PAUL NUIAGE

 

L’ADOLESCENT BLANC

 

À tout ce qui participe de la transe.

Jean-Pierre Espil

 

 

 

 

I

ADOLESCENCE

 

 

 

 

 

Un ange blond et pâle passa dans le vent, engourdi et sublime.

L’enfant courut vers son destin de neige, plana longuement sur les noirs paysages, son aube au vent claquant, et finit absorbé en horizons de nuit.

Il coule, navire empourpré comme un cygne blessé.

Il coule, et retourne aux confins des sentes embaumées.

Il songe à son adolescence des nuits de sueur. Des nuits vers des confins sans bruit.

Planage mystérieux des papillons de nuit.

Il remua lentement ses lèvres.

Lentement. Langoureusement.

Il apparut en adolescent embué d’un suaire invisible, image de la mort.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ô fureurs errolées des Pérous exangues, barcarignes sublimes et cascades informes, exigez je vous prie des cantiques rapides, aux chants sans cesse à l’ombre des cheveux d’autre Hélène

Mourir et qui vous dit de quelconque demain

À la beauté s’harrasse d’une certaine chasse

Permettez aux milieux de faire de demain des casques d’or rangés aux masques des repères

Et la voile se déploya sans heurts, tel acariâtre papillon de nuitamment figé

 

Mourir au soleil ivre d’alcools de riz plaqués et répétant sans hâte de givres cimeters

Mourir aux boréoles cortisone de riches et se déridant à jamais

des portées manifestes

manifestement décidées

comme telles

 

Au début fut la vague, instant sublime des paysages bafoués, nouée de sépultures

Abjura son néant de chair et d’eau

Erra aux crevasses sans but précis poursuivie en cela jusqu’aux marches des cloportes

Ce qu’il y eut :

Des Rimbaud solitaires se mirent en pages

La page désormais incomparablement vierge se goûta de revendications

Des troubles mercenaires s’insinèrent de fait et l’on ne put endiguer un grand remous de peuple

Des acclamations surgies de ventres nus abravaient la paix des cathédrales (grandes centrales catholiques)

Pour en finir la vague resta seule, consciente et dédaigneuse

Réciproquement en des dieux de carton la poussée du désir fut telle qu’en craquèrent de mort des éventails d’étoiles

Raflèrent enfin de nouveautés carignes, morciflage endetté des cantiques badins

Ma qué, j’étais de mort et la vie a jailli, entraillée d’épiglomes silencieux

Mais du plafond d’étoiles a diffusé soudain, à coups d’éclaboussures, de rampes cyclomores

La vie n’était jamais qu’avant

De grands remous de terre applaudirent, enlevés des marques du prophète

Et la mer seulement, immense page vierge, aux vus de ciels d’hommes, soulevante et pulpeuse et si triste de cils écumeux

La vague-particule, hérissée de caresses, agacée sur le parme et ridée d’hémicycles douteux, s’enlisa abondamment pour ne revenir qu’à la poussière d’or des scarabés

Et l’Océan sans voix, aux dents de rouge abord, s’évinça aux regards des Castille sanglantes

Pour moi je crus rester au port, sans voir de l’alizan la funeste parole, rouge vif

Pardés de gros Indios, tams-tams énamourés des vertes bartignoles, des lianes s’égaraient de furie vierge en forêt vierge

Pour que tout fut Silence, idiome à l’infini

Pour que la mer aboie, silence des silences, gaspillage nocturne et creuses vagabondes

Abonde, vague, et te tais, morgue et simulacre aux bouges nés du Sud

Opium, des sans-fusils, crispation des galènes, abondance charriante des rapides bagués, amour des cent fœtus, avarice des maëlstroms dépecés, boccages ribambelles des plus hautes saisons, gaspillage anhydride, furie audacieuse

Tout me fut livré en témoignage de l’Homme, descendant et petit-fils des fleuves

Le rive cependant n’en finissait pas des tropicales lumières, des questes des futurs brisans, rivelles fleurs serpentines, agaceuse et gigotante des singes hurleurs

J’avais soif, il est vrai, et longtemps crus en rives illimitées

poissonneuses

foisonneuses

rives tout en remous

remous embarqués de fleurs et fleurs des grandes brises

 

Je fus marin à pourfendre la vague, exemple de mort

 

Au ciel criaient des rêves

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai bien conscience maintenant de deux vies se jouant

L’une

celle que j’ai connue, supportée

L’autre

celle des horizons morbides, avec parcimonie.

Malgré tout j’aurai souvent rêvé au bord des lianes, au bord des fleuves aigres-doux, ensorcelés.

J’aurai rêvé aux déserts à venir avec

dans l’immense non-floraison des sables une Certitude.

Sérieusement m’avaient brûlé des soleils, des cierges (sur chaque grain de sable un seul avec des enflammures).

Aventure des bouts des mondes, exorcisme ignomineux. Vents capables de tout, des plus hauts faits, des plus bas nivellements. Sainteté des gestes incestueux.

Je vis venir le vent avec son goût de cendre, incrédule.

Incrédule, ma route à suivre, trop droite, trop vite tracée, infestée de mariages et de médailles du mérite.

J’en rapportai au sable, comme témoin de mes rixes internes.

Au vent, meurtrier des sables.

Je m’encolérai, pour enlever tous les suffrages.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Savoir par cœur les galbes de la vague et ses miroirs cassés.

Par les feux de l’enfer

Par ses

Rapides simulacres.

Avoir pour ambition de saisir la flamme goutte à goutte.

J’en reviens au désert qui incendiait ma peine (les minéraux sans cassure ne purent que prolonger...).

Des républiques aux océans, je fus sur le point de couler, l’aventure prenait d’autres dimensions. Le reniement possédait celle du suicide.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au rythme fou des flots sans trêve courre ma pensée indissolublement en expirant d’horizons en lointains s’étirant violemment et rencontrant des chairs de cœurs mouillés par une certaine félicité qui tremble de paraître irréelle. Rumeurs lancinamment présentes pour celui à qui de corps ne pèse nullement mais seulement tourbillonnant des moments de tourmente.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Champs face à face, déserts et mornes croupes, onduleuses machines aux vents impromptus.

