Jean CARTERET

 

LA STRUCTURE PLANÉTAIRE

 

 

Partant du Soleil et de la Lune qui sont dans une dialectique (la Lune est au Soleil ce que la demeure est au véhicule, et le dépassement du véhicule est la demeure, et inversement) on comprend que se posent les rapports d’une complémentarité à partir de ces deux planètes, c’est-à-dire le cercle — l’être — et le demi cercle — le devenir puisqu’il n’est pas achevé — , Le Soleil nécessite Mars et Vénus, Mars nécessite Vénus, et Mars-Vénus nécessitent Jupiter-Saturne, tandis que l’ensemble nécessite Mercure. On est en présence de l’analogue d’un jeu d’échec, où les pièces sont nécessairement logiques.

À partir de Mercure se produit un renversement de ce qui vient du lointain vers le proche (c’est-à-dire les planètes visibles pour l’œil de l’homme en tant qu’il est la mesure du monde). Puisque Mars et Vénus sont des valeurs dialectiques horizontales de primarité, Jupiter et Saturne des valeurs de secondarités verticales, à partir d’une dialectique complémentaire et inverse les valeurs de primarité dans le second groupe vont être verticales (il s’agit d’Uranus et de Neptune) et les valeurs de secondarité (Pluton et Proserpine) vont être horizontales.

Avec un seul point, une seule valeur, s’érige la dialectique de cette valeur qui est l’autre. Le même et l’autre étant ensemble un même (1), appellent une dialectique perpendiculaire qui est la dialectique nouvelle d’un autre même et d’un autre autre (2). À nouveau, même et autre, font un autre même (3) qui va devenir par rapport au premier un ensemble d’un nouvel autre par rapport à un centre de nouveau même (4). La croix devient alors l’égalité des deux rapports : un rapport horizontal et un rapport vertical faits de deux termes chacun. Mais le rapport de l’un à l’autre est un second rapport de rapport, qui est lui un phénomène de globalité. La crucifixion est en somme, vécue en action et en état, une assumation au niveau de la démesure d’une circulation et d’une permutation de tous les pôles.

 

 

Le renversement qui ajoute au rapport du lointain à ici, va être un rapport du ici au lointain, et la secondarité fera changer de plan. Une croix comportant quatre pôles plus le centre, il est nécessaire qu’il y ait dix pôles qui, eux mêmes, sont le témoignage de valeurs essentielles dans chaque couple polaire.

Soleil et Lune étant l’« État-Major » auquel s’ajoutent : la valeur du rapport Soleil-Terre, et la valeur du rapport Lune-Terre, on arrive dans la structure astrologique a une logique qui est inévitable. Si on fait le passage de la langue au langage, la langue est douée de choix (d’où l’évolution du sens...) mais le langage est doué de non-choix, d’où l’étymologie. Comme tout objet, quel qu’il soit, est, vu dans sa globalité, matière et psyché, il est à la fois objet et langage, et... tout parle. Tout existe et tout parle. Il suffit de vivre ce qui parle pour arriver à entendre non plus notre monde, qui est en nous, mais LE monde. Et la dialectique peut alors être vécue dans la paix.

Le problème des composants de l’astrologie et de la nécessité de leur ordonnance est un problème logique, mais appliqué en complémentarité avec l’analogie. Il suffit d’avoir une valeur, quelle qu’elle soit, Mars, Vénus, ou Jupiter, pour avoir nécessairement la totalité des valeurs qui en découle, puisque chacune des valeurs est une composante du Tout.

Des deux groupes, qui sont septénaires, le premier est composé par les planètes visibles à l’œil nu, nous l’avons dit, ce sont : Soleil, Lune, Mars, Vénus, Mercure, Jupiter et Saturne et le second est formé d’Uranus, Neptune, Pluton, la transplutonienne Proserpine qu’on n’a pas encore calculée mais que l’astrologie connaît par son retentissement de masse sur Pluton, une transplutonienne, Vulcain, dont l’astronomie ne parle pas, et enfin Lune Noire, Soleil Noir.

Le premier septénaire est visible pour l’œil de l’homme, mais cela n’a de sens que si l’homme est la mesure dialectique du monde (le monde étant la démesure dialectique de l’homme) et que le problème de l’univers naît des noces de cette mesure et de cette démesure. Étant la mesure du monde, l’homme voit ce qui est visible et ce qu’il ne voit pas est en rapport avec l’invisible. Le premier septénaire est proche de la Terre et le second est lointain, or le proche par rapport au lointain c’est ce qui est physique — qu’on peut toucher, fut-ce avec l’œil — par rapport à ce qui est métaphysique. Le premier septénaire est donc physique de la terre et le second métaphysique de la Terre.

