DIDIER MANYACH

 

L’ASTÉRIE

 

 

Autour de la roue

déchiquetée par les dents du cœur

 

Dans un coin de chair

 

Immobile le dos contre la proie

les pans du Manteau rabattus

 

sur un Être marqué aux fers rouges.

 

Descendu jusqu’aux palpitations mêmes

du vide face à la muraille noire

 

où s’inscrit l’empreinte du chaos

 

là où la Vue pénètre dans sa corolle

lorsque le ciel verse sa coupe de sang

 

dans la lumière qui brûlera à midi...

 

Bouillonnement d’ombres dans les cendres

dispersées sur la Robe empourprée

 

de la substance glaciaire

 

comme un masque à l’orée des gouffres

brisant les rayons des yeux

 

dans le puits où palpite la dernière pierre.

 

Signe qui bascule entre le cercle & l’Être

quand les attractions de la lune

 

et du soleil s’ajoutent

 

quand les astres se contrarient

à la morte-saison devant les aires de noces

 

quand nous disparaîtrons dans la quadrature !

 

À l’intérieur du carré mental à la dérive

rosace d’aigles et de Figures éteintes

 

des trombes d’eau plongent la terre du mal

dans un creuset de brise-largues

 

Éolithe taillé dans la boue des âges

là où l’Invisible fut sacrifié à la Présence

 

lorsque les vents contraires creusent des galeries

sous les décrues barbares...

 

& dans les aurores de nuages nacrés

où se transforme en nébuleuse la lumière

 

qui décercle la mort

 

s’éloignent les sphères du Printemps

arc-en-ciel passé au crible des Époques.

 

Au centre des espèces détruites

enroulées autour du crépuscule

 

comme la spirale de l’exode

 

la substance mutante s’est figée

dans les glaces du chaos...

 

Le Réel a rejoint le spectre

 

le temps l’éternité la chair et l’âme :

d’autres migrations s’annoncent

 

pour fuir le nom de l’enfer

 

découvrant son visage

dans l’épave en feu du monde

 

précipitant le corps

 

dans l’or des heurts

sur l’enclume de la cruauté

 

quand s’effondre sous le crâne

le cristal de la pensée.

 

Alors dans l’aveugle couronne

se lève un astre de chair

 

entre les dents de la Matière

 

& l’astérie couleur de chienne

remonte à la bouche comme une eau de mer...

 

Le destin révolu dans les ruines

l’écho au-delà des parois

 

et l’empreinte des pas contre la porte battante

l’errance des os sur les sables

 

jusqu’à l’éclipse totale.

 

Mais à l’intérieur le Poto-Mitan tète

crève la surface de la momie

 

et la Voix dont chaque face est un miroir

se brise sur les roches

 

réfléchissant la Langue

jusqu’à l’infini...

 

Signes noirs relancés

vers leurs successions originelles

 

quand tout s’éloigne sur la terre...

 

L’Espace s’est retiré :

 

au-delà des voûtes

et des masques scarifiés de la parole

 

jusqu’à l’épicentre

dans l’obstacle même des plis

 

sous la tiare d’argile

où perle l’eau rouge

 

comme une voile qui bat

sur la tempe du sol

 

jusqu’à obscurcir l’initiale surface.

 

Regarde :

 

À l’Est il y a une montagne blanche

blanche comme la conque

 

Au Sud il y a une montagne rouge

rouge comme le corail

 

À l’Ouest il y a une montagne noire

noire comme le fer

 

Au Nord il y a une montagne bleue

bleue comme la turquoise

 

mais l’Espace s’est retiré...

 

Il ne reste que le corps

et la demeure de l’enfer

 

au-delà du cosmos et des antres du sang

 

le dos contre la tombe

et le chant lointain d’un fleuve

 

sur le chaos des pierres.

 

Immobile voyage à l’intérieur

jusqu’aux confins de l’inorganique

 

dans l’ovale substance

 

au lieu d’étoilement

où la terre prolonge l’Être...

 

Jusqu’à l’horizon

 

les sphères du Printemps s’éloignent

et Vivre ne reviendra plus jamais

 

Oiseau de la Langue

 

pluie d’étoiles sous les pas

de celui qui marchait dans les cendres

 

Étiage sidéral.

 

Il a joué aux dés

le Manteau de sa vie

 

entre dunes & montagnes

 

IL brûle quelque part dans les braises

ou sur le dos d’un autre Être

 

et d’un autre âge

 

mais il ne reviendra plus...

 

Il ne reste que la steppe et la horde

dans un paysage sans Printemps

 

le masque blanc devant moi

comme un signe dans le pandémonium.

 

Les traces de l’exode à venir

une allée de Lions sur le rivage

 

Sidéral Étiage.

 

... Puis l’ordalie des Corps

par les cinq Éléments ...

 

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