Il fallut s’asseoir pour étouffer des larmes.

Cire pliée aux recoins de la clémence le vent me fut seul guide

j’étais seul pèlerin.

Au diable les tambourins, bansacrées les farandoles, les taxes héritées.

Je m’éloigne et combien. Je tue ce qui va naître.

Me voilà reparti vers des dieux moins pédants, moins sûrs d’eux, moins classiques.

Et si je vogue enfin seul, au parvis du magique...

Reparti vers l’aurore, la pureté des sables, la mort de soi et l’exacerbation des fleuves.

Reparti, encore trop grand mot, à des travaux sans gloire, mais sans mesure aimés.

Mon rôle est de mourir, j’ai hérité du poète, mon rôle sera su quand je serai mon maître.

Ô torture du chant pour qui se dresse, immense, l’esprit terrassé, l’esprit sans voix des jours de plainte, l’esprit aux membres gourds.

Il faudra cueillir au loin des maux inconnus

Sans quoi l’esprit se détruira lui-même

Sans quoi nous qui sommes au-devant d’inappréciables maternités

Nous subirons le même sort.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

II

MAGE

 

 

 

 

 

Aux mages de l’Occident sans luxure, aux marteaux, aux vulgaires dépouilles devenues acrobates

Aux crasses amarantes, aux dorures sybilles, aux femmes syncopées

Aux nuages faciles, l’éther et sa grimace, à la fumée fantasque qui bouche nos canaux durs

À l’écorché verdâtre qui danse une sarabande

Aux loups qui pullulent

Aux sexes graciles, la Beauté à portée de la main

Aux batteurs devenus nègres, à toute la contrebasse des couloirs si grinçants

À moi-même

À ceux qui bouchent mes yeux et crachent, satisfaits

À la fin qui m’attend, apocalypse et jeu d’enfant

À l’éternel frayage et aux dieux satisfaits

 

La terre étincelante invite la forme

et la forme se plie, pour la beauté du geste.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Entre l’Orient et l’Occident subsiste la merveilleuse impression du caprice solaire.

On a tendance à s’envoler au-delà du sommeil, mais c’est faux, merveilleusement.

Arriver à l’essence de l’être, voilà la grande faucille. Le rôle est mou, les dents chasseuses et comme empoussiérées. La ferme consolation des dieux, entre univers de faillite, où se noie l’immensité, ce sont les balcons de l’amour.

Cette crue de rivière emporte mon sourire de chair, mais ai-je choisi ma mort.

Au tournant des longs conciliabules, il y a le chien à attaquer.

Il y a la merveilleuse mort des artistes-prophètes, mais moi j’essuie du gant une fonction impure.

Demain le noir sermon sur la colline tancera les hommes oublieux.

De ce bâton noueux faisons donc notre fugue, nuage des rumeurs fluides, et crions au miracle de la solitude.

Et donnons une force impulsive au poignet de l’ancêtre pour qu’il nous montre de ces vapeurs d’encens qui restent toujours notre mystère...

Applique-toi, Colline, devine le par-delà des mots ton ivresse finie

tu sauras nous y joindre.

Ô bonheur de la mer, ô bonheur du sang, joies d’écorchés comme des traces de brûlures.

Vie démesurée

Ton cercle magnétique nous achève à l’aube

Monstrueuse perle de poussière.

 

 

Un vent déterminé

avec des faces vertes

Un vent pointilleux, sans arrêt

secoue le crépuscule

Une aube de marée

dessinant sa voilure

au large des Pygmées

dénoue le pieux mensonge.

Qui peut verser encore

aux drames de la mer

Malgré l’affaire vague

on sait à qui profite

le jade des galets

À ceux bien sûr qui marchent

dans les vagues

Et connaissent des crocodiles

les grandes idées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au refoulement subit des troupes dont le cœur s’émeut correspond un important dilemme :

Lâcher le cœur à l’avant, puis plonger dans le gouffre épais qui disparaît,

Mouvoir ce subtil épuisement pour trouver du réel dans cette imagerie.

L’effort est porté avec soin sur l’entente des troupes. La cruauté d’un trouble-fête dans ce jeu démoniaque entraînerait une chute.

Imagerie, Océan, autant de mots nus, de choses belles, de cascades ensorcelées.

Fureur du caprice solaire (j’y reviens), tu ne connaîtras pas la blancheur translucide des transparentes peaux, comme une onde nocturne...

comme une vague à moi, une onde qui torture, une chaleur sans hâte, un monde de tonnerres grondant déjà, une avalanche de sourires clos, avec derrière la mer et une algue divine, mondes, mondes à l’intérieur, grinçant leur fureur au-delà des fumées, sur les plages hautes, hautes,

commence l’onde subversive, et cet emportement au-delà du supplice, une conscience en trop

des objets offerts, abandonnés des dieux, semblent nus et brillants

sous la lumière des comètes

Ô je prie pour cet avènement, pour le chaos heureux, énorme, transcendant, qui suit ma destinée, ma trace d’Homme de Vent

Je prie pour mille chutes, présentes et à venir, et ma bouche entr’ouverte, étonnée et sublime, goûte le sel des pleurs de la joie qui m’étreint.

Même tué, même pantelant, j’aurai la force de crier, de faire crisser l’acier de ma plume de sang

Au-dessus de la mort il y a ma Puissance, il y a la fureur

de mes yeux Innocents.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’avais marché dans la lumière de l’aube, longtemps, essayant de retrouver les temps de prêche et de sabbat comme une pure loi de nature.

Voici ce que je trouvai à dire :

 

Miamolegan, buste lésé, cœur humain,

avive le feu des tentes d’hommes

ils vont croire en ton nom

au mal que tu leur fais

Miamolegan, geste arabe, constructeur des dieux

rejoins la foi par des sons

et des couleurs.

 

Voilà comment je parlai au dieu

Et ma substance des yeux semblait plus belle

comme une découverte de possibilités au-delà des apparences.

