PIERRE DHAINAUT

 

PÂLE INCESTE (EXTRAIT)

 

 

peau meurt

 

 

on sort, on n’en sort pas

 

dents veules os sales

et çà rous se

gave

 

 

on tarde, on travaille, on broie du noir sur du blanc

 

s’ébroue se noue

 

de corps

en cordes

 

 

on jette l’encre

 

un peu d’air cependant

 

 

lourd las     poussière

 

on pousse

 

 

évidemment

de mirage en ravage

 

et l’interstice entre ces phrases, aucun silence, il défaille, il tenaille

 

entre ombres

 

on tâte, on se touche, on attend

 

 

de bâche à tâche

de mains en mains de bouche à bouche

 

 

on tète, on tord

 

du temps du vent gras vide espace

 

on marche

 

 

valve, une peau flasque écrasant la peau, des doigts ne lisant que des doigts

s’exhale exoude

un petit bruit mi-rat mi-râle

 

enceinte, elle maintient de tout son poids la durée

 

soulève exhibe ensevelit

flancs sur flans paupières sur paupières

 

 

neige et suie jour et nuit

 

 

sang ovaire

de trace en tentacule

bute

un autre côté l’autre         et la même

écho se                                          répercute

 

 

aigre rire

inscris sangle et ressens

griffe

 

un coup la crève, un point, tout serait dit, pour l’envoyer en l’air

 

haletante haletante et pourrie

 

mais non, puisque je suis sa vie, ma blessure, à l’affût toujours

 

ma mort                 qui tire

hors de mes mots les mots

sans fin la nourriture

 

il est temps, chacun son tour

 

 

tête

 

 

à terre

étau de l’horizon

 

 

membre

 

au ventre

 

en coupant court, de mettre à bas

 

qui m’a qui m’a mis

dans le secret dans

 

suinter, me taire, écrire, écrouer, alors qu’ai-je fait ? trou juste, et cette phrase à ravauder, pour de bon

 

des yeux immenses un souffle rauque

 

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