MARC QUESTIN

 

LETTRE AU LOTUS

 

 

Le mercredi 21 septembre 1977 à 0 heure 09’ I take a lot of acid... en attendant sur la feuille blanche que se révèlent immédia­tement tous les arcanes de la psyché. Il conviendrait à ce sujet d’inscrire un texte sur le corps, un texte fait de sang, de nerfs, de cellules nerveuses et neuroniques, et de tracer la carte du tendre du labyrinthe chromosomique. Ainsi ce que fait Zéno Bianu en travaillant sur le mantra qui est une unité élémentale de pulsations, un micro-monde de l’organique où la dérive se veut vi­brante. Il en va de même de certaines musiques, le phénomène punk n’étant exclu, et de Wagner à Chuck Berry paraissent les mêmes intensités, les mêmes codages du non-pensé. L’opération chirurgicale consistera à décanter puis à filtrer les éléments d’informations dans les médias du corps humain, à dissiper le doute qui plane sur l’aspect « dur » de telle écriture, car si vi­tale est la démarche qu’elle ne saurait faire de concessions aux apparences sophistiquées, à tout mensonge phénoménal. Démarche zen en quelque sorte, démarche brute, à brûle pourpoint, où il s’agit que l’œuvre d’art fasse corps avec la mort et où le sang gicle à nouveau sur les tronches molles des citadins, de gauche, de droite, ou de nulle part. C’est un changement en permanence, une guérilla interne soudaine, une guerre multiple incodifiable qui jaillit là dans ton cerveau, dans tous tes nerfs mis en éveil. L’esprit se fond avec le texte, cette belle merveille, sweet machinerie. C’est comme un jeu d’apocalypse où le vain­queur est le perdant, où les premiers seront les derniers, tous les microbes, les chromosomes, les machines molles de chasteté, leur pourriture de santé mentale, tous ces mensonges complices du vide, salamalecs d’un pouvoir noir, ils finiront tous par plon­ger et voir l’égout sous la tempête, et voir l’Empire après la Trappe, comme le disait Audiberti, c’est-à-dire Dieu l’Être en En­fer……… L’homme seul n’avait plus rien à perdre, les sensations dès lors jaillirent, les premières larmes aux yeux voilés firent s’entrouvrir la grande muraille des sentiments de l’éternité et le voyant-voyeur du monde connut alors la dé-mesure de se savoir UN dans le Tout. La musique est la rue, le tic-tac du réveil, le cœur qui bat sous la poitrine, les crispations des maxillaires, le serment dedans, dedans ton vide, et la vitesse folle des nuits blanches, accumulées dans le temps-silence, selon les schèmes des sphères ultimes. Il s’ensuit que la lucidité, ambivalente, combien multiple, s’arroge le droit de perce-voir par delà l’ombre de la morale, les lois civiles et policières, inquisiteurs paranoïaques qui vous observent, vous jugent, vous brûlent. Ils ne brûleront ja­mais qu’eux-mêmes, comme Holger Meins, Baader, Meinhoff, et Petra Kraus la rescapée qui vient seulement d’être « libérée ». Dans quel état ? Allez le savoir ! Ce qui nous amène à pratiquer une politique de fermeture envers les rôles et leurs discours, les délations véhiculées sous le couvert d’une presse bourgeoise, mais les bourgeois sont marginaux, de plus en plus, c’est bien con­nu, et seule demeure la fuite intime où le danger est la folie, le dérapage hors des abîmes, hors de toute norme, de toute santé, bien que la santé soit un délit pour ceux qui souhaitent crever l’abcès d’un humanisme intolérable, un humanisme intolérable qui sévit depuis des millénaires. Mais revenons au cas présent, cette injection un peu fortuite où je m’attends à décoller. Du moins à vivre l’intensité rarement atteinte en cette époque. (Je parle du temps individuel, des coïncidences impersonnelles, du caractère magique des jours où la pensée se fraie un chemin en re-constituant l’Histoire des corps) ; Minuter la présence de cha­que étourderie, minuter les tourments, mais où sont les tourmentes ??? Et la paix blanche scelle sur les ruines la longue dis­tance infranchissable, le visage lisse de l’écriture étant comme un repaire de ciel. Quelque érotique nymphe s’aventure, telle une Alice en son miroir, au delà des mots, des vies, des morts, de tout ce flux si successif que la marée nomme en dansant, en ache­vant le sable jaune que la mer chaude rend aux étoiles, à ces regards de star malade, seule dans une chambre à Hollywood (Sun­set Boulevard ?) avec près d’elle ce téléphone, / Marylin Monroë, ange ou femelle. Il est déjà deux heures moins vingt : marche progressive, élévation de la substance en incarnée, fondue vraiment dans les cellules, dans la pensée du corps tantrique. Une blancheur si éclatante emplit la pièce, baigne l’espace, et le reflet d’un Bouddha danse, reflet animé par la bougie contre le mur d’un blanc passif, mur des abîmes et des miroirs, mur de ma chambre et de l’acide, mur des fusions en transparence dans une blancheur immaculée, bien au delà du mot « divin ». Fourmillements intensifs dans les jambes et le ventre, un grouillement sourd étrange gagne l’être tout entier qui se prête avec grâce aux assauts psychotropes. J’ai remarqué l’orgie de Bosch en entrant dans la salle de bains, et le poster semble s’animer, les formes vaincre le temps présent, qui ne comp­te plus, qui n’est plus rien. Vibrations blanches, mystère intense, l’imprononçable commence à naître sur la musique du dernier Gong ; Je suis fébrile, un peu tendu, mais reposé intérieurement, malgré le speed qui fait vibrer. Angoisse brûlante au cœur du ventre mais comme l’alliée qu’on attendait, celle qu’enfin je viens de retrouver, qui m’a retrouvé, par delà les siècles (car si les secondes étaient des siècles ?) et nous restons toujours le même, toujours sensible aux événements, mais immobile, si immobile. Je danse alors comme un enfant qui brave le FEU, les éléments, bravant la mort qui nous surprend... bien que celle-ci n’existe pas, pas en ce moment, en tous les cas…… Un long flottement comme du velours, ou de la soie, ou du satin, et tous les os seraient de velours, et tous les nerfs seraient de satin, et le silence pleure sur ma langue comme une capsule d’adrénaline, synesthésie de tous les sens qui ont franchi le Miroir trop vite, fugue buissonnière des éléments et de ton corps dans les distan­ces….. fugué écarlate du sang vivant qui éclabousse les particules de l’art cosmique de fin des temps…… cut-up / machines à vibrations d’enfants sauvages urbanisés, peuples-robots, peuples zombies, marche des peuples dans tous les temps, vers un ailleurs inconcevable, inconcevable au regard humain mais sûrement pas à d’autres yeux. Et si ces yeux étaient en nous ? Et si le regard vivait en nous ? Catapulté comme du free jazz / la photo de David Cooper / le visage de David combattant son Goliath avec la fronde intelligible... radio-pirate événementielle à distribuer sur toutes les zones infra-humaines radio-actives en infra­rouge ultra-violet, sur le Sentier de la Guerre Indienne, en déterrant la hache de guerre, l’herbe sacrée des calumets grésille doucement dans l’oxygène, pas de pollution pour le Mescal, vous faites seulement un BEAU VOYAGE !..........

