Claude
BONVARLET
NOTES SUR L’HIBERNATION
SERPENT LOVÉ
parodie de la pierre
œil vautouresque
à émousser les dents
des tempêtes
regard
sourire
baiser
balises surannées
pelures
d’astres morts
derrière la dune
mes pas sont brefs
l’instinct chavire
les sentiers
s’étiolent et s’étoilent
la rosée soulève encore
des nuages bisonneux
– gâchette de muscles
flore
du déracinement
chute :
au néant bu :
plume
rage
flocon
&
AIGUILLES DE L’INSTINCT
Coquille
d’une huître
l’armure d’un muscle
phalène
fer rouge
aux ailes
orbe d’un glyphe
— soleil carnivore —
formol de Mexique
aux gencives
cerveaux tatoués de svastikas
bris
de sourires-amulettes
flèches votives
perdues dans les roseaux
sens infus
germen galaxique
bruit mat :
l’abîme d’un corps
(la trame-foudre
d’une bête piégée par sa mort
hurlant !
hurlant !
fleur fragile de sa vie
aux pétales détachés par un
vent fixe)
orbites déplacés
d’astres
biaisés
par les lianes
— mon sang ne fait qu’un
tour —
ventre à terre
le silence
espace à pattes
à arpenter les terres
inviolées
— nerfs tactiles sous la peau —
amadouer
le désir veiné d’éclairs
lucides
nuages d’ailes
s’ébouriffant dans la mêlée
ciel du même
corps
pieuvres d’artères
palpe les colonnes de muscles
lynx
gratte aux étoiles
ossature :
lumière
(contrefaçon du vide)
confluent des épaules
cou
coa
gulation de nébuleuses
au loin
les yeux transfuges
miroir ou creuset
le déchaînement apoplectique
du néant
émulsion du geste
au paroxysme de l’esquisse
furtif
et précis
de ses maillons de muscles
du plus clair de la graine
— débarbouilleurs
d’arc-en-ciel
esquissant l’
infini
naturellement —
qui n’est qu’un mot
le petit-lait
favori
du vieil old
tiger
la mesure de l’instinct
lueur
d’ongles
qui courent sur la frange
foutrescente
corpuscules gyrant
dans le bloc du derme
– nous
sommes vivants
(bonds
de bêtes rafistolées
mondes
clos)
1-2-3 j’irai dans les bois
de la résurgence...
ce corps
s’épanche maintenant vers
l’intérieur
soleils innés
catafalques
flottant dans des halos bleutés
strates
au suintement endocrine
alluvions
de miroirs terreux
qui entremêlent les doubles
—
un temps
une peau de panthère
dévore ma cigarette —
nous avons rêvé
notre disparition
dans des cocons de sommeil
du fond de nos yeux
qui s’archi-pèlent
se lève un singe
albinos
surpris
par le gel cassant de ses
doigts
:
ventouses de l’instant
nuques
liquéfiées
sous de saliveux
néons
deuil des cils
sur les gueules
d’entrepôts
épaules
menues
des minutes
au cœur
des tourbillons inquiets
visages vus
du creux du masque
brisures du gel
et empreintes d’une accalmie
— FÉROCE —
amorce
entorse
jugulation de l’élan
lambeau d’écho
lame-elle
(cinglement de
cuir
sibyllin)
rayon
rompu
par l’écran d’une hanche
iris
onyx félin
érosion
d’étincelle-univers
— & —
PEAU D’ÉCHAPPEMENT
drapée jusqu’à l’os
atours
attardés
rester glué sur la lunette
(tête
au carré
« je
»
taillé
dans la viande)
en
rivets
de silence
encastré
sous les ongles
pas
bouger...
divorce :
nuée et tignasse
le vent trace
l’aile
pennes froisse
fane lèvres
recul
–– veine subite
–– la souaf
avance entre les bisons
Þ
(RE
SURGIR
À L’
ÉCLAIR
DE MES
OS
CA
TA
PUL
TEURS
DE
VI
AN
DE)
ÉPAVE de Claude MAILLARD
Photographie : Bernard PERRINE