Michael
Mc CLURE
SEPTEMBER
BLACKBERRIES
POUR
LA FENTE-DÉCHIRURE
LA RÉVOLUTION
est un sentiment.
LA RÉVOLTE
est réelle.
D’instant en instant.
BARRACUDA
ROSE-VIOLET
de la
SYNAPSE.
Clignotement
de la viande, du sexe, de la mort.
Dunes de corps à la dérive
ZOMBOÏDES
Spectres de Condors
arrachant les foies
des Avachis Telluriques Géants
de la confusion.
HHH
FINALEMENT
FINALEMENT NOUS SOMMES TOUS
HUMAINS !
la jolie fille à la chevelure
blonde ou rousse,
le vieil homme,
le traître, le démon,
l’ange emplumé
de vertus et d’amour.
Et
nous
nous
remuons
sur
le
même
matelas
DÉCOUVRANT
QUE NOUS SOMMES DES DIEUX
et finalement humains — et mammifères
Quelle cheville gracile !
HHH
POUR
JAMES B. RECTOR
*
People’s
Park, Mai 1969
« Ceci implique qu’un atome de soufre
a des propriétés spécifiques quand il est isolé, d’autres quand il est constitué
à l’intérieur d’une protéine dans une solution, et d’autres encore lorsque
la protéine est arrangée d’une certaine façon dans une structure biologique
et est entourée d’un certain environnement. Si détaillée soit la connaissance
que nous avons de l’atome de soufre en isolation, si précise soit-elle du
comportement d’autres atomes dans la protéine (carbone, hydrogène, nitrogène,
phosphore), on sait encore très peu sur les potentialités que posséderait
un atome de soufre.
CAR À CHAQUE NIVEAU DE L’ORGANISATION,
LA MATIÈRE FAIT PREUVE DE PROPRIÉTÉS
DIFFÉRENTES. »
ET LA MATIÈRE EST ESPRIT !
ET LES HOMMES, LES FEMMES ET LES BÉBÉS
SONT
DES CRÉATURES
DE VIANDE-
ESPRIT
!
ET LES HÉLICOPTÈRES ET LES TOXINES
SONT MOINS ORGANISÉS
que la chair de la terre
— ET LES ARBRES SONT DES ESPRITS DE VIANDE-AIR.
LES HOMMES NOUVEAUX
sont les amants des arbres et des rivières.
Nous ne FAISONS QU’UN avec les VERS et
les BACTÉRIES,
PANDA, SAUMON, AIGLE ET CÈDRE.
NOUS SOMMES LA FLEUR, LE PISTIL,
L’ÉPINE ET LE NERF,
NOUS SOMMES LA HOULE QUI FLOTTE EN ESPACE,
spores et vrilles d’un doux Léviathan.
Nous sommes les chasseurs du graal-protéine,
NUEVOS ALCHIMISTES,
homme, femme et bébé,
cerf, ours et virus,
cyprès,
ver et bactérie...
*
James
B. Rector, tué par un policier lors du siège de
Berkeley, en mai 1969 (N.d.T.).
HHH
VOIX OFF
pour Sterling Bunnel
LE RET DES VISAGES DÉSINCARNÉS S’ÉLÈVE
COMME LA VAPEUR DE LA VIANDE.
ILS RICANENT ET MINAUDENT, FEULENT ET
HENNISSENT,
AVEC LEURS YEUX, LEURS OREILLES ET LEURS
NEZ,
et leurs trous qui laissent entrer l’esprit
du
NULLE-PART
qu’ils créent.
LES VISAGES RUISSELLENT DE VISAGES, et
LES CORPS SURGISSENT
de la source centrale
du protoplasme
en proie à la folie de l’amok. (PROJET
PARFAIT.) Vautrée,
dévorante, battante, une douce et noire
CHAIR
devenue
AMOUR ET PENSÉE !
NIAGARAS DE CHAIR BLEUE-NOIRE
rugissent et mugissent en haut
(comme une spore,
ou graine,
ou la griffe d’un frère, ou andouiller)
venues d’un feu
de nerf, muscle,
molécule en alvéole,
atome,
PRÉCIPITÉES
pour s’éclater
avec des lèvres passionnées,
ET DONNER UN BAISER À BONSOIR,
et lui caresser les tentacules et les ailes
IMMORTELLES !
Pft !