 Overdose-night inside my trip

les transexuels en bikinis et leurs lunettes octogonales

doubles miroirs géodésiques d’un dôme de verre multicolore

hymne soufi d’un grand guerrier dansant lentement dans les étoiles

les galaxies sont dans ta tête et les Yippies avaient raison

(ils connaissaient l’Égypte Ancienne et les travaux d’Olson sûr RÂ, avec les Fugs et ED SANDERS)………. « Vol au dessus d’un nid de coucou »

le cœur ouvert sur toutes les ondes, les formes de vie les plus anciennes, toutes les cultures des anciens temps, des lieux ma­giques ritualisés, que la musique électronique tente d’invoquer bon gré mal gré, et certains semblent y réussir, comme l’Opéra Tantrique du Gong et ses myriades de Gnomes Invisibles….. (Daevid Allen métaphysique) / et onduler est un plaisir comme un serpent d’ombre aquatique sur l’océan du devenir, et onduler est un plaisir aussi pour toi et ton éveil que dans ton sexe surgit cet œil ; cet œil infime et infini, cosmologique dirait Miller, cet œil immense et assoiffé et qui boira la vie entière à grandes rasades, et à plein temps ; le regard des révolutions tranche les silences du consentement, il pervertit l’art et la science au profit dionysiaque d’une force intérieure quasi-universelle et qui de contagions gagne l’immensité du globe entier à hautes fréquences infra-sensuelles ……………………….. l’Information passe par le SEXE, le SEXE est VRAIMENT le transe-metteur des pulsions vraies de toutes les maîtrises ; le SEXE est vraiment cet ŒIL OUVERT, cette ouverture majoritaire qui englobe toutes les dimensions, l’œil et le sexe sont les deux pôles d’une connaissance immémoriale que nous décelons à peine maintenant (et je pense à Jean-Luc PARANT) / révélation de tous les arcanes au fur à me­sure de notre avancée en régression dans le système, le seul système serait solaire et le seul jeu serait dionysiaque, il s’agirait de vivre alors un maximum d’intensités, pour le meilleur et pour le pire, dans des orgies intraduisibles dont le seul Nom est l’IN­DICIBLE....... Légitimer tous les délires, tous les désirs, toutes les révoltes, cette anarchie d’astres sublimes, feux désirants de l’Astre des Nerfs qui brille ainsi au Firmament. Légitimer la peur, le crime, les transgressions et la folie, légitimer le sexe sauvage, la jungle nerveuse des privilèges d’une pensée RARE et sublimée………. où toutes les femmes sont des panthères s’évanouis­sant comme des lotus au seul contact d’une main dans l’œil, et un regard peut éveiller l’AUTRE Soleil qui gît en toi ; foudre animique du ciel antique, ciel en ton sexe où gît mon cœur transfiguré dans les ténèbres d’une UNION douce et provocante.... on se pourlèche toutes les babines rien qu’en pensant aux noces tantriques du lotus rouge et du paon blanc sur l’horizon des cendres amères que laisse la pensée qui se consume, et les poèmes de Georg Andrews ont reflété à leur époque (?!) cette lueur céleste inscrite en l’homme, au plus profond de ses entrailles, ondes musicales sveltes et liquides (ici Phil Glass répétitif) ryth­mant le corps à l’univers en une danse voulue de souplesse, une danse lente et périlleuse, au Cœur de l’ÂME UNIVERSELLE. Je ne sais plus quelle musique mettre et mes tempes brûlent, brefs incendies, brûlent et bourdonnent, tout en musique. Je lis « Le Joyau des Sept Étoiles », fable égyptienne des sortilèges, sarcophage bleu en couverture où repose la belle, paix endor­mie. Les lèvres muettes de l’espace-temps digèrent le sens des précipices, des profondeurs jamais atteintes qu’un langage muet ne peut atteindre, même un langage très synthétique mais qui n’aurait cette flamme en lui, cette flamme que seuls ont les ob­jets, toutes les présences de l’univers, qui se répètent ici-maintenant, et sans enfreindre aucune des règles nous restons libres d’élaborer le cours d’une vie la plus parfaite, la plus terrible, la magnifique, la plus MAGIQUE des vies acquises étant toujours celle que l’on EST. Ces parenthèses idéalistes ne veulent rien dire pour l’avant-garde, mais l’avant-garde passe à côté du plus vi­vant de tous les mystères. Cette présence muette et immobile joue une valse en altitude, sommet des cimes de TON ESPACE ; sommet des cils de ton regard, sommet des crimes de ton Amour, ce MAGNIFIQUE AMOUR MEURTRI PAR LA MATIÈRE DU MONDE CÉLESTE.  