Car la substance brune (une idée de moi), dans sa quête baroque, oubliait les dieux de son enfance, rejetant la folie pour la lucidité à chaque pas, une lucidité comme faisant corps avec elle, étreignant les rapaces globules de cloisons explosives.

Une substance... comme un nœud au centre du Centre... terre rouge brute, révélation de mon être subtil.

Je rêvai au fil sacré qu’il fallait séparer de la touffe noircie, que j’aurais tenu entre mes doigts terreux, violente affirmation de moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le brick-trois-morts, la rampe défoncée

sur le soleil descend, colombe,

et reste.

Le brick-trois morts, élancé et vigoureux, a de Rome parcouru la fossette, si antique.

La nuit, le jour, la nuit, le jour, le sel, la terre ont dégrafé ses flancs c’est le port qui s’enfuit.

Et c’est le port qui s’enfuit et c’est Rome qui reste et le reste ne compte qu’avec précautions.

Un pirate s’est dit : « le diable a fui la mer »

non-informé peut-être, mais pour le moins courageux, il a cru en la mer.

Mais la mer est si...

Et d’écume en écume, d’horizons en pelages derrière les nénuphars (horizons fins, illimités), il croit cacher la mer, qui s’en fout comme

du berger qui moutonne au large des collines comme

d’une fleur que l’averse aura détrempée...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le cercle magique de mes yeux trouble le long repos de nos sens. Et je crie

Exigence à l’ombre de ma torpeur comme un trouble nouveau vulgarisé.

Fatuité de nos états de service, cris de nos sens

Et lorsque le dénouement, ce sommeil sans grâce, comme une mort, m’étale sur la page nue, je m’éloigne à pas les plus lents.

Y a-t-il individu plus agité que moi ?

Forcé de nourrir les plus graves disgrâces, sybille sans joie,

Je travaille sur le marbre

pour choir dans la banalité.

 

Le vulgaire m’étouffe, mauvais cri de souffrance, le vulgaire m’étouffe, comme une maison morte.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À l’arrivée de la nuit.

 

Une sensation de bien-être, d’étonnement d’être bien. On se dit qu’après tout le monde est très loin, ô loi du confort modeste.

On sent qu’on est puissant, avec l’inincertitude de la création. Gabarit puisé de nerfs.

Le retour des âmes au pont de pierre nous écartèle doucement, et nous tremblons de renouveau.

Les Crachés ont raison d’être l’œil, qui voit la descente consciente.

Ô monde informe et désuet, crache sur la fange des papes et des rabbins, salis la modeste économie de nos cerveaux, écroule le temps qui passe.

Deviens la réponse correcte qui fait le bonheur des morts.

Il entre dans la danse et dit : « ceci pourrait être un tourbillon, avec l’écartèlement des consciences sauvages ».

Les mots ont leur couleur, heureusement, sinon il y aurait des incendies de clepsydres.

L’idée d’un vaste gâchement des mondes, qui tourbillonneraient, l’inexorable sensation d’être seul, et seul incompris.

Un remous dit : « ouvrons le sarcophage de nos gargarismes, saluons le soleil allé à la nuit et la queue des comètes si petite... ».

Enfin il y a deux problèmes : le problème qui explique et le problème qui dit. Prenons notre climat : les sarcophages vert-de-poule sont ceux qui ne s’ouvrent pas; les sarcophages à queue de comète bousculent mes ancêtres par milliers.

La différence ? La veine est ouverte dans l’un, comme la herse au poison.

Il ne s’agit que de pratiquer la séduction d’une soirée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ivresse est l’os de nos antipodes.

L’orgasme mêlé de sang atteint le ridicule.

Et l’ivresse bénie mange de ce pain étroit qui avilit le report d’inconscient.

Que passe l’ivresse et je serai ce monde de corruption.

Que passe l’image et j’inventerai des mondes.

Des mondes bien à l’os d’irrigation, des peuples où la mort semble de plâtre.

Des peuples avilis qui veulent danser leur mort, jusqu’à leur gloire.

Je serai l’un des deux, avec l’inconfort de ma randonnée. Je serai la vieille tour frivole, sens inné de ma théâtralité.

J’irai jusqu’au bout de ma rébellion, j’écraserai le sens imbu de mes larmes-prophètes.

J’aviserai ma colère de danse

de mort

de corruption

éternellement vôtre depuis le début des mondes

éternellement serviteur de vos grands gestes maîtres d’un certain endroit que je ne connais pas.

L’humeur écrase mes reins. Le guépard à l’aube se lèvera sur mes lèvres de pourpre, avec l’illusion du carmin.

Et je serai Celui qui décidera du sort des plantes carnivores, Celui qui mangera de ce pain à l’envers, à l’encontre de mes travaux d’Hercule, grande saloperie des temps reculés...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

... mange, mange, mange l’herbe carnivore, demain tu seras prêtre

danse, danse, danse, saute sur le tremplin à tout jamais élastique

écarte les substances divines, il est poison le sang qui vient désespéré,

étouffe tes murmures, éclate en cris de joie et d’écorchements barbares

roule la pierre-délire sur les mousses qui disent de leur verdeur la grande aventure,

tu seras prêtre, il est grand temps d’étoges à sacrer...

Ma verdeur... Tu es sacrée pour moi, le sexe en dit trop long, et tu restes, moi nu, époux de tes lianes voluptueuses, écrasé sur la mousse,

comme un rut...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mage du feu en rupture avec soi-même

Rêverie incandescente du ciel

Détruit par la forme et l’énormité du lieu

Tu dardes tes sentiments aveuglés de brouillard

 

Monceaux d’esclandres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La fleur géante à lourds pétales sanguinolents fait battre dans le sein des suicidés une douceur immonde de putréfaction.

La fleur charriée de feuilles en lourds remous s’écroule en abîmes d’eau noire.

Et la forêt battant la fièvre de son supplice éclate en boutons qui dégagent de l’or.

L’odeur des poulpes qui battent est forte. Que va-t-il advenir du sang des gouttes vertes ?

Elles couleront sur les reptiles en boule, au fond des vases chlorophylles.