Les anciens ne se servaient que du premier septénaire qui est l’incarnation du second, situé, plus loin de la terre, à la distance nécessaire, qui n’est possible à atteindre que par l’outil. À ce moment-là, il y avait dans l’être de ces planètes quelque chose qui était la conscience ; mais une conscience contenue dans l’être, pas sortie. Domaine du visible et de la mesure. À partir de la découverte de nouvelles planètes, à commencer par Uranus (1781), on passe de la mesure à la démesure par l’outil. Analogiquement et métaphysiquement l’astrologie témoigne alors du passage de l’être à la prise de conscience.

Quand on part d’Uranus on est dans une civilisation d’énergie, plus que dans une civilisation de la matière. On est passé au stade de la démesure : démesure de la population, démesure de la matière dans l’énergie... Or, Uranus et Neptune sont un couple de démesure tandis que Pluton et Proserpine sont un couple complémentaire de la mesure (Uranus vient d’ur : le feu qui commence. Neptune symbolise les eaux, eaux célestes ou eaux d’en bas, il est l’espérance. Pluton est l’entonnoir de la mise en réduction dans le tube. Proserpine est l’éventail ainsi que la réussite).

C’est à partir de la découverte d’Uranus en 1781 et de la Révolution Française, qu’on est passé de l’être à la conscience. Le premier groupe planétaire est donc dans un domaine d’être et le second est la conscience de cet être, parce que par valeur il est distance.

Il ne faut pas oublier que le premier groupe planétaire, proche de la Terre, et loin du Ciel, en tant qu’il est l’incarnation du ciel est le blanc du ciel, par opposition au noir, parce qu’il est la distance, la pureté. Les sept planètes visibles à l’œil nu sont la pureté du ciel... mais aussi la simplicité de la terre. Le second septénaire étant la pureté de la terre et la simplicité du ciel. Or le simple est au pur ce que le noir, en possessif, est au blanc. D’autre part, dans son rôle le pur étant une capacité de distance et le simple une capacité de coïncidence, le noir est l’élément simple et le blanc l’élément pur. Comme il faut que le pur devienne simple et que le simple devienne pur, l’esprit pur qui est une valeur, devra se dépasser par le fait, et la vie simple qui est un fait devra se dépasser en une valeur. La réalisation de l’esprit est le passage du pur au simple tandis que l’accomplissement de la vie est le passage du simple au pur.

Il ne faut jamais oublier que le second septénaire s’il est le noir du ciel est aussi, c’est ce qui compte dans l’interprétation, le blanc de la Terre.

Étant valeur de la Terre et fait du Ciel, le second septénaire est ainsi le physique du Ciel, tandis que le premier est métaphysique du Ciel et physique de la Terre. Or la physique de la Terre, c’est l’Objet et sa métaphysique c’est le Nom. Le premier groupe planétaire contient les objets de la Terre et les noms du Ciel, il est dans une tradition, et le second qui contient les objets du Ciel et les noms de la Terre est dans une révolution. Voilà pourquoi à partir d’Uranus on a donné aux planètes des noms imaginés par l’homme ; et même si le monde parle à travers l’homme ce sont des noms de conscience, tandis que les noms du premier septénaire sont des noms d’être. Le second groupe est à la fois conscience de la Terre et être du Ciel, alors que le premier est l’être de la Terre et la conscience du Ciel.

On en a la preuve dans la valeur des planètes ; ainsi Jupiter (premier septénaire) qui est la planète ayant le plus de plénitude et qui est située au sommet de la croix planétaire du premier septénaire, sera la conscience du Ciel agissant sur la Terre, tandis que la conscience des hommes agissant sur le Ciel sera Uranus. Et l’intégrité d’Uranus n’est donc pas du tout de même apparence que celle de Saturne. Uranus est en intégrité ce que Jupiter sera en plénitude pour le haut ; tandis qu’en bas Saturne est en intégrité ce que Neptune est en plénitude. Mais la plénitude de Neptune est informe tandis que celle de Jupiter est en forme. D’autre part, le couple Mars-Vénus qui est plus proche de la Terre que le couple Jupiter-Saturne, aura, quand on va du Ciel vers la Terre, une valeur de secondarité et Jupiter-Saturne une valeur de primarité. Or Mars est toujours vrai et Vénus est toujours juste, si bien que Vénus culmine dans le domaine du Verbe à l’échelle des deux groupes planétaires, que ce soit dans le sens Ciel-Terre ou dans le sens Terre-Ciel. Les planètes étant les ouvriers du Principe et le Verbe étant ce par quoi tout a été fait, chaque planète est un outil du Verbe. Comme dans les couples dialectiques, c’est Vénus qui couronne la descente du Ciel vers la Terre, c’est Vénus qui donnera le mot juste. Mars sera seulement préoccupé du mot vrai, indépendamment de ce qui est juste.