LA MATIÈRE GRISE DES VIBRATIONS REFLÈTE L’HARMONIE UNIVERSELLE. L’ANA­LOGIE COULAIT DE SOURCE AU PARADIS GÉOTHERMIQUE DE L’ANTHROPOS COSMOLOGIQUE. LUCIFER fut le Feu voulant l’indépendance, les femmes actuelles lucifériennes désirent aussi l’indépendance, l’autonomie jamais acquise, toujours refusée par le pouvoir-mâle. Le pouvoir-mâle incarne le MAL en ce qu’il nie absolument les évidences si aveuglantes, de toutes les lois universelles, du YIN & YANG, du CIEL et de la TERRE, du SOLEIL et de la LUNE, et toujours ces rapports de force, qui sont en fait de la faiblesse, veulent que les hommes (qui n’en sont pas) refusent aux femmes (qui elles en sont) l’égalité sur tous les plans, à chaque niveau de la conscience, et donc du plan universel. Le code génétique est profané par des mutants phallocratiques en proie aux peurs de la castration………. BABYLONE flambe à cause de cela, et de sûrement bien d’autres choses………. L’Union voulue de tous les sexes (des multitudes de sexes actuels...) sera la preuve sans autre appel qu’un nouveau monde est en train de naître, ou qu’un Âge d’Or est de retour, et chacun de nous doit vivre ainsi, en espérant cette utopie qui est la seule réalité que je connaisse par tous les sens, par toutes les pores de ma conscience, toute l’intuition de mon expérience. Je ne parle pas en tant qu’homme mûr car JE NE SAIS PAS ce que CELA veut dire. Que veut dire homme ? Que veut dire mûr ? Qui parle en toi quand tu discours ? Qui pense en toi quand tu (te)(la)(le)(les) fais jouir ??? Qui jouit en toi quand tu écris ou quand tu ris ou quand tu penses ??? QUI JOUIT EN TOI À CET INSTANT ? QUI JOUIT EN DIEU QUAND DIEU EST MORT ? QUI JOUIT EN NIETZCHE QUAND IL DANSAIT ? QUI JOUIT EN ZEN QUAND IL A LE BLUES ??? 3 heures 36 : je suis revenu... je viens de faire une heure de marche, dans cette ville dure et hostile, qui a son charme à certaines heures. Et voilà que soudain tout est remis en question. Les élucubrations de tout à l’heure font place maintenant à des problèmes dont l’envergure est à ma taille. Je me sens prêt à tout combattre, principalement cet Adversaire, en face de soi, qui est soi-même ! Ce qui est bien avec l’acide c’est que les pensées vous viennent toutes seules, il n’y a pas de temps « morts », la réflexion instantanée ne s’embarrasse pas de théories, car la pensée est un éclair qui touche au but sans nulle entrave. Oui la pensée est un coursier, fendant l’azur de ses ailes blanches, un destrier dans la bataille, ou un navire dans la tempête, face aux lagunes, aux lacs d’émeraude. Quittons un peu ce lieu poétique et naviguons vers d’autres rives………. I/ Vivre avec les gens que l’on aime... II/ Ne plus sentir ce béton froid et inhumain quand vous marchez sur cette planète… III/ L’être est seul par nature (par essence, devenir) mais………. IV/ Il faut se brancher avec les autres, communiquer ses expériences, si nous voulons vivre un peu mieux ! Ou un peu plus intensément ! Nos armes seront l’UMOUR COSMIQUE, cette énergique distanciation d’avec les choses, les primordiales, et le retour au quotidien serait cette chute dans la matière que nous refusons au nom de l’esprit, quitte à crever enfin pour VIVRE, dans une ESSENCE UNE ET MULTIPLE. Je pense que toute action véritablement révolution naire doit accepter en toute franchise les moindres pulsions énergétiques de l’esprit libre et anarchiste. Que d’autre part cette anarchie est célestielle, qu’elle se situe dans les étoiles, dans un mouvement interne en l’être qui COMMUNIE directement avec les forces les plus sacrées de l’UNI-VERS qui nous entoure et dont nous sommes les constituants, au même titre que les ani­maux, les végétaux