Le mélange est parfait des pulsations visqueuses, respirante l’écorce des arbres-caoutchouc.

Les corps sont blancs d’être immergés, ô ablutions sacrées au cœur de vos pétioles.

 

ŒDÈME.

 

Poilus sont les animaux des racines.

Ils sont facilement emportés par les vagues de terre liquide.

Ils rampent dans les eaux troubles vers les calices à leur portée,

qui les aspirent...

 

... Et mon cadavre s’enfonce patiemment ô

et l’ablution énorme qui mélange mes chairs pâles ô

et mon cri distrait je suis pétri de remous et ô

je laisse aller ma mer...

Dans l’œil blanc une foule énorme émerge des gouttelettes. Est-il spectacle plus beau que l’émergence de la blancheur ?

Vagues territoires enfoncés, que l’amour qui défonce votre corpulence satinée égare en maints propos la rougeur des soleils d’eau au centre des abîmes, nous fasse nœud de branchages solides, égarés dans la sève bulleuse.

 

Apparition.

Ruisselante la glaise, elle épouse les formes de la Beauté. Elle surgit dans sa blancheur de nacre, étale à nos yeux nus et quelque peu noyés l’écœurante fixité des statues de marbre.

Écœurante l’entaille au pâle ourlet qui veut saigner la chair.

Il coule seulement un filet dérisoire, pâle, et qui va se figeant.

 

 

Le cri noyé dans sa brume de cire écrase en rouleaux confondants

toute vie

La vitre dépolie se déchire et saignent

les mille éblouissantes facettes

L’Illusion à son comble va tomber dans la mer

Il est temps d’être Moi la mort est toute blanche

Une tringle de nerfs est une harpe mobile

La boule de vibrations est au pied des poteaux

 

adieu

brisure des feux tournants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sous le tissu osseux des crânes parodiés se passe la plus incroyable histoire des jungles qu’on croyait laissées à la nuit.

Dans la fureur énorme d’une ruse voulue le Poète maîtrise ses nerfs support d’Or et de Sang.

Ô l’énorme gargouillis des couleurs qui flottent, barbouillant le visage des animaux luxuriants

Ô la pirogue qui pointe son nez dans l’écume et n’échappe jamais à notre désir de peinture

Maîtrisée d’un bras souvent sous-marin elle explore les riches luxures, pain béni.

Maître du monde et de ma noyade

Je contrôle la descente abyssale de mes chairs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le masque noir du triangle d’inconscience

petite pluie jaunâtre

demain bile rapide

accaparé par l’œil disloquant

de la mare des songes

laisse à l’horizon un cafouillis

d’oiseaux rongés de rouille

qui tressautent aux coups pulpeux

des langues de sable

 

Un masque montre à nu sa tête d’antilope

masque effilé

profil d’oiseau rongé de fièvre

Les tambours s’éloignent vers la prière sacrée

creux comme les orbites des morts

 

Abrah, abrah, semence des morts

criez tambours de peau

laissez-moi seul avec mes infâmes tentations

et mon désir de soleil

La Beauté roule dans ses pépites

je la VOIS

c’est le choc infini des lourds maillets de bois

et l’écho du désert sacrifié aux dieux

Je suis Cannibale

je mange, je bois, laissez-moi me saouler

à l’Amphore africaine

mâcher les feuilles de coca

et d’un coup sec trancher, dans un rire sauvage,

le cou des agnelets,

dont le sang chaud m’inonde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À la prière du dieu Râ

bat, bat, le soleil infâme,

roulent, roulent les tambours

aux tympans troués

La tige des os de plâtre

dieu sans nom au totem

donne son cri.

Les bêtes vagissent alentour

guettent les nouveaux-nés.

La jungle écrasée de nuit

atroce fulgure éclaire

cérémonie.

Homme, dépravé, contemple

déhanchements d’oiseaux, sueur,

sueur, fièvre de peau,

oubli

Sabbat de fuite, de nuit, de rapines

au dieu de plâtre nu

Sabbat de mots, sans suite, sans cris

sans élargissement

sans peur des yeux à raillerie

sans rouille

sans crêtes de feu à craindre

sans mort

seul un immense repos.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des crânes sous la lune démystifient le ciel

Pleure le ciel car la lune

demeure

À l’horizon des pelages endormis, chrétiens, mâchez vos ceinturons, à la lumière gaie du sépulcre poli

Il faut aller à la source du mal, ô lents affectueux

et revenir à l’aube en fracas de bravades (Étrange destinée)

Au harem sans limite il n’y a plus de fruit à cueillir

La source blafarde et dense écoule son miel à venir

Les hommes ont bien voulu de la mort

Il fallait laisser survivre

les Incompris.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La cuite, telle une pieuvre, a bourré mon crâne d’os, de débris de cendres, et de sangsues.

J’ai laissé mon crâne aller, au sens des flots nuageux, et la pluie a mouillé de cendre mon visage,

calme purulence de mes établissements intérieurs.

Je construis le mur de briques intérieur, et ma soupape en proportion.

J’éclate.

Je divague en rhododendrons, j’arrache ma lampe de soufre.

Je crache sur la rive de mes cent mille langues, de mes impudeurs imprécoces.

J’étouffe, aux quatre coins du monde en folie, j’érige ma rétine, et le jouet cassé ne peut m’atteindre de sa liquéfaction.

Je jouis à l’encontre d’Êtres de Sang (il faut les distinguer des garennes aux cent cheveux de pourpre).

 

Tu es la mort

Tu es cascadeur au centre de l’abîme voilé, la veille et le sang comme grandiloquence suprême.

Ô besoin d’être tout nu, il n’est de calme abord que ce suicide vain.

Il est de mes impostures

d’être moi.

Le goût épanoui de mes rêves subtils sur leur Souci de déconfiture.

Il marche, il va, il court, et enfin, ô champignon de mes vingt ans, renifle le trèfle à dix-sept feuilles.

Il est dedans, lui qui s’ignorait comme bête de somme, syphilis aiguë, crachotis infâme.