HHH
COMMENÇANT PAR DEUX LIGNES
D’EIGNER
la connaissance de la mort, et maintenant
la connaissance des étoiles
nous fait apprécier la langue bien pendue
qu’on nous a calée dans la bouche !!!
LES ÉTOILES
SONT
DESTINÉES
à de nouvelles fontaines de gênes.
FURETS
HOMMES
FAUCONS
SAUMONS
nés nouveaux
ENSEMBLE DANS DES FORMES NOUVELLES
PAS, PAS, PAS, PAS,
PAS, PAS, PAS, PAS,
PAS
LA PELURE
DES HOMMES-SANDWICHS
DE L’ESPACE.
PRENONS LA VRAIE BEAUTÉ ET LES FORMES
NOUVELLES
DES HOMMES !
HHH
LA SAGESSE
TELLE QUELLE
pour Robert Creeley
SOIS AFFAMÉ
MORDS DUR
MÂCHE BIEN
RESTE AFFAMÉ
TÊTE OUVERTE
yeux
oreilles
nez
trous noirs.
SACHE
ce que tu veux.
OBTIENS-LE !
Solo solitude
comme les pensées vides de la chair.
HHH
MOIRÉ
pour Francis Crick
1. LES CHANTS DU TIBET N’ONT PAS CESSÉ — ILS SONT AUSSI IMMORTELS
QUE LA VIANDE.
2. TROMPES, CYMBALES ET BOULES DE FEU AU-DESSUS DES GLACIERS.
3. LOUTRES DE MER BARBUES ÉCRASANT DES MOULES. LE VENTRE SUR
LES ROCHERS.
4. DES COYOTES RIENT ET CARACOLENT À POINT REYES.
5. RESSUSCITER LE PLÉISTOCÈNE.
6. LE PLÉISTOCÈNE N’EST PAS GLACIAIRE — IL EST VIANDE-MAMMIFÉRIEN.
7. DES LÉZARDES DANS LE TROTTOIR REFLÈTENT LA DISPERSION DES
NUAGES ET DES AURAS DE COULEURS.
8. LA RÉALITÉ EST UN POINT, UN PLATEAU, UN MYSTÈRE.
9. IL PEUT ÊTRE PERCÉ.
10. FLEURS SAUVAGES : RACINES DE L’HOMME, MÛRES DE SEPTEMBRE,
ARAUCARIAS.
11. LES POÈMES ET LES PERCEPTIONS ONT ACCÈS AU PLATEAU.
12. DES JARDINS ÉPAIS SE CRAMPONNENT AUX FALAISES.
13. LE PAPILLON DE VELOURS ET LA BELETTE SOURIANTE.
14. DOUX VISAGES FLOTTANT DANS L’AIR.
15. L’ESPRIT EST ACTION.
16. L’ACTION EST PROTÉINE.
17. DENTS DE SABRE DANS L’ASPHALTE.
18. POÈMES MOBILES COMME DES DOIGTS OU LES EXTRÉMITÉS DE
RACINES.
19. GÂCHETTES D’AMINES EN ESPACE.
20. NOUS SOMMES ACTIVITÉ.
21. AU-DESSOUS DE NOUS : STABILITÉ ET SOLIDITÉ.
22. BIEN ASSEZ TÔT.
23. PEUT-ÊTRE RETOURNONS-NOUS À UNE SOURCE — STABLE ET SOLIDE.
24. PAS DE MATIÈRE — ANTI-MATIÈRE.
25. NOTRE JOIE EST CELLE D’HÉRÉTIQUES.
26. NOUS NE L’AVONS PAS CHOISI — NOUS SOMMES.
27. PARFAITS.
28. PARFAIT PLATEAU DEVENANT ODEURS ET CONTACTS.
29. JE NE SAVAIS PAS QUE C’ÉTAIT LA NATURE.
30. LA COUVERTURE PEND À LA FENÊTRE — DESSUS IL Y
A DES RAYURES JAUNES ET UN BISON ROUGE.