ou les cailloux. Que l’ÉNERGIE FONDAMENTALE DEMEURE LE SEXE ET LE RESTERA, CET ÉROS LIBRE QUI NOUS DIRIGE ET QUE LE MAÎTRE DIRIGE EN LUI COMME LES ANCIENS CHEVAUCHAIENT LE TIGRE………. LE CENTRE DE LA VIE EST DANS TON CŒUR. QUAND TU MOURRAS TON CŒUR VIVRA, TON KA, TON DOUBLE, TON UNIVERS, TA PARCELLE D’ÂME DANS LES ESPACES, DANS LES TÉNÈBRES LES PLUS PRO­FONDES SEMBLABLES EN FAIT AUX GALAXIES, ET LE VOYAGE DE TON ÂME (((QUI SE DISSOUDRA ÉTERNELLEMENT COMME ELLE SERA ÉTERNELLEMENT))) COMMENCE MAINTENANT, DÈS AUJOURD’HUI. CHAQUE SECONDE EST UN SIÈCLE. CHAQUE MOT EST UNE BOMBE. CHAQUE SOUPIR EST LE ROYAUME OÙ LE SOUFFLE S’ÉLÈVE VERS LES DIEUX LES PLUS HAUTS, VERS LES DIEUX BIENVEILLANTS QUI PRÉSIDENT À NOTRE ÊTRE. Un tel discours en Occident, est tenu pour « schizo-phrénique ». Laing et Cooper ont bien montré (voir les travaux de Bassaglia sur le concept de NON-FOLIE/ NON-PSYCHIATRIE) que toutes ces pulsions « imaginaires » activent un processus de la mémoire phylogénique, et cette mémoire phylogénique, que Gilbert-Lecomte connaissait bien, recoupe intérieurement les connaissances plus antérieures de vies passées et oubliées mais que le corps a conservées, impressionnées sur sa matrice. La ma­trice-mère nous mit au Monde et nous voilà donc dans l’Espace, à une place déterminée, prêts à subir ou dominer une existence plus ou moins belle. Toutes les angoisses ne sont que des reflets de notre peur de l’existence. Un homme rebelle, prêt à se battre, mènera une vie large et distante, en affranchi, sur tous les bords. Il se tiendra en ÉQUILIBRE comme l’OUTSIDER le plus étrange, si étranger à cette Terre que les êtres nient ou bien ignorent. Je crois que le plus bel hommage que l’on puisse rendre à cette planète, à cette matrice qui nous fit vivre, à cette VIE qui VIBRE EN NOUS, qui EST EN NOUS ET QUI EST NOUS, c’est de FAIRE L’AMOUR le plus souvent et FAIRE L’AMOUR ne veut pas dire n’importe comment, n’importe quand. CAR FAIRE L’AMOUR C’EST ÊTRE AMOUR ET SE LAISSER BOUFFER PAR L’AUTRE, SE DÉPOSSÉDER DE SON EGO, DE SON PETIT MOI BIEN ÉGOÏSTE, BIEN RIDICULE ET BIEN MESQUIN. FAIRE L’AMOUR ÉTERNELLEMENT COMME INONDER TOUT L’UNIVERS DE CETTE FRAÎCHEUR BLANCHE ET LIQUIDE QUI VOUS EMPLIT COMME UN GRAND SOUFFLE ET FAIT REVIVRE LES DIEUX COSMIQUES DANS NOTRE ÉTREINTE LA PLUS SUBLIME. Il existe un Tantra pratiqué sous acide, il existe une manière de rentrer DANS les choses en étant démuni du bagage rationnel (si lourd et si pesant), et cette façon de pénétrer tous les ARCANES de la NATURE c’est de RESPIRER et de S’ÉLEVER avec le REGARD DEDANS SON ŒIL. Renversement de la conscience à l’intérieur de la conscience qui se dédouble et se voit faire, hum ! la malinne !, l’Umour Cosmique vient donc de là, de cette VISION SI ÉVIDENTE (RÉVÉLATION MÉTAPHYSIQUE DE L’ABSURDITÉ FONDAMENTALE)... cette Évidence que TOUT EST VIDE………. que nous faisons du ZEN sans le savoir quand nous restons dans cet état : abolition de tous les états, vibrations blanches et LUMIÈRE BLANCHE, Claire Lumière du BARDO-TODOL, VISION ULTIME DE LA VACUITÉ ; CHAQUE ÊTRE EST VIDE ET TRANSCENDANT. Les dakinis sucent ton courage et tu leur suces aussi la moelle, nous nous suçons si goulûment, elles adorent ça, elles sont ravies, ces dakinis de l’outre-monde. Danse des incubes et des succubes, matières premières des énergies, bases des chakras, fleurs de lotus. Toute une époque était branchée sur la mystique d’Extrême-Orient. Mais maintenant on se rend compte que tout est déjà dans le cerveau, dans notre corps, au plus profond. Point n’est besoin de voyager car le Voyage est IMMOBILE. OUI LE VOYAGE EST IMMOBILE ET LA LUMIÈRE EST IMMOBILE ET DANS LA VIE IL Y A LA MORT ET DANS LA MORT IL Y A LA VIE ET DANS LE REGARD IL Y A L’AMOUR ET DANS TON ŒIL EST L’UNIVERS ET L’UNIVERS VIT DANS TON CŒUR ET TON CŒUR BAT DANS LES LUMIÈRES DES GALAXIES DE L’ÉTERNITÉ QUE JE VISIONNE DANS MES CELLULES QUI NE SONT PAS JE MAIS NOUS VOUS ILS... QUELQUE CHOSE D’AUTRE (ben v’là aut’chose !).