Il EST le rêve et la mort en-dessous.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un indigent superbe traversait le ciel à coups de balai-brosse.

Il regarda la monture écarlate qui renâclait sous lui et lui lança un rayon de soleil, comme une foudre.

À l’est partaient des respirations haletantes, comme une mer pulpeuse.

Le ciel brassait l’éclair, le rendait aux miroirs, aux millions d’êtres glacés qui criaient de douleur.

 

« Hume le ciel, se dit-il, car maintenant doit mourir l’Homme-Soleil, le Maître en ces lieux.

Je crois d’ailleurs savoir qui c’est. »

 

À coups de tambour la Voie Lactée préparait la cérémonie. Au bout d’un moment il n’y eut plus que des planètes sûres (les autres étaient chassées dans le cosmos, vulgaires dépouilles).

Un prêtre passa, brandissant un foulard de soie, fauve agile.

Une brume violette tapissait nos espoirs d’une lutte sans fin.

Il n’y eut pas de lutte. Il n’y eut qu’une trace, dans le ciel blanchi d’os, d’un hiver rigoureux.

La joie dantesque prenait fin avec l’adoration des mages voluptueux. Un chant lugubre s’éleva dans les cœurs des chiens, ponctué par des coups de sifflets et des battements de mains.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il n’y a, dans le ciel, qu’une traînée rouge de craie.

Il n’y a, dans le ciel, qu’un ventre énormément seul, avec des poussières de citron.

Une vulgaire fleur vénéneuse creuse mes yeux, avec moi comme seul spectateur.

Il y a la liberté enchaînée, avec sur les murs des dépouilles, des peintures sans valeur.

Dans cette conception du monde il y a le cri du chacal, et la joie du désespéré.

Ô monstres de ceux qu’on étouffe, il n’y a qu’une désespérance à détruire pour aider ceux qui ont faim.

Vulgarité des mondes, aux horizons cent fois reniés.

Monstres abyssaux, il ne faut pas creuser le sang pour la punitive leçon de mort.

Vulgarité des chutes d’hommes.

Ilôts sans grâce, Multitudes.

Affadissements lucifériens.

La foule a des travées grotesques.

L’esprit a des rebondissements inégaux.

Fuir. Laisser la chouette, son hululement hystérique.

Laisser la double vie de son rire lugubre.

On ne peut plus crier, on n’est plus que l’arbre dans sa souche, le reniement soudain au centre du centre.

On a fini de rire, car le rire est un échec.

On est seul avec sa langue, seul avec sa source.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Héréditaire, mondain, le doigt qui part à la recherche de ses adieux

La craquelure désuète intime l’ordre

Le cerveau enregistre

c’est l’Atomisation.

La fin qui s’embarrasse du jeu d’enfant des femmes

Plus pur style de gamme

N’a beau n’être que de marbre

À l’horloge il existe un minuit-douze.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ô ma Belle louée dans un cratère vrai, peux-tu jamais étreindre le cerveau de ma nuit,

peux-tu jamais comprendre les élans inconscients qui montent de l’orgasme et des élans de mer

Ô Cachée, folle Comtesse des soirs sans détresse, figée dans la lenteur voulue de tes plis

Pourras-tu écraser sans remords le rictus amer des Bouches collées à mon sang irréel (mes reins effacés d’un langage si clair tremblaient de n’en pas comprendre le sens infini)

Toi seule, avec tes yeux de perle, avec tes traces de cendre (déjà tu connaissais le feu)

Toi seule es capable de voir le lieu divin où se jouent mes prières, les sentiers irrémédiables où se portent mes pas, les culs-de basse-fosse où je noierai mon âme, s’il le faut, pour des antres nouveaux.

Ô paysages raides, pliez-vous au succès de mes lois, il le faut,

Ô mes Reines, vêtez-vous du costume somptueux des Rois, et prenez ma main de vieillard

Jusqu’aux premières marches de platine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Annonciateur est venu

a fait crever le rire des impies

renoué la Grande Leçon pour la mort

apeurée

Le Maître de l’Arbre renonce à son mérite

Est-il venu ou non ? Menacé les pierres, les rites, les sonces, retour des justes demeures.

La mort ? Une vague pour la fin.

Enfin le dôme impie, éclaté, se ressasse : le plus haut des lieux chez nous est encor fort.

Pauvres !

La douleur est très forte dans les arbres pendus.

Le soleil agarasse trois des remués.

Bien fait ?

J’aurais tendance à croire aux mânes respirantes

qui puisent à lancer aux courses des saisons

la rumeur inétablie d’un rire embarrassé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

III

POÈMES POUR POUVOIR

 

 

 

 

 

Une flaque, pointure de ciel

Menace le couvent au large de nos yeux sourds.

Grève ou pluie

la partition de nos cerveaux de diamant

éclate.

Geste nuisible à l’ennemi

qui rit.

Claquemurée, une tendresse atone,

celle du Jugement Dernier.

Que d’Or à la Flaque se coule

La Gerbe éclabousse

toute chair ennoblie.

 

L’Or, langage de l’air,

mort à toutes fins du sable

mange les langues de nos esprits

La nuit la prière se coule

de nos armoires-dormeuses

jusqu’à la dame du logis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au centre du pigeon dort un cœur de poule

un miasme dur et oisif.

L’histoire qu’on m’a contée, elle, s’enroule autour des senteurs endormies

les heurts qu’on connaît s’écrasent en douces mains de songes mûrs.

 

Dans la fête qui suit on presse l’invité

qui, avant qu’on ne le lui dise,

avait pressenti le danger.

Mais que faire ? Quand on croit à son immunité...

Il va dans son rêve et à la fin se fait tuer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rideau la fièvre

demeure à tes dents de

croquemitaine

Farouche guerre

 

En bas attend

le drame nu

Le masque blanc n’est plus

de la revue

 

Fatigue la fièvre

chevaux-tonnerre

Elle fait suite au marteau-pilon

ou au combat contre les coqs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un sens terrible est un craquement d’armoire.

Il suffit de voir la plus petite liqueur doubler de volume pour se rendre compte du chemin à parcourir.