31. OBSCURITÉ SOLIDE AU-DESSUS ET AU-DESSOUS.
32. DE LA MUSIQUE ENTRE LES DEUX.
33. FORÊTS DE MOUSSE DANS LE RUISSEAU FROID.
34. MASSE D’UN LION DE MER MORT — YEUX SOMBRES OUVERTS.
35. LE DÉSERT EST VIVANT.
36. LE SAPIN PRESSENT LE SOLSTICE.
37. SENTIR HORIZONTALEMENT, ASPIRER VERTICALEMENT — AGNOSIE.
38. KEATS, DIRAC, DIONYSOS L’ARÉOPAGE.
39. TROMPETTES, CYMBALES, DOUCE HERBE, HURLEMENT D’UNE MOTO.
40. CUIR, QUARTZ ET CANNELLE.
41. LA DISSOLUTION EST UN PRIVILÈGE.
42. JE TE SALUE PLANAIRE !
43. DOUX, TIÈDE ET ODORANT DANS LE SOLEIL D’AUTOMNE.
44. PLUS NOIR QUE LE NOIR, BLEU-NOIR — UN MIROIR REFLÉTÉ DES
ROUGES.
45. CRIS ET FLAMMES SUR L’HORIZON.
46. GRINCEMENT DE BRANCHES D’EUCALYPTUS.
47. LE PLATEAU EST UN POINT, LE MASQUE D’UNE DIMENSION.
48. LE MASQUE EST IMPOSÉ PAR LA SOCIALISATION DES PERCEPTIONS.
49. LES MÛRES DE SEPTEMBRE SONT LIBRES.
50. IL Y A ENCORE DES FLEURS DANS LES ARBRES.
51. LA CONDENSATION TOMBE EN FOUETTANT LES FEUILLES.
52. DES MITRAILLETTES COMMUNIQUENT DES BALLES.
53. LES BOMBES SONT LES SYMBOLES DES PENSÉES DE LA VIANDE.
54. VISAGES MALVEILLANTS ET REGARD FOU VENANT DES MURS.
55. LA MAGNIFIQUE TOISON QUI BOUGE DANS LA BRISE PRÈS DU FEU.
56. NOUS SOMMES DE VIEUX LOUPS, DES INDIENS, DES CRÉATURES.
57. PENDANT UN INSTANT L’ÉTERNITÉ EST D’UN BRUN DORÉ.
58. LE TEMPS C’EST CE QUI EST LOIN DERRIÈRE NOUS.
59. L’IGNORANCE, COMME L’INFORMATION, EST UN LEVIER.
60. LES ODEURS DU CORPS, LES ODEURS DU FRUIT SAUVAGE.
61. LA MASSE DE L’INFORMATION DISPARAÎT.
62. ARCE-EN-CIEL CONTRE LE BLANC — PROJETÉ SUR LE NOIR.
63. LES ÊTRES QUI VOLENT À TRAVERS LE CORPS ONT DES VISAGES.
64. ILS RUISSELLENT AVEC DES QUEUES DE COULEURS.
65. LA SENSATION PEUT PRÉCÉDER L’INFORMATION.
66. NOUS PLONGEONS VERS LE BAS ET VERS L’EXTÉRIEUR.
67. SOLIDITÉ ET VIBRATION.
68. PROFILS ET FACES INATTENDUS.
69. LE LAMINAIRE EST UNE SCULPTURE MOUVANTE.
70. DRAGONS DE L’ESPACE ET DE LA MATIÈRE.
71. LES FAUSSES PERCEPTIONS CONTREFONT LE RÉEL — UNE ENVELOPPE.
72. LE CORPS PEUT ÊTRE TRACÉ PAR LES COULEURS ET LES ODEURS.
73. IL Y A UN FEU ET DES TRAJECTOIRES D’ÉNERGIE.
74. AU-DELÀ DU POINT MASQUE IL Y A DES TRILLONS DE CONSTELLATIONS
ENTRELACÉES.
75. LES PLAISIRS NE SONT PAS RELATIFS MAIS RÉELS — MÛRES, LIONS
DE MER, VRILLES.
76. LES PERCEPTIONS SONT HÉRÉTIQUES — ELLES NIENT L’ABSENCE.
77. L’ABSENCE EST LE MANQUE DE PERCEPTION.
78. LA COQUILLE DE LA MOULE ÉCRASÉE SUR LE ROCHER.
79. VAGUES D’EAU ET PROTOPLASMIQUES.
80. MERDE DE COYOTE — LE TAJ MAHAL.
81. TIGRES AILÉS ENVELOPPÉS D’ARGENT TRANSPARENT.
82. MES MOUSTACHES — LE POIL DU LOUP.
ÉPAVE de Claude MAILLARD
Photographie : Bernard PERRINE