Je pense que Rabelais avait bien VU L’ÉNAURMITÉ de la situation, situationniste avant la lettre, et Jean-Louis Brau un jour me disait…… mais je ne peux pas vous le dire ici... chut ! top-secret ! confidentiel ! et Jean-Louis part en Amérikkke pour la se­conde partie de son « Singe Appliqué » et aussi parce qu’il en a marre de cette Europe vieille DÉCADENTE, croulant comme une immense POUBELLE qu’en aurait VU D’TOUTES LES COULEURS !!!...................

Il est 16 heures 28 minutes : Daniel Giraud vient de passer. Nous avons bu un thé, et discuté très tranquillement. J’écoute un peu d’Éric Satie : musique « facile » qui me repose, une musique fluide, légèrement froide, paysages tristes d’un soir d’au­tomne………. Mon corps s’est remis de ses émotions, l’esprit vacille encore un peu, semble flotter, paisibles nuages... Les bruits du dehors ne me gênent plus. Car si le calme est au dedans les bruits s’estompent naturellement. Il y a une paix après la « mort » (l’Initiation Sacrificielle) mais on ne doit pas en rester là ; il faut sans cesse changer de cap, ouvrir des brèches dans l’horizon, fouiller les terres de la conscience, explorer l’ombre et la lumière, implorer Dieu et le Silence, la Fin du Vide, Éternellement...................