Le courage, c’est la Vénus de Milo.

Il faut la voir, transparente, avec ses yeux peints, et les dents d’une vache.

Un jour, elle perdra la vie attribuée aux belles choses.

Encourons donc la fureur d’une agape monstrueuse, et laissons de côté la tête de la salope.

Il est dit : Apollinaire est mort, suicidé.

Verlaine est mort, suicidé.

Ils ont vécu jusqu’à la dernière bouche, en travers de la selle du dernier cheval galopé.

Ils ont la bouche sèche des champs de luzerne pendus sous des lunes folles.

Ils ont percé le MYSTÈRE DES AIGUILLES.

Ils ont juré de s’arrêter avant 40 ans.

Ils ont dit : un adolescent mort est un désir fraîchement déterré, une pousse sans tendresse.

Un esprit en particulier avait VU la vérité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Roi Joseph, au plus profond de son émoi

s’est endormi soudain

et l’or de ses paupières

battement lourd des pierreries

a perdu l’éclat dur, si dur

de ses yeux

Le Roi Joseph, roi nègre,

demeure à dénicher, à défricher, à défétichiser,

et son histoire est grave

de ne pas pouvoir autre chose.

Engoncé dans sa cave

il remue la lourdeur de son or

la lourdeur de ses jambes

la lourdeur de ses cannes...

 

... et son or qui s’en fout

et le Roi Joseph qui s’en fout

et le ciel qui va bien et qui s’en fout

et le Jean-Foutre qui s’en fout

et ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bli...

et je buvrai à la blictoire

à, à, à la blictoirisation.

Non, non, vous n’avez pas compris,

il s’agit d’un trop-plein

d’un panaris qu’il faut vider

avant qu’il ne vous vide.

Blictripation, trapèze montant en droite flèche, maintenu par des clous.

Sur l’homme, un conseil : la glapénurie.

Un peu simplet, non ?

Vous verrez, il s’agit de s’habituer.

Ega, des chœurs joyeux ?

Moi c’est Limpadosque, le cheval à trois pattes.

Et ils continuèrent à blasphémer,

Comme si de rien n’était.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Or

 

Bulle, bulle de zinc, de plomb, de feu jeté de bulles

Bulle, histoire parodiée au centre de l’astre

Cliquetis d’or massif et poli

par les années d’usage

Or, or mystique, iris de mes prunelles

billes si parfaites qu’elles sont en suspension

 

Or, clepsydre de nerfs,

gargouillis de cailloux

adoration du dieu-mage

abandon aux chairs incrustées

émulsions et pulsions des coulées flamboyantes

 

Or, ciel mystique, images en zébrures-éclairs

éclaté au sein des noirs que Dieu

a près de lui

Or, palais que des dieux pâles habitent

leurs cheveux blonds dressés en puissances meurtrières

 

Or,

appel de l’exorcisme,

coulées bienfaisantes des cerveaux occultes

emblème finement ciselé de l’Adolescent

homosexuel

 

Or,

reniement des corps et de leurs formes lourdes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Castre

 

Les morts ont remplacé les clèbes

dans les nus de nos é...

Le groupe des songes étrale le ga

et sano rapplique dans no.

L’eau des MOI surplante, à n’en plus finir,

l’étiage des go

et salit la moisson, crapulage infect.

Vote direct et libre, on laisse la soupçon et défait de nos yeux,

rime de la moisson.

Champignons de nos la, le castre éteint son œuf,

fatigue le vouloir de na bo.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les yeux baissés sur ton calvaire d’ombre

Ton esprit est marmotte

Ô chercheur dans l’Inconnu de toi

Tu ris et ta bouche, tes corps mêlés

Disloquent leur langoureuse pause

Le sommeil n’est, dans l’irréalité,

Qu’une pause plus longue

Dans l’orbite de la mort.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Foncièrement galant

 

Ottentot, le roi des torpilleurs de sacs, fâché de représailles, estime la croix venue d’être son propre bonheur.

L’agonie au centuple étate cet aspect des choses.

La charnière accouplée est un ressort infime, comme idéal du mot.

Emango, poète chilien, mort au travers d’une poutre, est là pour lubrifier le sel.

L’aspect neutre de la foule : mange, bâfre et goinfre.

Cassandre, la vieille folie, habite au premier étage de la porte Ottentot.

Elle va faire les courses tous les matins, et se dépêche de raconter l’histoire.

La Fourbe l’entoure d’un destin de prêtrise. Il n’est rien de plus faux :

L’Ottentot était étêté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pardés de rouge-noir

montés sur les toits du plus Haut

des ailes noires chevauchantes

pour tournoiement d’idées

Insensé qui tente encore d’y pénétrer

Et le poison est toujours pour lui

source de majesté

La parole montée qui s’épanche trop vite

négligente envolée

approuve

ce brouillard

en flammes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les apprêts silencieux

 

Vent

rides

tombe

glisse

 

sens giratoire

 

au paroxysme de ma

condition d’homme

la lune s’apprêtait à

descendre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et tache d’huile, dicte

les envies aux images d’inconnu

Les transes du temps et de

ma tempe éclatée

Vue la pesanteur d’huile

Un Inconnu qui s’adonnait

au rire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’homme tranché derrière la voiture ne voit que l’immense des immenses qui balance encore malgré le sang répandu.

 

La femme aux lèvres appuyées presque trop fort sent un peu l’acier froid qui pénètre son col.

Et ce serait merveilleux si la vie ne quittait cette honteuse pucelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le remords s’enfonce à perte de corps

à jamais la nuit inachevée

pleure

et le monde couvert de sa chape

respire

 

Les phares par millions souffrent d’être morts

et le monde abattu

soupire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tu sais, il n’en faut pas plus pour me désavouer.

Homosexuel et la suite pour adultes. Les hommes l’ont fait aussi il s’en fallait de peu...

J’ai choisi, j’ai choisi, après c’est trop tard. Il est libre lui-même celui qui vient du ciel. Car il est libre lui-même. Qui aurait dit jusqu’où va l’inconnu ?

