœur des matinales de neurones. Dans mon sang, j’ai bu le marais.

 

Des bribes de lumière irradient la tête murée derrière la chimie de ses remparts. Une éclaircie de cerveau. Des matinales de neurones.

2 hors, c’est la Mort dans ses ateliers. Elle est dedans moi. Dedans moi elle bouge sans moi. Hors d’elle, hors de moi, hors d’elle, je suis mort. Seul.

 

« Quand on est fou, pas pour longtemps ! »

 

De l’autre côté des montagnes et de l’océan, les sciences démembrées incubent. Dans les cryptes de la Ville Détruite. Et elle, se lève dans moi. Ses murmures de fille nue et seule qui mouille à l’intérieur de mon secret déchirent ce qu’hier encore j’espérais sauver de ma dépouille. Elle que je voudrais voir s’éveiller dedans mon sommeil — s’éveiller lorsque mes nuits se brisent. Tout ensemble. Or ce n’est jamais. Donc le mauvais silence :

 

« Ton silence est un verre en cristal, je le brise. »

 

Lorsque s’est soutiré des cuves de la nuit, elles s’ébahirent. La couche en émulsion. Et dedans lui d’elle,

la poche peur ou le dépotoir à tuerie.

Mais bien ainsi puisque nécessaire. Matinales de neurones.

De ce fait s’exorcise. Cependant revois leurs visages d’angles au-dessus du caisson de métal.

 

« Qui m’enfle encor, m’onguente et mène sous les ombres,

Les reposées du cerf où suer mes facettes

Pour enrichir le Prince aux flèches oiselées ? »

 

 

3.

 

C’est à l’occasion de repas sur les tombes que nous découvrîmes Olivier Larronde — assoupi dans le bloc opératoire.

Comme chiffres de la Moraine Interne.

Aucun objet n’avait changé de place. Depuis que l’usine de la Mort avait sombré tous corps et toutes âmes rompus deux hors.

Si terrible la nuit polaire.

enfin

 

« Délaissant ces bouches entrouvertes qui pendent

aux branches, d’un galop les vendangeurs passeront

fouler mon corps

une grappe de leur vigne. »

 

Si terrible nuit polaire.

Perdu dans cette nuit où j’ai tué des gens. Cette nuit où l’éther impur finit de luire. Et dont les effluves nauséabondent ma peur.

 

 

V – QUINTE

 

1.

Revenu du très froid, je vacille dans l’ombre fendue. Elle, je crains de l’avoir perdue. Bien qu’encore elle bouge dedans moi. Elle et moi qui sommes devenus l’affabulation poudrée de toutes les plaintes mémorielles.

 

« Le froid et lui s’abhorraient.

Ils s’entretuèrent

tout d’un feu, intérieur pour les deux — mais ce froid

et la nuit toujours dehors s’entr’aiment, tandis que

lui s ‘est tout à fait refroidi dans les murs fébriles. »

 

L’épouvante cellulaire. L’impossible Abord de son rivage. Tout dedans s’engouffre ou dehors se glace. Cependant, parvînmes à observer du plus loin les effets de la destitution magnifique : informe force que l’on multiplie, que l’on partage, qu’à rien l’on dévolue.

Les carbofilms étaient demeurés intacts. Examinant les rubans corporels restés hors de portée des radiations du Puits, ils dénombrèrent de nouveaux sous-sols au Reflet. Remugle côtier à l’Ouest de la Mer Mort. Ensuite, reconnurent des rumeurs diphramines, à l’intérieur de la cloison des blancs dortoirs. Comme revenues d’En-Bas le Puits d’épouvante cellulaire.

 

Ici, je m’éveille dans un étoilement d’eaux froides et de sang.

 

Terminal Industrial Songs. Plus jamais je ne mourrai. C’est trop affreux d’en revenir, la tête et la chair abîmées. Dans mon sang, j’ai bu les poèmes du chiffre intérieur. J’ai suivi l’informe force d’Olivier Larronde et ses limbes filandreuses, descendues refondre nos entremondes dans l’atelier des marais. Ai-je cru d’abord. Et pour finir, Eau Lourde l’Opale.

 

« La pluie montre ses dents, exige la lumière ».

 

Poudres d’Empire en berne. Contrebandes prédiluviennes sur le parvis de la Fin. Ciel rompu comme chiffres de la Moraine Interne. Tunnels infimes. L’éparsitude et ses rites éphémères. Terminal industrial songs. Les dits télévisuels de la Première Morte.

Elle qui bouge dedans moi.

La narration déborde.

 

 

3.

 

Intouchable délice de peau, la revenance mange ma tête comme un fruit de mer.

 

 

VI – EXSANGUE CONGESTION

 

1.

 

Les prosodies vénéneuses d’Olivier Larronde saignent à blanc. Leurs réseaux de veines désertes épellent cette figure d’intensité qui toujours se brise et jamais ne cesse d’anéantir l’appel qui émane d’elle — alors qu’il n’y a déjà plus de regard ni de geste possible.

 

« Neige de deux hivers ne se reconnaîtraient

Ni vous ne figerez les plis de mon eau froide

Gel du poème, ou son fouillis ne ferez roide. »

 

Perverties la nue et l’expression du mal même qui ronge l’appel.

