Didier MANYACH

 

SANS LANGUE NI RÉALITÉ

 

 

Sans Langue ni Réalité, pourtant présent, dans un état de mort interminable, mais Hors, la proue du Vrai...

Helluland, emporté par la lumière, dans les rayons qui la dispersent de part et d’autre, comme dans un palimpseste (peut-être ai-je traversé d’autres terres) vers je ne sais quelle mémoire, identique à cette clameur dont je parle, semblable à la fin à toute l’immensité obscure, pourtant si proche qu’elle est Vision, dissimulée derrière les Yeux, que je nomme et se perdent, dès qu’Elle advient.

C’est au plus près, dans l’Œil qui bat de chaque côté de mes flancs, qu’ils apparaissent de plus en plus. Ils s’avancent successivement dans les cinq Levants et les cinq Couchants qui forment l’entrée du territoire. (Il faut longer toute cette incroyable Boucherie, ce château d’étoiles du sang entouré d’eau, ce courant de bouches à l’agonie qui bavent sur les Portes Rouges).

Des vents que j’entends lorsque l’air se vide, percé de multiples ouvertures, croisé de rosaces qui tournent comme des roues, jusqu’à l’Éther qui s’en empare et nappe de ses fluides leurs surfaces glacées.

L’un d’eux porte l’emblème voisin du soleil et le visage inonde l’inabordable Matière.

Tout est desséché : le feu de la Vallée Noire, la tempe du Fleuve, le sérac du Corps Central, l’incision des traverses, le sodium des rosées.

L’Heure sonne exacte et coïncide. Bien que tout soit figé, éperdu comme l’Énigme dans sa substance qui la recouvre de Saveur, le monde est là-bas, vertical, saillant, étrillé par le Midi qui se couche sur la terre, imputrescible et noire...

 

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