Exorcisme. Exorcisme

Tique, tique, ti

les inventions

Motus et bouche

Méditation par les crêtes

Collages

Tique, tique, ti

Au gué latrines, au gué

Marseille va traverser sa route par le biais

L’extraordinaire encombrement est à quelques uns familier

Des uns le fait du libre remue encor la face.

Remue... Des uns... un peu...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et poète enfin la veilleuse tourne

le répit est sans fin

A, B, C, cracher ses mots et des vipères

toutes dégoulinantes

Œdipe est roi enfin

Mais sa conscience est inachevée

Sa conscience de roi on l’a ou on ne l’a pas

LE GRAND CADAVRE REMONTE LA RIVIÈRE

LE PETIT EST TROP BAS

Le hâleur est tout près

Il ne se doute pas qu’il ne va rien se passer

Et pourtant

dans la lune rousse pousse un sexe de cheval

La femme complètera

l’univers regardera

Un danseuse qui s’est dénudée à Hong-Kong

Dans le quartier chinois grouillant d’inactivité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sang

 

Une cerise tuée pourpre en gouttes

de carmin

des lèvres de rose

Des pétales rouges chutent lentement,

lourdes cocardes de vengeance,

sur des plaies de toros,

dans leur sang.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Orgie du regard trouble des dieux

Semonce dadaïste

Un caf’ conc’ tournant

La limite de l’improbable

 

Une sueur sur un front jaune

Élague des rides déjà pour la mort

L’infini désarme

Ceux que le linceul ne veut pas

 

Une voiture passe

Dans un circuit très grand

De gouttes bleues

 

Une autre est déjà passée

La poule pond la douceur nue

D’un œil de porcelaine

Le monde regarde

L’étonnement

 

Le geste équivoque

Donne à définir

Une politique obscène

Ou de bon aloi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le quai tourne la nuit des pendus.

Le regard des autres. Le muet de soi.

La nuit appelée. Les refuges désenchantés.

Oh, tiens ! La quille de mes jours.

Le regard perdu étincelante bave.

La nuit des pendus. Eh ! pendez-moi vos cols

Pour la mort.

Pitrerie des jours drogue des vieillards

Ribambellisée mythomanisée.

Le quai tourne...

Au retour des idées fixes, tridents et malichettes, écueil des dards désencorchants, tripailleurs, répandeurs sang et vivetés.

Élébore, bitelore, trégolore, les aiguilles sans odeur feront leur chemin dans les chairs crispées. Et pourquoi MOI devant, transparente gélatine ?

Pourquoi l’esprit dessus qui rigole et divague

et des haines des autres se moque et va venger ?

Et l’objet toujours là, indécent et putride, use le cours de ses atomes dans mon regard trop clair pour qu’il y ait la vie...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le troupeau des yeux

parle tout seul

de la roue.

Des yeux partout

en chuintements

éprouvent leur douleur.

Les vies centrifuges

mentent bel et bien

au sujet du décor :

il n’y a d’Éden, après la mort,

que si l’on naît chien...

ou croque-mort.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tête, mort, être qui sublime le ciel

Fou le roi qui s’écrase les doigts

de son sceptre

Reptile le sexe il va dans la maison

aux volets d’orage

Dedans il contemple la mort d’ivoire

et casse des objets de valeur

Il est tranquille

Le pouce levé il dort

Sa lourde chasteté de pierreries

au cou comme

s’il ne se doutait de rien

 

Puis vient l’orage : les chevaux, les chiens, les poules, les salamandres, les dogues, l’échine des maudits, le sang rouillé, la purulence, la vapeur des éclairs, l’agonie de la peur, le monstre aux trois têtes, le tueur à gages...

 

Et s’enfuit dans la nuit rouge

en poussant des cris de dément.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans mon pouls passent bien des choses nuisibles : la folie, la tendresse.

Et je suis fou et distrait à la fois ce qui me console de bien des avatars.

Ma vie, c’est au milieu de la langue qu’il faut la chercher, entre d’immenses horizons de narines offertes.

Les poils poussant à l’intérieur de ma bouche ne m’incommodent nullement, sauf pour dire des méchancetés sur les rats d’égout.

Mais les rats d’égout savent très bien eux-mêmes qu’ils ne font le poids qu’en nombre suffisant.

Les doigts coupés encore sont d’un encombrement... Et leur odeur échappe à tout contrôle métrique.

Avec des tas d’ennuis dans mon gastrique intérieur, il me semble vivre désormais avec des problèmes séparés, minuscules, mais insolubles.

Autrefois je vivais avec des boulets plein les poches, des nègres étanches et difficiles dans chaque main.

Le problème s’est étendu depuis à des miasmes sans odeur, à l’affadissement de certains glauques remous.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Poète, acclame la rigueur

de ta sainteté

Poète le fiel baveux

écaille tes tourments

d’outre-langue

 

On veut guérir, Poète,

ta lucide inquisition, en vue

d’être compris du monde

On moque, on n’a rien discerné

de ta recherche

 

On veut la construction bien raide

Poète sur ta corde funambulique

Tu crées l’attraction

On veut sur ta langue des colombes

messagères, on n’a vu que le style

 

Cependant tes images à toi

sont bien étranges

Elles pourrissent à l’infini

Les poils dans ta voix d’ombre

commencent à pousser

 

C’est le désert, c’est l’équarrissement

de l’être surhumain, de la

chance de Résoudre

Et tu te perds, tu te perds

dans le diamant devenu sable

 

Pour toi Poète, ta chance est ailleurs

Il n’est que de voir ton âme véritable

tirer sur tes haillons pour rappeler de toi

la céleste envergure

Et tu diras tes messes en ton for intérieur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je dors, dans l’univers cosmique de mes reins, je dors

bizarre retenue

Je dors

Mais il faudra sortir de ce mystère tenace

comme un enfant naît à la vie

comme je devrais normalement vivre

Il y a trop de grisaille dans ma rêverie,

trop, trop, trop, enfant condamné à la source de sa mère.