 

Miracle des glaces, le poème répudie ses couleurs aussi bien que son timbre : c’est comme une chaleur de bitume

qui monte dessous sa peau d’interne moraine,

et qui retourne sur lui-même l’épiderme des apparitions (celles-là mises en scène à seule fin d’être corrompues, réduites à l’obscène nudité, comme au centre d’un poing de sangs néants).

 

 

2.

 

Une suie de goudrons schistiques. Et les neiges.

La niche des morts, ou les Dits survivants de l’escadre blanche. We don’t know. Le fun est décentré. Les autres évoquent la légion nada negator. Elle, elle est morte. Dedans son corps. Dedans lui. Et il vomit les sangs blancs. Pour pénétrer en elle. Dans le Sud, comme à l’intérieur du verre.

 

Rhétorique du procès aléatoire, hallucination de la rigueur (connexe comme de sa vivisection), la poésie de Larronde exhume le vécu ultime, cette réalité qui précède son image vivante (l’outre-réalité) et qui ne s’arbore que dans la fièvre d’en finir.

Vision de réseaux qui ne l’emporte sur le reste qu’à travers l’affolement du sens puisqu’elle n’appelle plus rien. RIEN que l’Éternel Retour où se fonde l’expectoration sabbathique de la Poésie Réelle.

 

 

VII – PRIME DEMEURE

 

1.

 

Terminal industrial songs. Ce qui prime atroce en sangs.

 

Sur le pays je retourne voir bruire mon déclin. He said. Qu’importe, dirent-elles. Le silence et les forêts. De l’or et de la boue que dans les rêts de la neige le dernier hiver a pris. Tels sont les refuges de lui au-dehors d’elle, car pour lymphe ils n’ont qu’éther impur finissant de luire. Ils tombent dans le ciel — dedans l’En-Bas de l’épouvante cellulaire.

 

La veine irréductible en dépit des états de la durée. En dépit des Orbes et de l’entr’orbe. En dépit du Monde et des entremondes. L’Éternel Retour : ce qui prime atroce en sangs.

 

D’hier, d’ailleurs ou de la Mort l’usine, terminal industrial songs.

 

« Tant d’objets vomis par des mains

Exquises chimères polies

Lapideront mes nuits salies

Par un double des instruments. »

 

Ils ont sauté dans le cerveau, basculé dans la Tête Physique du silence enfermé (murs de tempes aux tee vee eyes). Matinales de neurones. Disparu vingt ans plus tôt, Olivier Larronde est des leurs. Messageros Killers Boys. Couteaux sensoriels. Brouillages caméras. Raid nada negator. Come on dolls. Vigies neutralisées sous bruit d’artefacts. Isobathe secret. Oh ! Doll ! Oh ! Boy ! Où sont vos revenances !

 

« Je me dispute avec le soir fragile et casse,

Comme une vitre et j’ai plusieurs cadavres. »

 

Les crispations bêtamorphines délient un emblème crucial directement impliqué dans les anciennes, les éternelles guerres de la tête à l’agonie. Rumeur chaude, comme bitume de sangs. Dédale microcéphale. Définir le détail des ambiances couleurs et des liaisons sonores. Pas de traces d’elle dedans lui, hormis celles qui percent en filigrane des coutures (graphisme opale de maelström veineux). Dessous les brocards ouverts à vifs par fracture des velours de chair osselée et lacération des dentelles dentaires. Interception des messages nada negator — néants qui priment atroce en sangs.

 

« La femme en mouvement a l’air d’une tenture :

La plier, la ranger puisqu’elle me dérange,

Puisqu’elle me déplie ! Me débarrasser d’anges

(…) »

 

 

Décrypter les embruns de peau mâchée dessus les vitres du land-cruiser. Les garçons ont disparu : fondus, absorbés à l’intérieur des carbofilms sexuels.

 

Intouchable délice de peau, la revenante mange leur tête comme un fruit de mer.

 

Elles s’entretuent de lui dehors leur dedans brisé.

 

 

3.

 

S’il faut s’éteindre, que ce soit ici, dedans la moraine de bitume, au cœur du chiffre interne, loin des réseaux de lueurs qui déprécient l’évaluation géophysique du Sang. Ici, loin des vitraux métallisés de la Dernière Maladie : les mers conduisant au Grand Nord de l’Être sont devenues impraticables.

 

Ne demeure que ce qui prime atroce en sangs.

 

Le râle agonise dedans le ventre d’elle et de sa terre.

On subsiste dans la jungle brûlée d’elle qui bouge hagarde en chair, à l’instar de la jeune qui mouille dedans lui déjà mort depuis forcloses veines.

Entre deux tranchants de couteau, un faible espace de lumière sanglante s’est ouvert, comme un délai insulaire, cerné par les pans de cette vitre crépie de boue. La merde au cœur. Dans le froid et la pénombre du Sud, comme à l’intérieur du cristal veineux. Artérielles putrides semblables à la pureté des neiges tachées de sang. Nos palais ont un goût de boue cathodique.

 

 

Toulouse/Pradel, le 23.4.80.

 

 

 

Livres écrits par O. Larronde :

les Barricades Mystérieuses (chez l’auteur, 1946)

Rien Voilà l’Ordre (L’Arbalète, 1953)

L’Arbre à Lettres (L’Arbalète, 1966)

Les 2 derniers disponibles chez l’éditeur : Marc Barbezat 69150 Decines

 

Photographie : Claude MAILLARD

 

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