LUCIEN
HUNO BADER
MALADIVES
1
Distance agressive des formes à l’échéance de la mimique
Médisance cosmopolite aux formules elliptiques
Limites sacrilèges de l’être
touché du bout des doigts
passé à l’éprouvette
judicieusement manipulé dans l’étouffement-délire
Silence à brûle-pourpoint
à la périphérie de l’Identification
Tremblement
Vertige entretenu
Zones égarées de la vacillation
Mouvements somnambuliques disséquant la lumière
Pénombre expérimentale
Laboratoire secret —
2
Bruissements d’élytres
mes doigts écrasent des insectes venimeux
mandibules de chair abdomens de feu
suçoirs glacés vrillant mes veines
antennes bourgeonnantes vidangeant ma tête
fouillant chaque repli pompant l’énergie
multitudes d’araignées m’enjambant
criquets révoltés discourant dans la nuit
langages étranges fusant de toutes parts
facettes roulant des sphères multicolores
le long de mes paupières crépitements
guêpes enragées en mes reflets vitrifiés
cherchant une issue entre les yeux
Bruissements d’élytres
une langue immense rampe dans ma bouche
et de son dard dressé m’inocule le silence
4
La pensée schizoïdale a jailli d’une
source intarissable
et les yeux des nébuleuses se sont allumés
dans l’euphorique
crépuscule ni soir ni matin où des créatures transitoires
agenouillées depuis le commencement du phénomène
demeuraient
ainsi humiliant l’éternité les mains piétinées
sur un chapelet
sexuel
Vanité céleste du songe tombé de leur bouche fascinante sous
forme de glaviots sacralisés giclant sur l’interminé charriant
la pensée humaine d’étoile ensemençant
le vide et
ces endroits les plus reculés du cosmos
où la pupille voyage
avec l’incommunicable désir de se cacher
définitivement —
6
J’agite des yeux lourds de rêverie
qu’une vie interne brûla sans répit
au tison des mirages dressés sur la nuit
aux enfers du sommeil sublimant l’ennui
non, je ne suis pas ici pour faire des rimeries
ni des poèmes pour tromper le temps
avec chaque seconde, orgasme éphémère
Je suis là pour toujours malade
monstruosité mentale à exterminer
l’abîme m’entraîne dans ses vertiges
avec mes ulcérations derniers vestiges
Je suis là pour me confondre et rire
de cette charogne sans apparence
qui gît sur un brancard céleste
que nul ne porte tant elle empeste
9
ce vêtement tendu dans la phosphorescence
et ces moignons
obscurs dressés vers des abysses haletants comme
une étreinte
future
ces ossements visqueux de cigarettes exécutés
pour affronter
le temps et ses sécrétions bilieuses
cette chair plate et insondable offerte sans
gloire
ces choses sacrées qui occupent les mains
ce feu où chaque geste se consume jusqu’à
la racine
ce besoin de toucher pour démentir l’hallucination
Cette destruction.
10
en moi l’espace noir
le jeu sans fin des trappes
les oubliettes tactiles
les pièges de la mouvance
en moi l’espace du doute
la distance des rires
fantômes hilares
allant et venant
m’entretuant
JE SUIS LA RISÉE DES OMBRES —
14
que rien jamais n’arrête mon élan
mes envies simplistes mais furieuses
mes suicides instantanés
sous les averses laquées de feu
sous les glaces brûlées de vent
... PASSONS
que rien ne m’oblige à vivre
face à ces regards bouche-trous
ventouses à serrures chimériques
... PASSONS
que peut-être le manque m’habite
que peut-être une foule en moi
fuit les foules
que peut-être une foule dispersée
une foule désertée
que peut-être un fou en elle
me fuit en moi
... PASSONS
que peut-être je me moque du ciel
tombé dans le traquenard de tous mes yeux
tentant — le lâche — de s’enfuir par les toits
mais passons
passons
passons
j’ai sûrement vécu dans un rire suintant
lancé sans but
immense ricanement projeté sur ma face
dans le miroir incandescent de la narcissique
morbidité
passons
j’ai ô que sûrement émis une phrase quelque
part
avant
loin des crissements paperassiers
des grattements de tous genres
gratin encéphalique bouillie cérébrale
... JE PASSE
que peut-être ce diable de silence m’emporte
le relent me nomme quand l’écho me ravale
faute de crachoir
mais passons
passons sur l’Univers
dernier recoin de mes scrupules
... J’AI ENCORE OÙ COMMETTRE —