Jean
CARTERET
SIRIUS
VÉGA
Le
couple d’étoiles Sirius Véga est un couple dualiste de contradiction à la
situation non seulement de réalité, mais de manifestation, Sirius étant à
Véga ce que la Bête est au Dragon. Mais il y a une différence radicale : la
Bête était passion déterminée en statisme enchaîné. Sirius est aussi passion
déterminée, mais en dynamisme incarné dans un animal domestique — donc lieu
de la révolution du mourir et pas de la mort qui concerne l’espèce humaine
— et Sirius est passion déterminée, mais en situation dynamique de son statisme
premier puisqu’il aboie. Il est donc le Verbe de la parole en situation réagissante,
étoile témoignant par son lever de la coïncidence avec l’inondation du Nil,
qui est bien passion déterminée en état et en action : il coule, mais en réaction
aussi par sa passion, puisqu’il déborde et inonde ses rivages, profondément
à l’intérieur des terres, tandis que Véga est en situation de réaction déterminée
en situation de statisme de son dynamisme premier. Et Véga témoigne du Silence
immanent en réaction, et il est Principe, alors que Sirius n’est pas silence
mais au contraire bruit, pas son, de ses aboiements. Véga, étant réaction
déterminante mais en situation de statisme de son dynamisme premier, est —
je crois bien — témoignage unique du collectif d’écritures secrètes du Verbe
et présence du Principe en demeure — pas en véhicule, tandis que Sirius est
Verbe en véhicule — l’animal — pas en demeure.
Véga est étoile de l’exception, Sirius
est étoile du miracle.
Sirius est étoile plus de Nature que
de Surnature ; Véga est étoile plus de Surnature que de Nature.
Sirius est l’étoile où le trop plein
du Chaos s’écoule, commence à s’écouler ; Véga est l’étoile où le trop vide
commence à se remplir, où l’intemporel commence à s’ouvrir à l’histoire exceptionnellement.
Dans le cas de Sirius, l’histoire commence
à s’ouvrir miraculeusement à la non-histoire, à
l’intemporel.
Le système solaire collectif dont la
Terre est l’unique par excellence — alors que chaque planète est unique sans
excellence — est le domaine de l’existence entre le Chaos — donc entre Sirius
et ses Vertus — et le Néant — donc entre Véga et ses Vertus.
Le Chaos est lieu de la Vie où la nature
l’emporte sur la surnature, le Néant est lieu de l’esprit où la surnature
l’emporte sur la nature, CHAOS étant l’origine, le Néant étant le terme.
Entre les deux et leurs deux étoiles,
le système solaire, ses astres et ses luminaires, est le collectif du domaine
de l’existence dont la Terre est le lieu unique par excellence où paraîtra l’humain et son existence, alors qu’il
y a déjà le cosmique et le divin, le chaos étant au cosmique ce que le néant
est au divin ; mais le cosmique ne pourra surgir que du trop plein du chaos
vidé, alors que le divin ne pourra surgir que du
trop vide du Néant rempli.
Donc la Terre est le lieu unique où peut
surgir l’humain de l’univers. Il n’y a que la Terre réelle pour être le lieu
de l’humanité possible. Il n’y a pas d’humanité ailleurs.
Sur cette terre apparaît la rencontre
entre le mâle et la femelle, qui devient dans l’acte conception, fécondation,
gestation, tout ça étant naissance, puis passage par l’accouchement au Naître,
puis à l’exister de l’être local qui deviendra global en forgeant peu à peu
la conscience qui deviendra conscience absolue de la conscience relative.
Et après l’exister, l’être et son devenir, son avoir, son agir, son faire,
il y a le mourir et la mort, et la victoire nécessaire et inévitable sur la
mort durant un certain temps, par la résurrection par le phénomène déclencheur,
acte unique de l’apocalypse et apparition de la parousie où la résurrection
devient le corps glorieux transparent, après le corps physique opaque de l’existence
qui a précédé le mourir et la mort. Et le corps glorieux de l’âme acquise
au cours du devenir de l’existence est en situation d’essence et non d’existence,
malgré la présence de la chair. C’est par l’acquisition de la conscience au
degré ultime que l’essence qu’est le corps glorieux devient existence, et
le corps opaque devient le corps brillant répandant la clarté autour de lui,
comme serait le phare dans l’océan nuit et jour.
Comme le Chaos est à l’origine et le
Néant au terme, avec l’existence du système solaire, de ses planètes et de
ses luminaires et de la Terre au centre subjectif de tout, ou plutôt domaine
d’intersubjectivité où l’objet est plus et mieux que le sujet, le
physique, quoique produit par la métaphysique qui est tout de même première
avant l’accession à la norme physique du corps qui atteint ainsi un certain
degré de maturation et de maturité donc du devenir de l’être, de l’agir, du
faire et de l’avoir, l’exister, le mourir et la mort vaincue où l’humain s’est
adjoint le cosmique et le divin — Puis, le néant apparaît comme terme absolu
en étant mourir et mort.
Mais si la mort devient le terme absolu,
l’homme est capable — par ses vertus d’humain — de devenir, d’être, d’agir,
de faire, d’avoir et de dépasser tout ça par l’acquisition lente mais toujours
révolutionnaire à son degré ultime de conscience absolue de conscience relative
; il est capable, donc, de remplir le Vide du Néant, ce qui est une transmutation,
la transmutation radicale où le
Néant, lieu du Non-être, devient malgré tout et par conversion absolue, lieu de l’être et en plus de
sa conscience, donc sûrement et nécessairement — à un certain moment — victoire
sur le mourir et sur la mort par la résurrection et l’accession au corps glorieux
de l’âme créée pendant l’existence précédant la mort et le mourir ; corps
glorieux transparent qui n’est encore qu’essence, deviendra, par l’acquisition
en devenir absolu de la conscience ultime où le corps glorieux de l’âme qui
n’était qu’essence devient enfin existence dans un corps brillant et non plus
opaque et définitivement LIBRE et
capable de créations absolues et permanentes pour chaque être humain et pour
tous les humains, y compris l’explosion de l’enfer et l’implosion du Paradis
lors du passage de l’éternité absolue à la situation d’éternité relative ;
de même, passage — aussi — de l’infini absolu à la situation d’infini relatif,
explosion et implosion qui sont contemporaines de ces passages dialectiques
de l’éternité et de l’infini.
Au cimetière du Père Lachaise
Photographie : Michel CAMUS
19 novembre 1976
Photographie : Michel CAMUS