Claude
MAILLARD
polychinelle d’alchid
à coups de pioche, de dés
je hais
les mots sans cul, sans bouche et
sans oreille
exorcisés
sur des millions de larves
Chérifia a gueulé
77 fois
et toi ?
glycine des pas perdus des monts marthes d’illusion
de tant de roues d’autos, de lotos, et
de charres
les landaus passent devant les armoiries
bleue
petite fleur boumédienne
dans les caniveaux balayés d’immigrés
seuls les chiens pissent encore
et les hommes de toutes dérisions marchent
à droite
alimentation service avec la pompe à drogues et la trompe à frigo
vendus au marché des marchés
abc diplomate
gaz-oil, corps d’officié
d à démystifier
les théories pièges à stagnation, fixation
bolducs suicidaires crématoires des trèfles et des pensées sauvages
les palmiers sont plantés à l’envers
et les tirailleurs marocains jouent aux
troubadours de palais
à marée marrakech
les mariées marguerites n’ont plus visage
de femmes
hors les yeux et le sexe brûlant à recouvers
mais les bouches se décousent et vomissent
sur les marécages de royaume
et les pourritures des chefs-meneurs-de-bonnets-d’ânes
théorisation
mutation immunisation cérébralisation
chemins des las-vegas
de morgue et de trésorerie capitale
les klaxons vont mourir
le crois-tu ?
Abdali
le grand marché au blé est ouvert tous
les jours
et les figues sont montées comme des colliers
de perles
garde-noirs, feux
les rires s’épinglent sur les murs d’élection
et les jardins d’ombelles fument le kif
et la mort
garde ta voix
pour la gueuler ailleurs
et arrête de danser
les remparts barbelés sont pires que des
poubelles
tu as six ans
n’embrasse pas l’étranger sa joue est hypothèque
à l’échappée des neiges, les coulées de mazout et les tracteurs
de rafles
éviction
les esclaves se tissent depuis les métropoles
les théories coffres-forts polissés, policiers,
ordonnés
ordre
clafoutis des mots épluchés à l’avance
les renards descendent des montagnes
Ourika, regarde
sous les ongles des bêtes, des morceaux de
cervelle
et à fleur de poteaux, les trous de la
rafale
je vengerai toutes les calèches qui attendent
à la porte des
hôtels
la police est partout les blancs ont des oreilles
El Caïd
El Ayadi
le populaire te veut
46 fois
le car entier chantait mille nuits et une
nouvelle
pour oublier les choukranes
moustiquaires et les miradors de service
écoute
contre les lacrymogènes, les mains battent
tam-tam
de sang vert et de menthe barbarie
les fils des rois dorment dans les cinq
étoiles
théorisation
flippers de lauriers sauce à déjections rentables
les énarques deux par deux défilent en négatif
des macacus thesus
on touche le temps, disait Ibrahim
et le peuple le savait
au café et fath,
les yeux étaient levés non plus vers le ciel mais vers la télé
en français personne ne comprenait
el raloa
prisons, marabouts et charters de mer morte
les amarres sont coupées
à la une des frontières, la carmagnole
Texte
lu à la galerie Jacques Donguy lors d’une soirée
consacrée à la collection UNFINITUDE dirigée par Angéline Neveu. Textes et collages photocopiés qui s’insèrent
dans le cadre de la NÈPE et de Doc(k)s.