JOSÉ GALDO

 

DYNAMIQUE DE LA MORT

 

 

Au clavier d’os

dialogues

prothèses

mâchent flashent comme mangent

métalent l’œil

rotent et sombrent dans les échos répercuteurs du sang

sangle et fard

trappe et eau

comme bras caténaires de l’ange heurté d’une langue qui traverse la tête au sceau négateur et de l’incrustation suspendante des étaux de la séparation...

 

Bouche détachante du non-retour

mange

salive

grise

et vide...

 

Buteuse

mâchoire au legs famélique des têtes dans le rougeoiement braisé des fers et cramant la face dans l’irrémédiabilité du vacillement agonique et râles de chute à sommeil

comme ultime parole gargouillante...

 

Sous le feutre lacératoire du silence les griffes de fureur n’ont déchiré que l’air vide de la chute d’un abîme en l’autre sous le cancer fermenté des consciences où l’ancrage de la purulence s’est faite au corps entier en une longue trace de consumation dont les vaisseaux comme des crânes chauffés à blanc

à blanc

de l’ombre ouvrant mines sapes et vacillement et où l’or se double en sable entre les vitres viciées de l’opaque...

 

Dans cette convulsion carbonisante le détaché demeure inexorablement durci et aveugle dans ce qui défait au spectral des révoltes absolues...

 

L’horreur capitale

s’exprime et transpire par tous les pores et toutes béances noires de la vie humaine pour s’échouer et se déchirer dans les eaux du corps qui ont perdu le sel des grands transbordements...

 

Au défiguré des rites noirs de l’enterrement

livraison des morts à l’effroyable succion friande

comme l’énigme bien plus lointaine que l’agrippation au couvercle du cercueil refermé

et dont l’horreur figée qui en reste dans le cadavre est plus que simple manque d’air...

 

Dans la prostration éternelle de la nuit où l’ombre profonde moule des corps

qui s’en déboîtent

et

qui se jettent

en danse transe

les os

crèvent la chair...

 

C’est l’exténuation

le passage

le mortel...

 

La marque de l’amnésie de l’arrachement des matrices

cette excroissance

agitée et crevée qui fait histoire...

 

Et dont le contre

est l’ombre nue reflétée de sa fin avec en plus l’extrême ténuité veule du mange d’une parcelle à autre avec l’appétit sans fin dans le continuel retour bavé en toutes choses au vomi de ces choses...

 

Du tourment et de ses tenailles insectantes au relèvement des enterrés faisant ligne d’horizon dans l’infini limite humaine pour en libérer la larve sous-jacente...

 

Dans l’équilibre bourbeux des chairs et des nerfs où à force de tomber et de chutes en avant

— on marche.

 

 

 

Photographie : Claude DUPITIER

 

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