Théo LESOUALC’H

 

 

Lieu

de terre de tain sans lumière

lieu du visage et la torture sonore

d’une note ininterrompue goutte

unique du moment-chute

perpendiculaire le corps traversé

MAINTENANT-toujours travesti

dans sa solitude grimée solide au vague de

ses formes instantanées pareil à une population détenue

qui frappe

indéfiniment dans l’écho du même regard

et frappe jusqu’à l’extinction

du signe d’une image répétée qui hante

des générations de gestes à l’image

du signe

dans la fente du regard troglodyte

corps à vaguer la mort et signes posés

aux confins du temps

de naissances violentes déchiquetées

aux multiples de chairs avouées

signes du signe

apparition enregistrée déjà

en travesti dans l’écriture vide de même

masque

et masque même contre la nausée du masque

ou figure sainte de la figue

figue qui ne serait toujours que l’horizon

du signe truqué. lieu de

terre et fonte le mouvement d’une planète

seule à travers l’immobile. et immobile

déplacement seul d’une figure de figue sainte

à travers le masque du signe

en lieu glissé. paysage de miettes

chaque nouvelle rupture, hier ou la nuit

du prisme en instant-lumière où une à une se confondent

les fleurs profanes de la mutilation

dans l’œil

toute la réalité vitrée âge de l’instant et lieu de terre

le tain sans lumière et lumière de

lieu en absence verticale

de l’œil plombé vitrail

lieu d’articulations fragmentées

de la vision du zéro impensé dans le jeu des miroirs

son avant-matière. coulisses pénétrantes

du tragique dans la sphère de l’œil

spirale définitive du centre

minéral et visage dans la suite des

visages

 

détourner le sens du voyage

visage écoute énoncé au tableau de bord

cinq

sur cinq sur cinq sur cinq sur

cinq

 

le silence est d’orgue

en un geste fossile

cinq

sur cinq sur cinq sur cinq sur

cinq

visage écoute énoncé au tableau de bord

détourner le sens du voyage

visage

minéral et visages dans la suite des

spirales définitives du centre

du tragique dans la sphère de l’œil

son avant-matière. coulisses pénétrantes

de la vision zéro impensé dans le jeu des miroirs

lieu d’articulations fragmentées

de l’œil plombé vitrail

lieu en absence verticale

le tain sans lumière et lumière de

toute la réalité vitrée âge de l’instant et lieu de terre

dans l’œil

les fleurs profanes de la mutilation

du prisme en instant-lumière où une à une se confondent

chaque nouvelle rupture. hier ou la nuit

en lieu glissé. paysages de miettes

à travers le masque du signe

déplacement seul d’une figure de figue sainte

seule à travers l’immobile. et immobile

terre et fonte le mouvement d’une planète

du signe truqué. lieu de

figue qui ne serait toujours que l’horizon

ou figure sainte de la figue

et masque même contre la nausée du masque

masque

en travesti dans l’écriture vide de même

apparition enregistrée déjà

signes du signe

aux multiples de chairs avouées

de naissances violentes déchiquetées

aux confins du temps

corps à vaguer la mort et signes posés

dans la fente du regard troglodyte

du signe

des générations de gestes à l’image

 

du signe d’une image répétée qui hante

et frappe jusqu’à l’extinction

indéfiniment dans l’écho du même regard

qui frappe

ses formes instantanées pareil à une population détenue

dans sa solitude grimée solide au vague de

MAINTENANT-toujours travesti

perpendiculaire le corps traversé

unique du moment-chute

d’une note ininterrompue goutte

lieu du visage et la torture sonore

de terre de tain sans lumière

lieu...

 

 

 

 

Si la poésie se déclare dans les « limbes » comme une guerre nucléaire pour le passage au jour et au nom propre d’un poète, c’est bien de « l’Autre » qu’elle tient sa vie et son expression dans le monde. Rimbaud affirmait que si le poète trouve de l’informe il donne de l’informe, et non par hasard, il écrit « Je... est un autre » que « l’Autre » si peu fréquenté, le soit « par un dérèglement de tous les sens » par le chemin de la schizophrénie, ou par une voie parallèle quelconque — tant mieux — et peu importe. Les difficultés de toutes ces directions inhabituelles inserrables dans le toujours connu. La source est unique, et par surcroît, inépuisable. Je ne connais pas « autrement » la poésie.

 

Frédéric PARCHEMINIER

 

 

 

 

Voix nomades, fières banquises hauturières, broyant magnifiquement de leur proue cet « incurable retard des mots » dont put parler Alain Jouffroy il y a quelques années. Et parmi toutes ces voix errantes, celle entre autres, de Luc-Olivier d’Algange, avec ses MÉDIANCES DU PRINCE HOROSCOPAL (Cééditions), vaste épopée prophétique, « par la seule force de l’Excès », long défilé de stances comme prises d’une sorte de flamboyante panique augurale. « Le chevalier désaccordé/devait accompagner nos nerfs dans la fuite tombale » ; cela peut faire penser un peu à du Jean de Boschère, mais à du Jean de Boschère moins dérélictoire, plus campé dans ses défis et dans ses blasphèmes de prince noir. Ce qui n’empêche, en maint-endroit, beaucoup de subtilité dans la nuance initiatique, ces « abbatiales floraisons », cet « hymne frontal de nos mélancolies ». Une obsession d’analogie totale imprègne le poème ; non pas tel bricolage analogique qui se contenterait de jouer avec quelques mots-clefs, mais une façon d’impérative absorption d’univers, et qui sait ne pas reculer devant la nomination concrète ou singulière qui fait flamme de tout bois, de tout vocable, de toute « belette » même « empaillée », pour en enrichir sa nuit galopante.

 

Christian BACHELIN

 

 

 

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