Je fume alors une cigarette et mon plaisir est très intense. Le moindre instinct est sublimé (en ne refoulant AUCUN désir, au­cune violence, aucune terreur) mais j’aimerais sentir ta main contre la mienne en ce moment. Je sais bien sûr la solitude, inexo­rable aux êtres humains. Mais le fleuve du temps est si rapide que je voudrais une fois encore, une dernière fois, la première fois, te dire ces rêves intraduisibles, ces vibrations si merveilleuses, qu’ouvrit un jour la Clef des Songes. Il n’y a pas de réalité. Il y a mille réalités. Tout est sacré, tout vit, tout vibre, et le respect est une jouissance que teinte la tristesse de re-trouver l’Autre…..

Film au carbone dans ta mémoire coulant lentement entre les strass du prochain mot à jamais dit, ces chuchotements de la conscience quand elle se fond entre tes gestes, cette voyance rare des privilèges d’une hauteur incomparable ; descente aux gouffres dans les abîmes d’une si sublime vivisection, creusant les nerfs de chaque instant où la souffrance deviendra blanche, polie comme l’oz sous la marée, comme le galet lavé de pluie et qui incarne le devenir, temps statufié et immobile dans ce vi­sage resplendissant, ombre des mots, des faits, des gestes, ombre à jamais là étendue, planant sur toutes les hémisphères ; sur toutes les fosses-visions du monde, seule à jamais dans cette étreinte où la mort blanche se mit à genoux, versant des larmes dans la fontaine, baignant ses cheveux sous le soleil, la cavalcade des chevaux sauvages faisant vibrer toute la Camargue, et tes cheveux d’or dans l’eau finale sont comme les blés des retrouvailles, des noces obscures de DIONYSOS, héros lyrique, parfois tantrique, et toujours beau, toujours fidèle, où le regard est de jasmin et où l’amour brûle en dansant……….

Ainsi la nuit vient à descendre après ce Voyage d’Inconnaissance (mon vingtième trip depuis sept ans ???)/ les microgrammes évaporés dans les souvenirs que trace l’aurore / quelques visions encore maintenant persisteront jusqu’aux entrailles, jusqu’aux tréfonds de la connaissance que je peux avoir du Vrai/Réel. Et si tout cela ne fut qu’un Rêve ? Un rêve réel, bien entendu……….

 

 

 

 

 

 

 

 

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