Les conditions dans lesquelles Vénus se trouve dans un thème marqueront la façon dont le sujet est capable de rejoindre les valeurs du Verbe, avec le mot juste choisi par Vénus. La conjonction Vénus-Mars dans un thème empêche de distinguer la femme qui existe et l’homme qui existe au profit de l’homme qui est. On a alors affaire au thème de l’homme qui est dans un monde qui existe (celui de l’astronomie). Car l’homme qui existe n’est pas un être, c’est une conscience. La conjonction du couple Mars-Vénus pousse à une certaine forme d’homosexualité en donnant un objet au narcissisme. Le propre du narcissisme étant de désirer le rapport avec le Même, obtenu dans la conjonction, à l’exclusion du rapport avec l’autre.

 

Mais venons-en à la structure proprement dite.

La Terre étant au centre du Monde, dans un système géocentrique, on a le Soleil d’un côté, la Lune de l’autre (les deux luminaires) (1). À partir du soleil, il y a Mercure, Vénus, Mars, Jupiter (une croix avec une lune montante). Saturne (une croix avec une Lune descendante) (2). Mars et Vénus ont dans leur symbole, l’un, un Soleil au-dessus et l’autre, un Soleil en-dessous. On voit tout de suite qu’il y a un couple de rapport Mars-Vénus avec le Soleil, et un couple de rapport entre la lune et Jupiter/Saturne.

On a ensuite Uranus et Neptune qui sont dans une nouvelle dialectique, puis Pluton, Proserpine et Vulcain. Il est très normal dans la première série que l’intermédiaire entre la puissance, le pouvoir qui est le Soleil et le reste, soit une détente ; dans Mercure avec son jeu, son habileté à contourner l’obstacle et non à l’affronter sera parfaitement la détente du pouvoir. On aura un premier rapport Vénus-Mars avec Mars externe puisqu’il est au-dessus du Soleil et Vénus sera naturellement interne (3). Avec Jupiter dans le haut puisqu’il est montant et Saturne dans le bas puisqu’il est descendant on a une secondarité verticale (4). Ce qui va donner une croix formée par Mars, Vénus, Jupiter et Saturne ; Mercure sera un élément central de détente (5). À noter que la primarité horizontale de Mars-Vénus est une primarité d’espace et que la secondarité de Jupiter et Saturne est le temps.

Dans le second groupe on aura d’abord une primarité verticale Uranus-Neptune qui sera le temps et d’où sortira l’énergie. On aura Uranus senestre du point de vue de l’homme, et Neptune dans la profondeur (6). Symétriquement on aura une secondarité d’espace avec Pluton dans la profondeur et Proserpine dans la hauteur (7). C’est ainsi qu’est formée la seconde croix avec Uranus en haut, Neptune en bas, Pluton sous l’horizontale, Proserpine au-dessus de l’horizontale et Vulcain interne au centre et à senestre (8).

Dans les axes Uranus-Neptune et Pluton-proserpine on va trouver respectivement le Soleil Noir (9) et la Lune Noire (10) , qui sont les rapports du Soleil et de la Lune à la Terre. Quant à Vulcain il sera ici la médiation par la puissance ; l’intermédiaire qui tend la puissance (alors que Mercure détend par l’habileté).