Ce subtil apaisement, ce silence de mort, est pour moi une faillite

Je dors, rêverie que je voudrais maudire

tenace voyance de mon inactivité

Ah, écrire ! Faire jaillir à tout jamais cette substance brune qui m’obsède

ce cri rentré dans ma gorge

cette impuissance morne

Ma vie n’est qu’une couille

avec une peur intense de mes parents

Et cela je le VOIS en des sursauts espacés

Je ne me suis encore que très peu révolté

Mais pourquoi n’en ai-je pas la force

Grisaille des jours, grisaille des nuits,

vieilleries accrochées au regard de la lampe

Entrer dans le monde

avec une femme qui aurait des sentiments de femme

et non

une putain intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les éclatants tiroirs de mes images d’entrailles ont la douceur nue de tes paupières closes.

Et sais-tu ? Le sais-tu ?

Le monde est sans pareil, sans compassion pour le poète-chose.

Par-delà cette vie d’insouciance et de faim, il y a des jours entiers de pleurs.

Il y a le noir profond et les corps étrangers

Il y a ma nuit et son brouillard de mots

Il y a mon amour et mon impuissance,

après.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bleue, bleue, la grotte bleue des songes purs où vacillant l’esprit épuré de tout bruit esquive la rumeur qui tremblote toute blanche dans les volutes épanouis.

Le stipule regarde, penché vers son versoir, et nous sommes tout nus

dans la lumière crue

qui tournoie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les garderies sonores ont raison de mon œil qui est las de son corps,

rétine pour rétine

 

As-tu besoin de MOI, l’Insoumis du langage

que coure ta renommée, je crains l’Ange

 

Les pupilles sans raison ont raison de mon œil, œil de lapin, perlé

 

Quel langage doux avons-nous de surprendre

 

La pomme sans soucis guide

et martyr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les grandes ailes noires

posées sur les étages inhabités

remuent les combles morts

soutenus et putrides

Écrasement doux des feuilles sur l’absinthe

troublée des remords de sang

Trous dans les creux des pensées

qui chevauchent

le rythme lent des métronomes

Cris pour la nuit inachevée

à la lune qui vrille

Je désespère.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le christ est roi ! Le christ est roi !

C’est parfois, le christ,

une larme qui descend, qui se fige

en pierre des adieux

en étincelle d’autres âges

une larme qui traque la broussaille des douleurs

qui mêle ses rouleaux à l’ambre du sang chaud.

Parfois c’est la nature, les délires de verts, l’orgie désappointante

Le malheur, la vie, enfin tout ce qui court

qui rampe ou somnole.

L’enfer est descendu au plus bas des étages.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Demain, à l’heure où se lèveront

les clairons de l’aurore,

à l’heure de l’étonnante tempête

des sourires figés par le soir,

à l’heure où le corps étrange

des danseurs nus

imposera ses sortilèges

à l’heure où les rayons durs de la boule d’or massif

à coups de métal bouillant

me renverront aux chantiers de Satan

à l’heure où la cavalcade d’airain

s’ébranlera magique pour des foules craintives,

lançant l’affront joyeux

de la mer impudique

aux puritains récifs

 

Je raterai encore mon suicide.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Minute du Cadavre

 

Des chevaux rouges galopent dans le ciel noir, mais semblent ne pas bouger, comme si le sol était un tapis roulant.

Une étoile mord la poussière, des nuages s’amoncellent, très bas sur l’horizon.

Des souris, très vite, traversent des chambres, par milliers, tandis que dehors rôdent des bandits masqués.

Dans une des chambres, un cadavre rouillé attend pour se réveiller un signal connu de lui seul.

(Cependant les souris accélèrent le rythme, de plus en plus nombreuses.)

Une femme attrape sa manchette de suie et crache sur le museau du monsieur d’en face.

Les robes clapillotent, une porte s’ouvre dans la chambre maudite, laissant voir des milliers de facettes.

 

LE MORT :

Agrae adiga drup.

 

LE BOUCHER :

Un couteau, vite, je me charge du reste.

 

LA VEUVE (le visage en sang) :

Oh, ma mère, je vous lècherais bien le cul !

 

UNE INTRIGANTE :

Il a fallu que ce soit moi qui bouffe les couilles, comme si je n’avais pas assez des morpions !

(Et en effet on voit une multitude de morpions se frayer un passage entre de gros poils tout gluants, grouillante masse gélatineuse.)

 

LE CHŒUR DES MORTES (en noir, tête couverte) :

Agrae adiga drup.

 

C’est le signal. Le cadavre recommence à saigner, dans un glou-glou énorme de vampire. Une vapeur de sang flotte dans l’air, et s’insinue dans les plus petites fentes, poissant tout d’une pellicule brunâtre.

 

LE MORT :

Fachinah, fachinah, fachinah !

 

LE CHŒUR DES MORTES :

Fachinah, fachinah, fachinah !

 

Elles commencent à danser, dans un murmure d’eau chaude qui gargouille.

La chaleur est intense.

Les Mortes s’agitent dans des sortes de soubresauts rocailleux et grotesques.

Le Mort sourit, sourit, émet une sorte de sifflement monocorde.

 

LE MORT :

Fallait pas me tirer la langue !

 

LA VEUVE :

Menteur ! Je voudrais te tuer !

 

LE BOUCHER :

Tuons ! Tuons !

 

L’INTRIGANTE :

Le Partage est à Dieu. Il est condamné d’avance. Béni soit ton Nom, Toi qui me fait me branler à l’œil !

 

LE CHŒUR DES MORTES (tout en dansant une vague samba) :

Lagloirétaquipeubaiser.

 

 

Un troupeau de chauves passe en jouant à saute-mouton. Il fait de plus en plus sombre dans la pièce, et dans le noir peu à peu complet, on ne perçoit plus que le long sifflement du Mort, qui s’éteint également.

Alors un flash douloureux traverse la chambre, assez long pour qu’on puisse distinguer, outre les Mortes à genoux et comme figées autour du lit, sur le lit lui-même une grosse carapace de tortue qui a pris la place du Mort.

 

 

 

RIDEAU

 

 

 

 

 

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