En dialectisant les planètes on a obtenu les rapports Mars-Vénus sur le plan horizontal et Jupiter-Saturne sur le plan vertical, Mercure étant au centre. Le Soleil et la Lune s’insèrent directement dans le contenu des axes : le Soleil étant une valeur d’intégrité par rapport à la Lune s’exprime par la valeur horizontale de Mars-Vénus, la Lune étant une valeur d’ampleur, par rapport au Soleil s’exprimera verticalement par Jupiter-Saturne. Dans le septénaire suivant on aura le problème du Soleil Noir et de la Lune Noire. Le Soleil Noir étant une valeur d’ampleur sera représenté par une verticalité qui sera Uranus-Neptune et la Lune Noire étant une verticalité sera représentée par l’axe Pluton-Proserpine horizontal, et au centre la valeur de Vulcain complémentaire et dialectique de Mercure dans le premier septénaire. La valeur dialectique des planètes les unes par rapport aux autres ; Mars par rapport à Vénus, Jupiter et Saturne, Uranus et Neptune, Pluton et Proserpine, suppose aussi la valeur des axes entre eux : Mars-Vénus dialectique de Jupiter-Saturne et Mars-Vénus-Jupiter-Saturne dialectique de la croix Uranus, Neptune, Pluton, Proserpine. C’est bien une nécessité qui inclue Proserpine et Vulcain, le Soleil Noir et la Lune Noire.

Il s’agit ensuite de faire coïncider les deux croix. On a d’abord le groupe Mars-Vénus-Jupiter-Saturne puis le groupe Uranus-Neptune-Pluton-Proserpine et Vulcain (11) . On s’aperçoit alors qu’il y a une inversion puisque Uranus est l’inversion de Saturne, mais il est en haut ; et Neptune l’inversion de Jupiter est en bas, Mars et Pluton sont dans une même intimité mais c’est entre Mars et Uranus qu’il y aura un élément de relation, élément de primarité/secondarité. Le Mars du Scorpion sera en relation avec Uranus exalté au Scorpion (il s’agit donc d’un rapport domicile/exaltation). Jupiter domicilié sans le Sagittaire sera en relation avec Pluton exalté dans le Sagittaire. Et de la même façon, on aura Vulcain domicilié en Vierge avec Mercure exalté dans la Vierge ; Proserpine domiciliée dans la Balance avec Saturne exalté dans la Balance et finalement Neptune domicilié dans les Poissons avec Vénus exaltée dans les Poissons (12) .

On aura donc finalement une dialectique de la croix et une dialectique de l’oblique. Or le zodiaque en tant que continuité est autour d’un cercle ; c’est un état dans lequel la croix introduit la distance. Aux signes du zodiaque les planètes sont ce que la conscience est à l’être.

Mais cette structure cruciforme n’est pas gratuite, elle répond à une nécessité métaphysique : le dé qui s’appelle hasard, est le principe dans sa manifestation, tandis que la sphère est la manifestation du Verbe. La sphère par rapport au cube est quelque chose qui bouge. Dynamiquement la sphère peut rouler, et pas le cube. Dialectiquement le cube est à la sphère ce que la manifestation de l’état est à la manifestation du Verbe. Au point de vue de leur nature, ils vont s’inverser ; car l’angle du cube est le contraire de la courbe de la sphère : l’angle du cube fait intervenir un élément de changement alors que la courbe de la sphère ne change jamais. On a dans la sphère quelque chose qui ne change pas, mais qui roule, et dans le cube quelque chose qui ne roule pas, mais qui a dans sa structure l’angle du changement.

Dans la formule des rapports du mutable et du stable, le cube est stable mais les angles sont mutables. Dans la sphère l’élément continu qui représente la valeur de sa courbe parfaite est un élément stable, tandis que la sphère est un nom ; elle est même tous les noms. Le dé est la dialectique des nombres et cette dialectique fait apparaître le 2 face au 5, le 4 face au 3, le 6 face au 1. Ce qui manifeste l’égalité du principe dans sa manifestation, le visible et l’invisible. Le nombre 7 est donc ce qui s’exprime du cube, et ce chiffre qui exprime le dynamisme planétaire va s’inscrire sur le cube qui est le statisme des valeurs. Le cube est dans l’espace le contenant dont la croix à trois directions (1) est l’armature. Mais cette croix à trois vecteurs sera sur le plan la croix à deux vecteurs. Elle se trouve sur le plan à deux dimensions. C’est pourquoi les planètes du système solaire en tant que composantes de la proportion de l’unité peuvent être ordonnées autour de la croix. Les planètes s’ordonnent autour d’une croix, tandis que le zodiaque s’ordonne autour d’un cercle. Et c’est en disposant la dialectique des planètes autour de la croix qu’on peut se rendre compte qu’il y a complémentarité et dialectique de la représentation du zodiaque autour d’un cercle.

 

 

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